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Publié le 4 Avril 2018

Roman - Editions Livre de Poche - 240 pages - 6.90 €

 

Parution d'origine en France chez Grasset en 2015.

 

L'histoire :   En 1992, à Milan, six journalistes sont embauchés pour créer un nouveau quotidien qu’on leur promet dédié à la recherche de la vérité. Ils fouillent dans le passé pour composer leur « numéro zéro » . Mais ce quotidien se révèle un pur instrument de chantage et de calomnie.

L'un de ces journalistes fouillent dans le passé et en dégage une théorie du complot qui paraît ubuesque... Et pourtant, il est bientôt retrouvé poignardé.

 

Tentation ; Curiosité suite au décès assez récent de l'auteur.

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

Mon humble avis : Un auteur entouré d'une aura et presque d'un mystère depuis son fameux "Au nom de la rose", une quatrième de couv' alléchante et un livre peu épais... Je me suis dit que je n'en ferai qu'une bouchée, surtout que les premières pages se sont tournées toutes seules ou presque...

Et bien finalement, j'ai pas mal pataugé dans ce Numéro Zéro... Alors, divisons cet avis en 3 parties :

1/ Le fond : La création d'un nouveau quotidien dont on sait d'avance qu'il a peu de chance de paraître un jour... A travers ceci et le compte rendu des réunions de rédaction, Umberto Eco montre, démontre et démonte le fonctionnement de la presse, faite pour manipuler le lectorat par des moyens que nous autres petits lecteurs ou spectateurs du J.T n'imaginons même pas. Entre des phrases toutes faites, la façon de mettre en lumière certaines infos pour en passer d'autres sous silence, la création ex nihilo d'une info ou le recyclage d'autres, bref tout y passe. On reconnait évidemment certaines méthodes de nos médias "préférés" mais on en découvre d'autres. Et évidemment, il est prouvé dans ces pages que la presse est tout aussi manipulée que son public...C'est aussi comique, qu'ubuesque que déprimant aussi, quelque part.

2/ Une réécriture de l'Histoire... Avec la théorie ou non du complot sur les événements tant politiques que terroristes de l'Italie depuis la deuxième Guerre Mondiale. Et si ce n'était pas Mussolini qui était mort en avril 1945, fusillé avec sa maîtresse, mais son sosie... Pendant que Mussolini était caché soit par le Vatican, soit par l'Argentine... Dans le but d'un retour au pouvoir plus tard pour renverser le risque communiste de l'époque ? Tous les faits marquants de l'Italie, depuis des attentats, jusqu'à certaines arrivées au pouvoir, en passant par la Franc-Maçonnerie, le Stay Behind (réseaux clandestins coordonnés par l'OTAN) sont ainsi revisités et cette façon de considérer l'Histoire peut avoir un certain intérêt.

3/ La forme : Ce roman oscille trop entre le burlesque, l'humour cynique et le sérieux potentiel, potentiel car variant selon le crédit que le lecteur accordera à cette théorie du complot. Celle-ci, pour un lecteur lambda est trop développée et trop riche d'informations (réelles ou inventée, telle est la question !?), puisque Umberto Eco démontre tout de même dans ce roman qu'il est très facile de faire croire n'importe quoi à la masse. Cela se transforme en certaines longueurs qui sont devenues indigestes pour moi et m'ont empêchée de dévorer ce roman comme je l'espérais. En fait, un tiers du livre ressemble à un roman assez léger dans son traitement et la construction des personnages et les deux autres tiers s'approchent de très près du format de l'essai... Les premières pages semblent annoncer de l'action... qui ne vient jamais en fait. Et c'est ce qui m'a perdue et me laisse sur une sensation mitigée. J'ai appris certaines choses, mais je ne me suis ni régalée vraiment, ni distraite non plus.

Les férus d'Histoire Italienne et/ou des théories du complot devraient plus y trouver leur compte que moi !

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 10 Mars 2018

Roman - Editions Livre de Poche - 349 pages -7.90 €

 

Parution d'origine (Grasset) en octobre 2015

 

L'histoire : Jean Louise Finch, alias Scout a désormais 26 ans et vit à New York. Elle revient à Maycomb, Alabama pour quelques vacances auprès d'Atticus, son père, mais aussi de Hank, ami de toujours qui pourrait devenir plus qu'un ami.

Mais voilà qu'en quelques jours, Jean Louise réalise que son monde, ou le monde, a changé. Au point qu'elle ne reconnait plus ses proches. Elle doute et est sérieusement ébranlée.

 

 

 

Tentation : Ma lecture récente de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Fournisseur : MA CB/Ma PAL

 

 

Mon humble avis : Il y a environ un an, j'éprouvais un profond coup de coeur pour "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" d'Harper Lee, grand classique de la littérature américaine depuis les années 60. Jusqu'en 2015, aux yeux de tous, Harper Lee était l'auteure discrète d'un unique roman. Il y a 3 ans, à la surprise générale, elle publie celui-ci, plus de 50 ans après le premier. Va et poste une sentinelle est la suite de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, alors qu'il a été écrit avant celui-ci. En tant que lectrice, cela attise d'autant plus la curiosité, le mystère et l'admiration quant à la création de ces deux oeuvres.  Harper Lee a donc tout d'abord créé La Jean Louise Finch comme un personnage adulte... avant de se pencher et de dédier un roman à l'enfance de celle-ci. Ah, comme j'aimerais pouvoir discuter de cet étonnant procédé avec Harper Lee. Mais elle est hélas décédée en 2016... Et de toute façon, vu sa discrétion et sa célébrité, je ne pense pas que j'y serais parvenu.

Alors, quid de cette sentinelle, qui a, d'après le bouche à oreille et les chroniques postées de ci delà déçue a pas mal de lecteurs. Soit disant que ce roman est moins bon que son prédécesseur...

Et bien je dis haut et fort que je ne suis pas d'accord avec la rumeur. J'ai tout bonnement adoré ce roman, même s'il m'a paru moins aisé à lire que l'oiseau moqueur.

Comme je l'aime, cette Jean Louise Finch, alias Miss Scout (pour les très intimes) ! En fait, je lui ressemble étrangement et énormément. Comme je me retrouve dans ce personnage, dans ses réflexions, ses rebellions, ses interrogations, sa façon de voir le monde, son insoumission à certains protocoles et à d'autres convenances !

Jean Louise vit désormais à New York, donc dans le Nord des Etats-Unis. Elle revient passer des vacances auprès de son père en Alabama, dans le Sud américain. Et nous sommes au milieu des années 50. Nord/Sud, années 50... Voici les thèmes majeurs autour desquels se développe cette histoire, dans lesquels germent les problématiques des personnages qui vont les éloigner les uns et autres. Donc déjà, ce roman est très éclairant sur les modes de vie et de penser de l'époque. Il les explique, sans pour autant les cautionner. C'est l'époque où les Noirs réclament et obtiennent plus de droits. Même si les passages du roman qui élucident ce pan de l'Histoire Américaine ne sont pas toujours simples à suivre, ils n'en sont pas moins intéressants et passionnants. Ils sont sous forme de dialogues et pourraient à eux seuls constituer une dissertation sous le format thèse/antithèse/synthèse sur le racisme. Ce racisme qui devient discrètement, au fil des pages, le sujet principal de ce roman, sujet qui va un moment exploser comme une grenade dégoupillée par certains, à l'insu des autres.

Les messages de "Va et poste une sentinelle" sont nombreux et très forts. Et curieusement, très contemporains, pas périmés pour un sou même s'ils ont cinquante ans.

Jean Louise va apprendre à regarder le monde tel qu'il est et non tel qu'il devrait être. Elle va faire la douloureuse expérience de découvrir ce que pensent vraiment les êtres qui lui sont chers, ces pensées étant évidemment en totale contradiction avec les siennes. Ses proches vont tant la décevoir qu'elle va se sentir trahie, comme si l'éducation d'Atticus n'avait été qu'un feu de paille. Car l'éducation est bien souvent éloignée d'une certaine réalité, sous prétexte qu'il faut protéger les enfants. Oui mais...Jean Louise va découvrir que pour le bien d'une communauté, on peut agir à l'inverse de ses convictions. Pour y être accepté et donc utile. Jean Louise va réellement devenir adulte en s'affranchissant de la pensée unique familiale, et surtout paternelle. Et enfin, elle va découvrir que l'on peut vivre dans un environnement qui ne nous ressemble pas, car c'est à ce moment-là que l'on devient précieux pour cet environnement, comme une chance. La chance, c'est cette sentinelle, et la sentinelle est une conscience individuelle.

Et s'enrichir de ce roman est une sacrée chance, tant pour la conscience que pour le plaisir de lecture d'un grand roman.

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 1 Février 2018

Roman - Editions Acte Sud - 366 pages - 22 €

 

Parution en juin 2017

L'histoire : Un chat de gouttière errant a élu domicile au pied d'un immeuble tokyoïte. Un jeune homme le remarque et le nourrit de temps en temps, jusqu'au jour où il le retrouve dans un sale état : une patte brisée à cause d'une maudite voiture. Il accueille le chat chez lui, le soigne et de fil en aiguille, l'adopte pour la vie. Une magnifique relation les unit désormais. Mais, un jour, le jeune homme Satoru est amené à devoir se séparer du matou. Il parcourt alors, avec Nana le chat, une bonne partie du Japon pour trouver, parmi ses amis, celui ou celle qui serait l'adoptante idéale pour Nana. Car hors de question de le confier à n'importe qui. Nous lecteurs, suivons alors leur pérégrination nippone. 

 

Tentation : Le titre et la couv' !

Fournisseur : La bib'

 

 

 

Mon humble avis : "C'est un beau roman, c'est une belle histoire, c'est une romance d'aujourd'hui" !... même si un peu triste et cruelle, comme peut l'être parfois la vie. Mais lumineuses, les aventures de Satoru et Nana le sont indubitablement.

A la lecture des Mémoires d'un chat, j'ai été un peu désarçonnée par la formule narrative. En effet, il m'a semblé que parfois, et le plus souvent, le chat était le narrateur. Ca j'en suis sûre d'ailleurs, vu le titre et les réflexions " à voix hautes" de Nana le chat. Réflexions touchantes, hilarantes et bien emprunte de l'identité féline. Mais parfois, le récit paraissait repris par les personnages rencontrés par Satoru et Nana, et à d'autres moments, j'étais persuadée que c'était l'auteure qui reprenait les rennes.

Autre petit bémol, la quatrième de couv' vente une plongée dans "maints aspects de la vie japonaise. "Quelques", oui, mais maints, pas vraiment d'accord.

Peu importe, ce roman est vraiment une belle histoire entre un animal de compagnie et son maître, en l'occurrence ici un chat, sur l'affection, l'attachement, l'amour indéfectible, la connaissance mutuelle, la complicité, la confiance et la responsabilité qui les unissent. Tout cela, à travers les yeux et les pensées d'un chat, ce qui décrit assez bien la nature féline (même s'il y a dans ce texte certainement une bonne dose d'anthropomorphisme), ce qui donne des passages assez rigolos et/ou mignons.

Ce livre est aussi un hymne à l'amitié, puisque dans sa quête de l'adoptant idéal pour Nana, Satoru rend visite à ces amis de toujours : d'enfance, de collège, de lycée, de fac. Ces revoyures sont l'occasion, pour les protagonistes, de se remémorer souvenirs et moments forts du passé.

Avant tout, "Les mémoires d'un chat" est un formidable étendard contre l'abandon des animaux de compagnie, pour le respect de l'engagement autant quotidien que temporel que nous prenons lorsque nous adoptons une petite boule de poils quelle que soit sa taille à l'âge adulte. Car le chat s'exprime beaucoup sur le fait que son maître est obligé de se séparer de lui. Evidemment, il ne s'agit pas ici d'un abandon motivé par un caprice. C'est, pour Satoru, un cas de force majeur (je n'en dirais pas plus) et l'obstination qu'il met à trouver un adoptant de confiance absolu est remarquable. A travers les pages et les dialogues de Satoru et de son ami d'enfance, il est bien montré aussi le traumatisme et les regrets éternels que peut représenter pour un enfant, l'abandon ou la perte d'un animal de compagnie par les parents (quelle qu'en soit la cause). Des années plus tard, l'enfant ressent toujours le manque de son ami quadrupède et percevoir cette perte comme un choc.

Enfin, cette histoire a l'intelligence et la finesse de présenter le chat (mais cela fonctionne aussi avec le chien...bref, l'animal de compagnie), comme une formidable passerelle entre les êtres humains. Car oui, les animaux qui partagent notre quotidien participent aux liens que nous tissons avec nos congénères. Nana le chat est un lien  et un vecteur social en puissance, qui réunira les gens au-delà de toute espérance.

Alors installez-vous sous un bon plaid, attendez que votre chat vous rejoigne et se pose auprès de vous. Et voilà, il n'y a plus qu'à lire ! Miaou !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Un monde de chat

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Publié le 26 Janvier 2018

Roman -Editions Audiolib - 2h54 d'écoute - 18 €

 

Parution en audio en janvier 2014

Parution d'origine en août 2013

 

L'histoire : Alors que sa femme vient de décéder, Bjarni, un vieux fermier islandais, prend la plume et écrit une longue lettre à celle qui aurait dû être sa femme : Helga, son ancienne voisine de canton. Au fil de ses mots, ce sont cinquante années de vie qui se déroulent, dans un monde révolu.

 

Tentation : La blogo, à l'époque de la publication

Fournisseur : La bib'

 

 

 

Mon humble avis : Me voici divisée par ce roman.  Parce que je suis très déçue, alors que j'en ai aimé l'écriture, travaillée tout en restant naturelle, avec de jolies phrases que l'on aimerait retenir et qui émeuvent, des métaphores recherchées. Avec aussi d'intéressants sujets de réflexion sur la constante évolution du monde, de ses valeurs, hélas pas toujours dans le bon sens, tout comme sur l'amour et ses prix : les choix, les sacrifices, la douleur, la tristesse, les regrets.

Mais l'histoire en elle-même ne m'a pas touchée et même si la lecture audio n'excède pas trois heures, celle-ci m'a semblé longue, voire interminable. Même si une toute petite phrase parmi les dernières surprend vraiment, et peut offrir une tout autre lumière à cette fameuse lettre. Pourtant, le mode de vie rural islandais, dans la rudesse de l'isolement et de la nature, est bien décrit. On n'y apprend par exemple, avec un certain dégoût cependant, qu'à une époque, les islandaises des campagnes se shampouinaient les cheveux avec de l'urine macérée. Beurk ! Il se dégage de ce texte autant de mélancolie que de nostalgie pour les temps passés, lorsque le quotidien était peut-être plus austère et laborieux, mais finalement, plus humain.

Certains passages, bien crus, presque écoeurants, m'ont plutôt dérangée et leur répétition encore plus, qui n'apporte aucune beauté au texte, et pas grand-chose à l'histoire, au contraire. A mes yeux, ces paragraphes sonnaient bien plus comme "graveleux déplacés" que comme "romantique déclaration".

Quant au format audio... Et bien avec les patronymes islandais, ce n'est pas évident du tout ! J'ai mis un temps fou à fixer certains d'entre-eux sur les personnages, dont certains sont restés d'anonymes figurants pour moi. Peut-être qu'une lecture papier permet de mieux visualiser et retenir ces noms qui pour moi, ressemblaient à de bizarres borborygmes !

Bref, une belle plume mais une histoire qui ne m'a ni emportée, ni touchée, ni captivée. Possible que mon attention se soit plusieurs fois absentée durant mon écoute, car j'ai souvent trouvé cette lettre désordonnée, au sens littéral du terme. Je m'attendais à "quelque chose" de beau, de délicat, de romantique et non... En tous cas, pas pour moi.

 

 

"L'homme est capable de faire de grands rêves sur de petits oreillers".

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 6 Décembre 2017

Roman - Editions 10/18 - 282 pages - 7.50 €

 

Parution d'origine en 2010

 

L'histoire : John et Ella sont mariés depuis presque 60 ans. Mais Ella est atteinte d'un gros cancer et John de la maladie d'Alzheimer bien avancée. Pour fuir le chemin de croix médical et profiter du peu qu'il leur reste à vivre ensemble, ils prennent la route avec leur camping-car, le Cherche Bonheur. Objectif, de Détroit à Santa Monica, suivre la mythique route 66. John sera le corps et Ella la tête. Ensemble, pour le meilleur et pour le pire, ils traversent donc les Etats-Unis. Devant leur pare brise, la liberté de vivre comme ils l'entendent, et dans les rétroviseurs, toute une vie vécue ensemble, et des souvenirs, plus ou moins précis...

 

Tentation : La blogo lors de la sortie du roman.

Fournisseur : Ma PAL !

 

 

Mon humble avis : Quelle belle histoire... Ni triste ni gaie, fataliste quelque part. La vie en fait. Et aussi la fin de vie. 

C'est Ella qui raconte tout au long de ces pages et de ce voyage. Ella et sa douleur qui ne sera jamais nommée comme telle, mais comme "la gêne" : son cancer, son âge avancée et son obésité, qui réduit considérablement son aisance dans le mouvement. Mais ce n'est pas une femme qui se plaint, c'est une femme qui constate et qui profite. C'est elle qui tient les cartes routières et qui décide, organise ce périple jour après jour

A ses côtés depuis 60 ans, c'est John qui conduit. John dont le passé s'est presque effacé, mais qui parfois se souvient. John qui ignore même nombre de choses de son présent, qui oscille pourtant entre présence et absence.

Ella et John forme un couple aussi banal qu'extraordinaire. Car dans leur bagage, soixante ans d'amour, de travail, de joies, de peines, d'efforts, des enfants, des petits enfants. Chaque soir, dans les campings où ils stationnent leur camping-car, Ella et John se font une projection de diapositives de leur vie : les vacances avec les enfants, les fêtes, les diplômes... John, qui certains matin ne sait pas où il est ni qui est Ella, se souvient parfois de détails précis mais futiles et d'autres fois, de moments importants ou anecdotiques vécus par la famille. Ce qui offre à Ella et au lecture l'occasion de se questionner sur la substantialité des événements qui animent notre vie... Majeurs ou mineur, quels souvenirs nous marquent le plus, lesquels survivent aux années et à la mémoire qui flanche.

En lisant Ella, on sourit, on est émue, on profite du moment présent, on est inquiet, on est bouleversé... Notamment quand, après des heures "d'absence", John se tourne vers Ella, la reconnait comme si de rien, et lui dit "Ca va ma chérie" ? On est inquiet lorsqu'à une station-service, John oublie Ella lorsqu'il remet le moteur en marche. Le cherche bonheur est le premier roman que je lis qui traite (entre autre) de la maladie d'Alzheimer. Jusqu'ici, j'avais plutôt tendance à fuir ce genre de sujet. Une erreur sans doute. Cette histoire montre parfaitement ce que cette foutue maladie vous dérobe, les souvenirs qui quelque part, constituent votre socle. Les mauvaises nouvelles et la douleur qu'elles apportent avec elles sont "nouvelles" tous les jours si on vous les rappelle. Ou bien elles tombent dans l'oubli. Ainsi, John ignore tout de la maladie et de l'état de son épouse. Ella se garde bien de lui rappeler, et elle gère tous les oublis et les absences de son mari. Son mari qu'elle aime à la folie, même si parfois sa patience est à bout et à qui elle a fait une promesse.

Certes, on peut ressentir dans cette histoire quelques longueurs ou répétitions, mais elles sont principalement dues au rythme et aux habitudes de voyage de nos deux octogénaires. En même temps, ils roulent sur des milliers de kilomètres dans des paysages le plus souvent désertiques et des villes plus ou moins fantôme. Mais j'ai apprécié ce rythme tranquille et répétitif, qui donne l'impression d'être vraiment avec Elle et John.

Aussi, je recommande chaudement la lecture de ce Cherche Bonheur, qui est avant tout un hymne à l'amour, à la fidélité, à la vie, à l'insouciance, à la liberté.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 30 Novembre 2017

Roman - Editions Audiolib - 15h54 d'écoute - 24 €

 

Parution d'origine en 1939

L'histoire : A Monte Carlo, une jeune femme de compagnie, timide et introverti, se voit demander en mariage par Monsieur de Winter, un riche aristocrate anglais, veuf depuis un an. Monsieur de Winter ramène donc sa jeune épouse dans son manoir de Manderlay. Mais, à Manderlay, il semble que l'ombre de feue Rebecca plane encore, et hante autant les lieux que les habitants. La nouvelle venue sera-t-elle assez forte pour échapper à ce souvenir trop présent ?

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib'

 

Lu par Virginie Méry

 

 

Mon humble avis est celui d'une lectrice assez inculte en classiques littéraires mais qui apprécie de plus en plus explorer des méandres plus anciens. C'est donc avec Rebecca que j'ai découvert la plume de Daphné du Maurier. Jusqu'ici, cette dernière n'était pour moi qu'un nom, sonnant tant francophone que je croyais Daphné du Maurier française. Raté, elle était anglaise !

Il y a deux ans, de nombreux billets élogieux et enthousiastes sur Rebecca ont fleuri sur la blogosphère, aussi, je m'attendais moi aussi  à déborder d'allégresse sur ce chef d'oeuvre, adapté au cinéma par Hitchcock en 1940. Un aspect thriller était annoncé par nombre de ces billets. Mes amies m'ont même parlé d'une série TV qui les avait terrifiées dans leur jeunesse !

Oui mais... La tournure thriller n'apparaît vraiment que dans le dernier quart de l'oeuvre. Je me suis régalée de la première partie du roman, qui présente les personnages, la relation de la jeune femme de compagnie (dont on ne connaîtra jamais le nom, puisqu'elle est la narratrice) avec son ignoble patronne, puis sa rencontre avec Monsieur de Winter, qui mènera au mariage. Cette partie est vraiment vivante, aussi drôle que cynique quelque part.

Ensuite la narratrice fait ses premiers pas à Manderlay. Avec elle, on découvre les us et coutumes de l'aristocratie anglaise de l'époque, ce qui est forcément intéressant. L'ambiance s'installe et devient très vite pesante et sinistre... Sauf qu'à mes yeux (ou plutôt mes oreilles, puisque lecture audio), j'ai trouvé cela rapidement lassant et très répétitif, et limite caricatural (sans doute parce que je n'ai pas su me mettre dans la peau d'une jeune mariée des années 30, qui issue d'un milieu modeste, ce retrouve à avoir ses propres domestiques etc...) Bref, la jeune épouse m'a agacée dans ses craintes, questionnements, doutes, hésitations trop récurrentes (pour moi, je le répète). A ces indécisions, j'aurais préféré de la suspicion, de la défiance. Un peu plus de caractère que de lamentation. Bref, encore un personnage que je souhaitais remuer pour qu'elle soit moins "nunuche" et qu'ainsi, je puisse éprouver quelque empathie pour elle. Les mous m'agacent !

Et puis, vient la quatrième partie de cette histoire romanesque, partie où tout bascule, où les révélations éclatent ! Et celles-ci, malgré mon imagination souvent débordantes, je ne les ai pas vues venir, même si je les attendais avec impatience. Car oui, en cours de lecture, j'ai cru qu'elles n'adviendraient jamais ! Mon intérêt redevint total, ma tension à son comble, et le suspense insoutenable par moment. J'étais donc bien dans un "policier", qui, dans cette partie, n'est pas sans rappeler la reine du crime Agatha Christie.

Finalement, je suis heureuse d'avoir fait connaissance de la délicieuse et très soignée plume de Daphné du Maurier. Pas dit que je ne renouvelle l'expérience un de ces quatre. Mais je ne pense pas que Rebecca me restera longtemps en mémoire car j'ai tout de même trop "subi" certaines longueurs et l'apathie de la narratrice. 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 22 Novembre 2017

Roman - Editions Pocket - 343 pages - 7.40 €

 

Parution en 2010

 

L'histoire : Kim Lange est la présentatrice télé préférée des allemands, et une telle carrière a bien sur relégué sa famille au second plan. Le soir d'une remise de prix, alors qu'elle fume tranquillement une cigarette sur la terrasse d'un hôtel, elle est écrasée par une météorite, ou pour être plus exacte, le lavabo d'une station spaciale qui vient d'exploser. Kim Lange meurt sur le coup... mais à sa grande surprise, se réveille réincarnée en fourmi ! Pour retrouver sa famille, elle n'aura de cesse de remonter l'échelle de la réincarnation qui est, bien sûr, parsemé d'embûches !

Tentation : La blogo il y a une éternité

Fournisseur : Ma PAL, depuis une éternité !

 

 

Mon humble avis : Un petit tour dans la littérature allemande pour une lecture agréable et divertissante +++ ! Assez drôle aussi, avec un postulat de départ que l'on trouve en général dans des livres de développement spirituel : La réincarnation.

Peu importe que l'on soit adepte à cette croyance ou pas pour se plonger dans ce roman. La réincarnation n'est pas ma paroisse (d'ailleurs je n'en n'ai pas) et je me suis vraiment bien amusée avec ce Maudit Karma, qui sous couvert d'humour, reste très respectueux envers ce concept.

Maudit Karma nous permet donc de vivre plusieurs vies, avec l'âme de Kim Lange, mais dans des corps différents. Nous passons donc de l'état de fourmi, à celui de cochon d'Inde,  de chien, de ver de terre, de vache puis de... Réponse dans le roman. Et c'est là que l'on peut apprécier les pouvoirs de certaines de ces créatures, comme prendre conscience de ceux des humains, car l'auteur développe assez bien les caractéristiques de chaque espèce, tout en s'exprimant à la première personne. Certains passages sont donc assez fascinants, d'autres hilarants ou encore très émouvants. Cocasseries, rebondissements, et quiproquos  sont bien sûr au rendez-vous. A savoir que Kim Lange, lors de son voyage " temporelo/bestiaire", rencontre aussi des "personnalités" défuntes célèbres, comme Casanova ou encore Napoléon. Sous quelles formes animales ? Surprise ! Le tout, écrit dans un style simple (mais pas simplet) et fluide, bref, agréable.

L'humour et la légèreté apparente de cette histoire originale, qui tient presque de l'équipée, sont là pour accompagner une réflexion plus profonde, dont chaque lecteur sera libre de choisir l'épaisseur qu'il veut lui donner. Car par de bourrage de crâne ni de prise de tête dans ces pages. Mais l'occasion, si cela vous dit, de réfléchir un peu à la valeur que vous donnez à votre vie, à celle des autres, et aux apparences. Aux regrets que vous pourriez avoir si votre terminus s'annonçait. A votre bonheur qui n'aura d'égal que celui que vous apporterez aux autres par des petits gestes quotidiens, ou des actes héroïques... Mais encore faut-il que ces derniers ne soient pas calculés ! Que votre bonté d'âme soit pure. Si ce n'est pas le cas, il y a toujours possibilité de progresser, Kim Lange en est le modèle heu... "Vivant" ?!!! Et le nirvana dans tout cela ? Car si vous cumulez de bons karmas, il devrait vous être promis ? Là aussi, réponse dans le roman... Mais n'oubliez pas de penser au présent et de bien regarder autour de vous, car peut-être s'y cache un petit coin de nirvana où, finalement, il fait bon vivre !

Conclusion : un livre idéal pour une petite pause cérébrale dont vous ne sortirez pas écervelés, mais avec une sacrée banane au milieu de visage et des zygomatiques bien musclés ! A ne pas bouder !

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 21 Septembre 2017

Roman - Editions Pocket - 409 pages - 7.40 €

 

Parution d'origine en 2007

 

L'histoire : Suite à une "salle histoire" Rick, américain de l'Ohio a tout perdu : son travail sa crédibilité, sa femme. Et même sa fille ne veut plus lui parler.

Alors, il prend un billet d'avion pour Paris. Là, il compte écrire le roman qui lui ronge le ventre depuis si longtemps. 

Oui, mais, la ville des lumières devient très vite obscure, dangereuse et crasseuse pour lui. Bref, il multiplie galères et mauvaises rencontres jusqu'à celle de Magrit, énigmatique et fascinante femme du Vème arrondissement.

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL !

 

 

Mon humble avis : Ce roman dormait dans ma PAL depuis 8 ans, époque où deux autres romans de Douglas Kennedy m'avaient on ne peut plus happée : Une relation dangereuse et Cul de Sac (depuis retitré élégamment "Piège Nuptial).

Bon, et bien cette fois, le bilan de lecture est flop flop flop...

Pourtant la narration commençait bien, on entrait vite en empathie avec le pauvre Rick, les descriptions de l'envers de la médaille parisienne étaient intéressantes et prenantes : les clandestins, les marchands de sommeil, les squattes loués à prix d'or, les influences de certaines mafia turque etc... C'est sordide à souhait, mais, j'imagine, réaliste. Puis, les propos deviennent un peu redondants et on aimerait que Rick se démène un peu plus plutôt que de subir.

Vient ensuite la rencontre avec la femme du Vè, Margit. Le roman semble prendre  une nouvelle direction et l'on espère que quelque chose de "grand", de "bousculant" et "d'haletant" advienne.

C'est alors que tout s'écroule, en tout cas pour moi. Douglas Kennedy nous emmène dans une voie surnaturelle, tout par à vau l'eau. La crédibilité du roman, la crédulité du lecteur et limite même son intérêt. Cette voie surnaturelle est bien sûre sans issue dans le roman et pire frôle le ridicule en plongeant dans l'inepte pluridimensionnel nullement bien-fondé ni abouti par l'auteur. Le tout parsemé d'une tentative de philosophie de la vie niveau trottoir, voire même du caniveau. Bref, l'impression que rien ne tient plus debout s'inscrit dans l'esprit du lecteur et c'est bien dommage. J'ai poursuivi ma lecture dans une espérance jamais récompensée et au contraire, bien déçue.

Et, cerise sur le gâteau... Le fameux roman que Rick s'échine à écrire tout au long du roman est finalement remisé au tiroir pour être remplacé par l'histoire que Rick vient de vivre. Bref, une fin d'un classique agaçant : "le roman dans le roman".

Donc flop, bof, plouf, on passe !

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 12 Avril 2017

Roman - Editions Livre de Poche - 434 pages - 6.60 €

 

Parution d'origine en 1960

L'histoire : Alabama, sud des Etats-Unis, dans les années 1930. Atticus élève seul ses deux enfants, Jem et Scout à Maycomb. Avocat blanc, il est commis d'office pour défendre un noir accusé de viol sur une jeune femme blanche.

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

 

 

 

Mon humble avis : Et voilà, je me suis plongée dans un grand classique de la littérature américaine, prix Pulitzer 1961 ! Et quelle plongée ! J'ai adoré ce roman. Maintenant, pas facile d'écrire dessus, vu que tout a été dit sur "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" depuis 57 ans ! Et qu'en plus, il est étudié US en classe donc décortiqué par des spécialistes !

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est paru aux Etats-Unis en 1960, en pleine période de lutte pour les droits civiques des afro-américains. Le roman est clairement un fer de lance antiségrégationniste et peut et doit être lu par tout le monde, depuis l'adolescent jusqu'aux retraités !

Ce roman nous ramène dans le sud des Etats-Unis dans les années 30. Il est intéressant de vivre trois années dans cette bourgade de Maycomb, les us et les coutumes de l'époque. Avec les noirs qui vivent à côté des blancs et non avec. Dans ce coin, les blancs sont des chrétiens "bien-pensants" racistes on ne peut plus primaires.

Trois années...C 'est ce que nous raconte Jean Louise, alias Scout. Autour d'elle, gravite Atticus, son père très intègre, Calpurnia la cuisinière noire qui fait partie de famille, Jem son frère année, Dill le petit voisin qui étrangement n'est là que pour les vacances d'été, les voisins et voisinent qui cancanent pour le meilleur et pour le pire, l'école, le Shérif Tate, le juge Taylor, Boo, le voisin invisible. La jeune Scout, âgée de 7 ans au début de l'histoire, porte un regard ouvert, interrogateur, vivant, tantôt mature tantôt enfantin sur son monde. Toutes les questions de l'enfance y passent dans un régal d'intelligence de la part d'Harper Lee pour le lecteur.

J'ai beaucoup aimé les liens qui l'unissent à son frère, à Calpurnia, mais surtout envers son père, Atticus. L'éducation que celui-ci donne à ses enfants, les dialogues qui en naissent sont en total contre-courant avec l'époque et la région. Fermeté, empathie, bonté et bienveillance, voilà l'environnement de Scout et Jem.

Et puis voilà Atticus, avocat commis d'office pour défendre Tom, noir, accusé du viol d'une jeune blanche. C'est tout le climat de la ville qui change, la peur, les regards, les menaces... Et cela se répercute sur les enfants. Quant au procès, en tant que lectrice, je l'ai lu en apnée, dans un mélange d'admiration pour la plaidoirie d'Atticus et d'effroi devant cette justice rendue par des hommes qui n'osent pas se regarder dans un miroir...

La rythme est assez lent mais il y a comme quelque chose d'envoûtant dans ce roman. Oui, il y a de la magie dedans. Sans doute due au formidable voyage en enfance racontée par Scout, une traversée de l'enfance en fait, car Scout remarque elle-même qu'elle grandit, qu'elle murit et à la fin de l'histoire, après tout ce qu'elle y a vécu, elle sent bien que l'enfance, pour elle est terminée... Sans doute avec la fin brutale de l'innocence, la prise de conscience de la bêtise humaine, des conséquences de l'injustice etc.

Enfin et surtout, c'est l'écriture magnifique, soignée à souhait mais jamais ampoulée, emprunte d'humour d'Harper Lee qui fait aussi le succès mérité de ce roman. Le coup de maître d'Harper Lee est de faire de Scout la narratrice... sauf que lorsqu'elle raconte, Scout n'est plus une enfant. Elle se souvient de ses joies et de ses peurs d'enfants, mais avec un style d'adulte, ce qui permet ainsi un langage qui ne soit pas lassant ni basique, et qui s'adresse à tous.

Je comprends vraiment que le succès de "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" traverse les décennies, car pour ma part, je ne suis pas prête d'oublier de sitôt cette histoire et ses personnages si attachants, qui pour la plus part, gardent bien des mystères, même après le dénouement.

 

PS : A savoir... Il règne autour d'Harper Lee un certain mystère, comme le mystère qui entoure des auteurs comme Salinger. Malgré le succès international de ce premier roman, la romancière mit plus de cinquante ans à en publier un deuxième "Va et poste un sentinelle" en 2015 (que je viens d'acheter !). Elle est décédée l'année dernière, en février 2016.

 

 

 

Chez Antigone

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 28 Mars 2017

La vague par StrasserRoman - Editions Pocket - 153 pages - 6.30 €

 

Parution d'origine en 1981

 

L'histoire : Pour faire comprendre les mécanismes du nazisme à ses élèves, Ben Ross, professeur d'Histoire, crée un mouvement expérimental au slogan fort : " La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l'Action. " En l'espace de quelques jours, l'atmosphère du paisible lycée californien se transforme en microcosme totalitaire.

 

Tentation : La réputation du livre

Fournisseur : La bib de Cécile

 

 

 

 

 

 

Mon humble avis : Voici un roman captivant que j'ai littéralement dévoré. Fascinant et on ne peut plus inquiétant pourtant, et encore plus lorsque l'on sait que cette histoire est inspirée d'un fait réel qui s'est produit dans un tranquille lycée de Californie en 1969...

Ben Ross est un professeur d'histoire compétant et apprécié de tous, et surtout des élèves, chose assez rare pour le souligner. Il sait capter leur attention et ses cours ne ressemblent à aucun autre cours.

Lors d'une leçon sur les débuts du nazisme en 1934, la 2ème Guerre Mondiale et les camps de la mort, Ben précise à ses élèves qu'à cette époque, seulement 10% de la population allemande appartenait au parti nazi.

- Alors, pourquoi personne n'a essayé de les arrêter ? demande alors un élève.

Ben Ross n'a pas de réponse claire à apporter à ses auditeurs. De ce fait, il crée alors comme un jeu de rôle, qui sera comme une expérience au niveau de sa classe pour faire comprendre à ses élèves le processus nazi. Les mots d'ordre sont force, discipline, communauté, action. Au début, cela amuse tout le monde mais bientôt, le lycée est proche du chaos. 

En effet, les élèves n'ont en rien pris cette expérience comme un jeu, ni ce jeu comme une expérience. Jamais ils ne se sont posé la question de l'objectif de celle-ci, ni de sa finalité. Leur réaction est saisissante, effrayante. Ils se lancent dans ce mouvement expérimental sans réfléchir, abandonnent leur libre arbitre, juste parce que c'est nouveau, que chacun y a un rôle à jouer, que l'on y promet d'égalité, que chacun trouve un certain goût, le prof lui-même, dans l'autorité et le pouvoir. Alors, le mouvement "La vague" prend une ampleur qui dépasse tout le monde, même la poignée d'élèves qui n'y adhèrent pas du tout et se demandent comment faire cesser tout cela.

Les élèves de toutes les classes, par fidélité à "La vague" transforme alors ce lycée en véritable microcosme totalitaire, avec évidemment toutes ses déviances, le rejet de la différence, le racisme, le lynchage, l'intolérance, l'intimidation, la dénonciation, les menaces etc.

Bref, ce roman est effroyable, très rapide à lire car captivant, c'est sûr, mais aussi écrit sobrement, sans fioriture ni détails inutiles. Tout va droit en but, rien n'est enrobé. Mais surtout, La Vague résume parfaitement le mécanisme du totalitarisme et démontre à quel point il est aisé de créer un mouvement populaire fasciste, dans une société en perte de repères ou comme dans ce livre, en recherche de repères, puisque les élèves de Ben Ross ne sont encore que des adolescents.

Ce roman a un peu le même effet sur le lecteur que la chanson de Frédéricks, Goldman et Jones : "Et si j'étais né en 1917 à Leidenstat. Il amène forcément la réflexion suivante : Et moi, qu'aurais-je fait à leur place, aurais-je été victime ou bourreau ? A 16 ans, j'ignore quelle aurait pu être ma réaction, timide, mal dans ma peau et dans ma tête, et déjà victime d'un relatif harcèlement moral de la part de certains de mes congénères... Mais déjà brûlait en moi révolte et colère. Donc je pense qu'à 45 ans, je ne serais ni ni victime, ni bourreau. Car j'ai l'oeil ouvert, l'oreille à l'écoute, et on ne m'embrigade pas. Ce n'est pas par moi que l'Histoire recommencera. Je préfère en baver en respectant mes valeurs morales que de m'en sortir en oubliant mes idéaux.

 

Un roman à lire, de toute urgence !

 

PS : Un film a été également inspiré de ce roman... Film que je n'ai pas vu, mais qu'après en avoir discuté avec des amis, je vous déconseille, car il perd beaucoup du sens du message, déjà en aillant été transposé en Allemagne.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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