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Publié le 26 Janvier 2012

 

Roman -  Edition Julliard - 327 pages - 19 €

 

Parution en Août 2011

Rentrée littéraire de Septembre 2011.

 L'histoire : En plein deuill, Kurt, médecin Allemand, accepte d'accompagner Hans, un ami aux Comores, à des fins humanitaires. Le trajet se déroule lentement à bord du voilier personnel d'Hans, jusqu'au large des côte somaliennes. Là, des pirates s'emparent du bateau et font des deux amis des otages. C'est donc un voyage au bout de l'enfer qui les attend, au coeur d'une Afrique aux multiples visages...

 

 

Tentation : La venue prochaine de l'auteur à Rennes + projet

Fournisseur : La bib

  

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Mon humble avis :Wahou, wahou, wahou... Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance, malgré mes deux précédentes lectures irréprochables de l'auteur. J'avoue, je suis rentrée dans ce livre peu encouragée par des avis mitigés dela blogo, mais motivée par la venue prochaine de l'auteur dans ma ville, et l'envie, cette fois ci, d'avoir lu LE livre en question avant... histoire de savoir ce dont il retourne pendant la conférence... J'ai sacrément bien fait d'écouter ma motivation...

Les premières pages, qui se déroulent à Franckfurt, se lisent très bien. On est heureux de retrouver l'écriture soignée de Khadra et l'émotion toujours juste, même si le drame s'annonce. Ensuite, je me suis heurtée à une cinquantaine de pages moins accessibles et pourtant accaparantes : les débuts de la détention des deux otages, la peur, la violence, l'humiliation, les doutes, la rébellion, la brutalité et et la violences des geôliers. Oui, j'ai été surprise, voire destabilisée par le style bien souvent distingué de ces brutes. Un langage inapproprié à ce genre de personnages. Certaines chroniques lues de ci delà m'avaient prévenue.... Oui, mais cela s'explique plus tard de façon magistrale. Le lecteur est pris dans le piège que lui a tendu l'auteur, il est les deux pieds dans le vif du sujet sans le savoir.... Dois-je en conclure que certains chroniqueurs n'ont pas achevé leur lecture.... Et c'est la où la tendance s'inverse totalement et où l'on comprend où l'auteur veut en venir.... Il ne faut pas se fier aux apparences. Un message principalqui paraît simpliste et pourtant, en prenant l'exemple de l'Afrique pour démontrer cet adage universel, Yasmina Khadra montre à merveille à quel point ceci n'est pas si simpliste. En Afrique, c'est même si compliqué de comprendre ce qui se passe, de ce faire une opinion, que cela devient une équation à multiples inconnues. Du moins, c'est ainsi que j'ai perçu le roman, et le titre. Oui, une équation aux résolutions aussi nombreuses qu'il peut y avoir d'inconnues. Dans ce livre, les inconnus sont noirs, blancs, européens habitués au confort, kidnappés,  européennes dévoués aux autres, français devenu Africain à force de déambuler à droite à gauche depuis des années, pirates ou survivants de massacres. Il y a tous ces regards dans ce livre, on peut y ajouter celui de l'auteur et enfin le vôtre ou le mien, celui de lecteur. Et chacun aura une vision différente de ce qu'il constate, juge, aime ou méprise. Oui, l'équation sera différente suivant les A et les B, le X et les XY, les croyances, la résistance, le courage, l'espoir et la définition du bonheur. Et de la valeur que l'on donne à la vie.

Il y a tout cela dans ce roman, dont le sujet est tristement d'actualité, qui prend tantôt des allures de roman intiatique, puis de roman d'aventure, voire de road moovie. On cotoye le pire des horreurs inhumaines, les charniers, la déchéance, mais on assiste aussi et surtout à ce que l'Homme peut faire de plus beau. Outre le portrait de 3 hommes retenus en otage, de l'amitié et du respect qui s'installent entre eux malgré une différence de longueur d'ondes, Yasmina Khadra parle avant tout de cette formidable Afrique où l'Homme fait preuve d'un instinct de survie, d'une envie de vivre inégalée dans nos contrées sûres et douillettes.
Dans l'équation Africaine, Yasmina Khadra vous offre deux miroirs.... Un premier pour voir ce que vous voulez voir, votre avis et vous dans le monde tel que vous l'avez défini. Et un autre miroir montre l'envers du précédent, celui que l'on ne veut pas voir, celui que l'on ne peut pas voir et peut-être pas forcément comprendre parce que notre culture nous en empêche, parce qu'il y a trop d'inconnu dans tout cela.

Ce n'est pas un livre qui apporte des réponses. C'est un livre qui incite à se poser des questions. Et Yasmina Khadra est là devant vous à changer l'orientation du miroir face au soleil cuisant de l'Afrique.... Le reflet est alors différent... A nous aussi de modifier notre point de vue, pour le rendre plus riche de celui des autres, plus juste, plus tolérant ou, au contraire, moins sûr encore ou on ne peut plus révolté. Un livre qui n'impose rien mais qui s'impose, qui accapare, malgré une fin un peu convenue (mais sans doute inévitable !). Ue histoire qui propose juste le regard des autres sur l'autre, ou de l'autre sur les autres.

Un livre où j'ai déposé des dizaines de post it !

 

 

L'avis de Gambadou 

 

-" Le poisson rouge ne peut ramener la complexité des océans à la quiétude de son bocal..."

- "Je ne vis pas sur une autre planète."

- "Le poisson rouge non plus, mais que connait il des tempêtes".

 

" Qui voit l'Afrique une seule fois dans sa vie mourra borgne".

 

"Il n'y a d'issue que pour celui qui sait où il va."

 

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 12 Janvier 2012

  Roman - Pocket Editions - 286 pages - 6.60 €

 

 

Parution d'origine en janvier 2001.

 

 

L'histoire : Mohammed a tout juste 9 ans quand son père le conduit à l'école des cadets, près d'Oran, en Algérie. Il devient alors le matricule 129. L'école des cadets est une école militaire, au règlement stricte, sévère... qui n'hésite pas à faire régner l'ordre dans les rangs avec des châtiments corporels... Mohammed y suivra toute sa scolarité, puis à l'adolescence, changera pour une autre école militaire pour adolescent se dirigeant vers le bac...

Tous les moyens sont bons le jeune Mohammed pour s'échapper de sa vie, de son environnement. La lecture, puis l'écriture... Mohammed sera officier supérieur de l'armée algérienne. Et surtout, quelques décennies plus tard, il deviendra Yasmina Khadra, l'auteur que nous connaissons. Ce livre est donc la genèse d'un auteur....

 

 

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

 

 

 

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Mon humble avis :Yasmina Khadra annoncé en conférence à Rennes en janvier ! Voici une bonne raison de sortir d'urgence ce livre qui repose depuis trop longtemps dans ma PAL. Et pourtant, j'avais été bouleversée comme rarement par "l'attentat", livre que j'avais acheté et fait dédicacer en même temps que celui ci.

L'écrivain, je l'ai dévoré.  Atterrée autant par ce que je lisais que hypnotisée et charmée par cette magnifique langue qui dit pourtant l'indicible. Comment ne pas être choquée par le traitement infligé à ces jeunes cadets, traitement déjà inhumains pour des adultes, alors pour des enfants de 7 ans, qui ne comprennent même pas ce qu'ils font là...

Et puis il y a aussi ce père tant adoré et admiré qui abandonne les siens, prends d'autres épouses et laisse la mère de l'auteur vivre dans des conditions déplorables.... Entre la rigueur militaire et les déceptions familiales, l'auteur grandit, et même si ce n'est pas un nénuphar qui pousse dans son coeur, ce n'est ni haine ni vengeance. Mais sagesse et pardon. L'auteur n'accuse personne et trouve même des bons côtés dans cette éducation militaire qu'il relate de moult anecdotes, tantôt touchantes, tantôt révoltantes, mais jamais neutres. Bien sûr, la violence psychologique de la première partie du livre s'atténue au fur et à mesure que les enfants grandissent, deviennent des hommes, même si beaucoup trop jeunes, mais qui supportent plus facilement et qui ont le caractère qui s'affirme, parfois au grand dam de l'équipe d'encadrement scolaire ou militaire. En plus, c'est au début de l'adolescence que les aspirations littéraires du jeune Mohammed se font de plus en plus précises, qui oscillent entre doutes et certitudes, certitudes qui paraîtraient presque par moment prétention. Mais non, c'est un rêve et une ambition. Et pour que ces choses se réalisent, elles doivent être menées avec une motivation hors du commun. Pour Khadra, c'est une vocation ! Cet apprentissage de l'écriture de l'élève Mohammed, aidé par certains professeurs et découragé, voire brimé par d'autres, et passionnant et touchant. Comme est surprenante la raison qui amène l'adolescent à choisir le français comme langue d'écriture et non l'arabe... Cela tient des fois à peu de chose.

Enfin, en toile de fond, "L'écrivain" offre un portrait de l'Algérie des années 60, de l'Algérie post coloniale. A noter que le narrateur est issu d'un milieu plutôt favorisé.

Ce livre n'aura pas le billet qu'il mérite car à l'heure où j'écris ces lignes, je l'ai terminé depuis déjà 10 jours. Si j'avais pu écrire ce billet dans la foulée de ma lecture, il aurait eu un autre ton, il aurait mieux retranscrit l'atmosphère et l'émotion qui se dégage de cette oeuvre. L'importance et l'intérêt du regard du narrateur sur son pays, sur la vie, sur la liberté, l'amitié, l'écriture.Je ne peux que vous conseiller chaleureusement de le lire. Car ce n'est pas tout les jours que l'on assiste à la naissance, pas à pas, d'un auteur. Et pas de n'importe quel auteur. Un grand. Yasmina Khadra !

 

 

".... J'aurais, jusqu'au bout, la patience titanesque de toujours laisser venir ce que je n'avais pas les moyens d'aller chercher."

 

"Mes moyens du bords étaient dérisoires. Normal, j'étais un enfant et les enfants n'ont pas assez d'espace derrière eux pour reculer. Ils sont condamnés à avancer".

 

'Tu as un grave défaut et dois t'en débarasser : tu cherches à intimider. Un écrivain n'intimide pas, il impressionne. Il ne s'impose pas, il séduit ou convainc. Sa grandeur, c'est sa générosité et son humilité, pas sa complexité

 

"L'esprit, c'est ce que l'armée considère  comme la plus grande atteinte à son équilibre et à sa longévité."

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 21 Novembre 2011

 Roman - Editions Flammarion - 536 pages- 21 €

 

  

Parution en août 2011

 

RENTREE LITTERAIRE SEPT 2011

 

  

L'histoire : Deux histoires en fait. Celle de Donya, en Iran, dans les années 80 et début 90. Une jeune femme révoltée contre l'oppression du régime Islamique des Mollahs, rêveuse, battante, étudiante. Coûte que coûte, elle veut quitter l'Iran jusqu'au jour où...

Celle d'une autre femme, jamais nommée, à Paris dans en 1994, dans le cabinet d'un psychanalyste. Elle se débat contre elle même, contre son passé enfoui, contre celle qu'elle est, qu'elle n'est pas, qu'elle ne veut pas être. Elle se rappelle son père, sa famille, son enfance, toujours sous la peur et les menaces d'un régime en place...

 

  

Tentatrice : Silvana Bergonzi

Fournisseur : Silvana et les éditions Flammarion, merci pour l'envoi.

 

 

 

 

 

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Mon humble avis : Quel roman poignant, captivant, bouleversant et révoltant. Un véritable coup de point qui transforme ce livre en coup de coeur pour moi !

Un roman à lire en cette période préélectorale en France, où l'on s'énerve des défauts de nos dirigeants et où l'on s'insurge devant certaines décisions injustes, en ces temps où des pays comme la Tunisie et la Libye vont se choisir une nouvelle orientation politique... inquiétante à nos yeux.... Car avec "Je ne suis pas celle que je suis", nous reprenons conscience de la base : notre chance de vivre en démocratie, de jouir de la liberté, de notre corps, de notre esprit, de notre droit, de notre identité... Notre gouvernement est hypocrite, le régime théocratique des Mollahs en Iran est barbare et contradictoire. Au nom de la religion, au nom d'Allah, on torture, on viole, que vous soyez étudiantes ou à peine sorties de l'enfance pour un nom, un code non respecté. Les gardiens de la révolution vous surprennent avec du rouge sur les ongles, c'est dans un sac rempli de cafards qu'on vous glisse les mains. Vous êtes violées, vous méritez la peine de mort puisque vous n'êtes plus vierges. Vous reposez et massez vos pieds après une marche éprouvante, vous vous retrouvez dans une cave, à la merci d'hommes tout puissants. Oui, l'homme est tout puissant et la femme n'est rien. Elle est considérée comme mineur à vie, n'a aucun  droit.

C'est cette vie là que nous raconte le récit de Donya, cette jeune étudiante Iranienne qui, part tous les moyens, veut quitter son pays. Chahdortt Djavann dresse ainsi deux portraits. Celui de cette jeune femme qui se rêve un destin héroïque, cette femme courageuse, qui garde la tête haute, qui ne renonce pas malgré toutes les épreuves, les obstacles et la peur qui noue le ventre. Portrait aussi sans concession d'un pays, l'Iran, de ses dirigeants de l'époque, les Mollah, d'une loi, la Charia et d'une religion extrémiste : L'islamisme. C'est fascinant et c'est déjà de l'Histoire, de l'Histoire à ne pas oublier. Moi, petite française protégée que je suis, j'ai grandi en voyant Khomeini à la télé. Mes neveux ne connaissent sans déjà doute pas cet homme.

Alors rien que pour ce témoignage de la vie des femmes en Iran suite à la Révolution, ce roman est incontournable. A lire maintenant tout en étant ravie de porter une jupe en sortant de chez vous et de sentir le vent dans vos cheveux...

Et il y a l'autre récit, celui de la psychanalyse d'une jeune iranienne à Paris, quelques années plus tard. Une iranienne qui ne trouve pas sa place en France et qui n'a plus la sienne en Iran. On déduit très vite que cette analysante est Donya. Au fil des séances, on va découvrir d'autres pans de sa vie. Il est alors il est plus question de l'enfance, du rapport au père, à la mère, à la violence. Ces séances sont extrêmement bien décrites, dans un style qui peut perturber un peu toute personne étrangère à cet environnement : l'hyperréalisme, transfert et contre transfert, trouble de la personnalité... On y sent le débat intérieur de la patiente envers elle même, mais également ses doutes envers cette analyse qui la ruine et qui semble lui causer plus de douleur que de réconfort.  On est atterrée devant les dégats psychologiques d'un régime totalitaire. Ces deux récits nous conte la vie entière de Donya... moins ces trois dernières années. Comment a-t-elle réussi à quitter l'Iran, c'est dans un autre tome que nous le découvrirons.... avec impatience.

Car on est accroché à ce destin peut ordinaire, partiellement autobiographique. L'histoire de Donya est un hymne à la femme, à sa force et à la liberté. C'est aussi une belle déclaration d'amour à la langue française... Puisque c'est dans notre langue que ce livre a été écrit, une langue apprise patiemment, avec persévérance en récitant par coeur le Robert pour s'enrichir de nouveaux mots. Une langue qui est moins douloureuse que le Persan, qui n'évoque pour la jeune analysante que cauchemar et enfer.

Devant une telle histoire si puissante, une si belle maîtrise de l'exercice littéraire et du rythme, on ne peut que s'incliner par respect pour l'auteure et pour que nos yeux rencontrent les pages de ce livre saisissant et sublime. Un livre trop fort et trop riche pour être enfermé et limité à un billet sur un blog. Et, en me relisant, je me trouve peu capable dans transcrire toute la grandeur. Alors libérez le, entrez dans ses pages et tournez les, même s'il y a de grandes chances pour qu'elles se tournent toutes seules, très vite, sans que vous vous en rendiez compte.

 

 

"J'avais l'impression qu'avec la vie, je dansais un tango : quand j'avançais, elle reculait et quand j'avançais, elle reculait"

 

"Ce n'est pas étonnant que la réalité se déforme sous mes yeux. J'ai dû tellement manipuler et annuler psychiquement la réalité que tout a été  déréglé dans mon cerveau. Il disjoncte de temps en temps; comme un compteur éléctrique qui ne peut supporter la charge'

 

"Sa vie lui était une prison, elle voulait s'en évader à tout prix. Elle ne savait pas pourquoi elle était dans l'incapacité à vivre une vie semblable à celle de ses camarades, elle ne savait d'où lui venait son inaptitude à se situer dans le monde des humains."

 

"Les gens se résignaient au régime comme à une catastrophe naturelle contre laquelle nul ne pouvait rien, qui suivait son cours et se terminerait d'elle même"

 

 

LIVRE COUP DE COEUR.... DEMAIN, DEUX EXEMPLAIRES DE CE LIVRE A GAGNER ICI SUR CE BLOG... CONTRE GARANTIE DE PUBLICATION D'UN BILLET SUR VOTRE BLOG ! ALORS A DEMAIN !

 

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                                                                                   12ème / 14....

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 29 Septembre 2011

Roman - Editions Vents d'Ailleurs - 190 pages - 16 €

 

 

 

Parution en mars 2007

 

 

L'histoire : Celle de Gara, teinturier et spécialiste du temps, dans un village reculé du Burkina Faso. Il n'a pas de père, ne peut donc pas prendre d'épouse, est toujours à part dans le village. Survient des évènements, puis une guerre et l'exil....

Une bonne vingtaine d'années plus tard, nous retrouvons sa fille, dans la capitale. Elle est "inépousable" selon la tradition, à cause des origines inconnues de son père....

Didier est amoureux et contournera, à sa façon,   tabous et traditions pour aimer Marguerite. Oui, pour ça, il est prêt à tout...

 

 

Tentation : L'auteur + Gambadou au salon de Rennes

Fournisseur : MA CB au salon de Rennes

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mon humble avis : "On"  m'a dit que je ne lisais pas beaucoup de littérature étrangère hormis celle anglosaxone.... Voilà l'exception qui confirme la règle, où la preuve qu'il suffit d'être patient(e!) Car ce roman, écrit par un burkinabé (donc du Burkina Faso, État du centre ouest de l'afrique)se déroule au Burkina Faso également. Au début, au fin fond de la brousse, dans un bled et à la capitale, dans la deuxième partie. Donc littérature 100% burkinabé (euh, est-ce bien comme ça qu'on dit ?)

 

Tout voyage nécessite un temps d'adaptation et ce livre est sans conteste une invitation à l'ailleurs, un ailleurs qui pourrait être intemporel, voire presque encore plus loin que là-bas, dans un pays presque imaginaire, tant les premières pages de ce roman ressemblent à un conte. Il m'a fallu du temps pour m'adapter à cet environnement si dépaysant, si inhabituel. Le temps.... Situer les personnages tant dans l'histoire que dans leur position hiérarchique au village. Ne pas les confondre... Et puis l'histoire a commencé et je me suis régalée.

 

Sous un soleil de plomb, assise dans le parc en bas de chez moi, j'étais au coeur d'une Afrique que je ne connaîtrais sans doute jamais. Une Afrique aux traditions ancestrales, l'Afrique des griots, l'Afrique où le village a un roi et des ministres, où il faut respecter les règles, où l'on se salue suivant un protocole interminable, où l'on veille à respecter son aîné dans la parole comme dans les gestes.L'Afrique où les coutumes assurent l'équilibre social. L'Afrique et l'art de la rhétorique, où finalement, rien n'est dit par hasard. Tout est dans la maîtrise de la parole.... Obtenir tout en ayant l'air de recevoir. Donner à l'autre l'impression d'être grand, intelligent.... quand celui ci est juste venu là où vous l'avez conduit à son insu par votre brillant discourt. C'est cette Afrique là que Sayouba Traoré nous raconte, celle où la famille vient de la mère et le clan vient du père.... Celle où l'on fait la guerre au village qui se trouve de l'autre côté de la rivière. Et de cette immersion dans cette Afrique atemporelle, on se délecte.

Et puis, il y a une deuxième partie, un bon dans le temps et dans l'espace. Nous voici en ville, avec la génération suivante. Il y a alors dans ce roman comme une ambiance "Aya de Yopougon". D'ailleurs, les bons dictons africains ne manquent pas.

On découvre avec intérêt  et attendrissement la tradition du naam, où un jeune garçon se voit déclaré "enfant roi" de son quartier (ce qui ne veut pas dire enfant gâté!)... Pendant un an, il devra se comporter comme un adulte, sous la surveillance de ses parents justement. Mais on voit là un bel apprentissage des responsabilités auprès de la jeunesse.....

Et puis il y a le quatrième quart de cette histoire, et là, l'auteur m'a laissée sur le carreau. Tout y devient militaire, politique, manoeuvre, corruption du pouvoir... Bref, Sayouba Traoré nous emmène alors dans la plus contemporaine Afrique, celle des dictateurs et des push qui les menacent. Pour moi, le charme s'est rompu car le déroulement de tout cela manque réellement de clareté (peut-être pour être au plus proche de la réalité d'ailleurs), mais j'étais perdue.... Surtout sur les motivations de ces insurrections.... que j'ai trouvé vraiment trop romanesques (je sais, c'est le comble quand on lit un roman - genre, je ne sais pas ce que je veux !)

 Malgré un début difficile et une fin déplaisante, je pense que ce livre ne manquent pas d'arguments. Culturellement et linguistiquement (très belle écriture), ce livre mérite vraiment votre intérêt.

 

 

"Quand le travail n'avance pas, on peut trouver deux explications. Soit l'artisan est incompétent. Soit les outils ne sont pas bons."

 

"Celui qui te conseille d'acheter un cheval ventru, celui là ne sera pas là quand il s'agira de le nourrir".

 

"On est en démocratie. On a donc le choix. S'exiler à l'intérieur de soi même ou quitter le pays".

 

"Le singe dit que le fruit qu'il ne peut atteindre est pourri".

 

"Il ne sert à rien d'agiter la langue quand la tête ne sait pas".

 

"Si la causerie était la preuve d'une mauvaise éducation, les hommes ne naîtraient pas avec une langue."

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 3 Septembre 2011

Roman en V.O - Editions Faber & Faber - 320 pages - 9.05 €

 

 

Parution en format poche Juin 2011

 

 

Ce roman sort en version Française chez Acte Sud le 7 septembre 2011

 

Rentrée littéraire

 

 

 

L'histoire : Depuis 7 ans, Miles fuit son passé New Yorkais à travers les Etats-Unis. Son passé : Peut-être qu'il a tué son frère, ou pas. Il ne sait pas si le geste était intentionnel, ou pas.

Là, il est en Floride. Sa petite amie est mineure de quelques mois. Devant les menaces de dénonciation, il fuit à nouveau, mes vers le nord, vers l'origine de l'histoire. Juste pour quelques mois. Invité par son ami Bing, il les passera dans un squat d'un quartier de  Brooklyne : Sunset Park

 

 

 

 

 

Tentation : Envie de connaitre mieux l'auteur, la 4ème et l'occasion de relire en V.O

Fournisseur : Achat dans la gare Eurostar de Bruxelles !

 

 

 

 

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Mon humble avis : De Paul Auster, je n'ai lu que "Dans le Scriptorium", roman étrange que j'avais adoré. D'où mon envie d'approfondir l'oeuvre de l'auteur et pourquoi pas en Version Originale, histoire de lire le vrai, le pur, le célèbre, le presque légendaire Paul Auster, grand représentant s'il en est de la littérature contemporaire Américaine.

Autant dire que je ne suis pas très initiée à l'univers de l'auteur, et que je suis donc mal placée pour dire si Sunset Park est un roman typiquement Austérien or not !

Les anglosaxons sont encore plus doués que nous pour parsemer couvertures et 4èmes de couverture de phrases  et de slogans tous plus accrocheurs, tous plus prometteurs les uns que les autres (ici : wonderfully, unpredictable, fascinatingly enjoyable....) Comme j'aimerais qu'il n'en soit rien, que la couv me montre une belle photo, un titre, mais soit vierge de tout le reste... Cela, pour n'attendre rien qu'une histoire sans idée préconçue.

Car de ce fait, cette lecture m'a relativement déçue. Je la qualifierais même de lecture yoyo, qui oscille entre le captivant et l'ennuyeux au possible. Cela partait pourtant très bien, j'aimais ce personnage dont le métier est de photographier les maisons et les objets qui y sont abandonnés par des propriétaires ruinés par la crise et expropriés. Là, j'ai lu de très belles pages sur ce que notre monde peut montrer de plus laid, les limites et l'inhumanité du système et ses conséquences.

Puis les lenteurs se sont installées et j'ai regretté de ne pas avoir passé de Master en histoire du base ball Américain.... Car les résultats des matchs et le destins des grands joueurs de la deuxième moitié du 20ème siècle occupent plusieurs dizaines de pages ! (dans mon souvenir en tout cas !)

Puis l'histoire reprends, Paul Auster nous présente de nouveaux personnages,  qui parfois sont intéressants, banals mais uniques dans leur individualité et leur détresse. Le problème est que tout semble survolé et surtout les relations qui se nouent ou se renouent entre les protagonistes. Je me demandais où Auster m'emmenait, j'attendais avec impatience que Miles affronte enfin son passé.... Et bien affrontement n'occupe finalement que quelques lignes. Il y avait de quoi livrer un roman "really appealing" alors que les émotions peinent vraiment à coming through ! Une accroche disait donc vrai sur la 4ème : This is Auster, nothing turns out as ou expect. ... Oui, j'attendais vraiment autre chose, même si j'ai tout de même eu l'impression, par moments, de lire de très bons passages.

L'impression qui règne lors de la lecture de ce roman, depuis son début jusqu'à sa toute fin, est celle d'un gâchis, un gâchis de vies brisées ou jamais écloses. Un gâchis de manque de communication. Le désastre de notre époque qui s'immisce dans l'économie et dans l'intimité de chacun. Bref, rien de très optimistic ici !

Et la lecture en VO dans tout cela ! Ca c'est positif ! Bientôt dix ans que je n'avais rien lu dans la langue de shakespeare et, malgré mes craintes.... Et bien, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. A part quelques mots purement descriptifs qui n'apportent rien à l'intrigue et bien j'ai tout compris ! Enfin, je pense. J'ai lu ce livre avec presque autant de fluidité que s'il avait été en français. Ce qui me fait dire que : soit mon anglais est super top, soit le style d'Auster est super simple ? Je pense qu'il y a une bonne dose des deux, dit elle avec modestie... non, c'est que franchement, dans ma manière de vaguement traduire (lire en anglais ne demande pas une traduction littérale, mot à mot, qui ne signifierait rien. On traduit sans traduire vraiment en fait !), où plutôt de penser certains passages, je trouvais même l'écriture à la limite de la mièvrerie. Je sais, je vais me faire plein d'ennemies, on va se demander pour qui je me prends pour écrire de telles sornettes à propos d'un écrivain si adulé... Et bien ce n'est que mon humble avis. Je suis passé en grande partie à côté de cette oeuvre; J'ai la sensation d'avoir lu un projet de livre, et non un livre abouti au potentiel développé. Ce qui ne m'empêchera pas de lire d'autres livres d'Auster, un écrivain que j'ai envie d'aimer ! Il est réputé pour posséder son propre univers. J'y suis entrée avec Dans le scriptorium, et j'aimerais y rester. Ce ne sera pas avec Sunset Park, un titre pourtant assez onirique non ?

 

 

 

Ceci est une lecture commune avec Keisha.... So, have a look !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 23 Juillet 2011

Roman - Folio Editions- 347 pages - 6.80 €

 

 

 

Parution en mai 2010.

 

 

 

L'histoire : New York dans les années 50. Gabriel est renvoyé de son collège en pleine année scolaire. Spencer, son frère, auteur bohème, l'accueille chez lui. Au cours de ses errances dans la ville, Gabriel croise l'énigmatique Lillian Dawes. Il se crée alors une véritable obsession pour Lillian, chaque prétexte est bon pour la revoir... Mais Gabriel est jeune, Spencer l'est moins. Quoiqu'il en soit l'apparation de Lillian Dawes dans leur vie la bouleversera à jamais.

 

 

Tentation : La blogosphère

Fournisseur : Un achat compulsif à la F..C pour mon anniv

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mon humble avis :Drôles d'impressions que celles laissées par ce livre. Mais je pense que celle qui prédomine est l'ennui. Comme de toute ma vie, je n'ai dû abandonné pas plus de 5 ou 6 livres... J'ai poursuivi ma lecture stoïquement, au prix d'intenses efforts... Peut-être aussi parce que ma curiosité était tout de même piquée. Comment s'achèverait cette espèce de triangulation du désir ? Qui est réellement cette fameuse Lillian ? Spencer est un personnage attachant. Et la plume de Katherine Mosbyest vraiment soignée, élégante. Trop même. Il faut être concentré parfois pour apprécier cette qualité à sa juste valeur...  Une écriture parfaite peut, (toujours à mon humble avis), éclipser l'émotion. C'est ce qui c'est passé pour moi. Je n'ai ressenti aucune émotion au fil des pages, alors que l'envie d'émotion constitue toujours mon leitmotive dans la lecture. Dommage aussi pour une histoire qui conte les premiers émois amoureux d'un jeune homme, et le rapprochement de deux êtres... Les trop nombreuses descriptions des décors (ou autres) m'ont éloignée des sentiments des protagonistes qui deviennent presque secondaires au profit de ce qui m'a paru un exercice de style. Oui, en fait, l'essentiel du roman est pour moi survolé. D'ailleurs, durant les 2 premiers tiers du livre, j'avais la sensation de lire un récit et non un roman. Un récit plutôt fade malgré la richesse de l'écriture. Ce n'est qu'aux alentours de la 200ème pages, quand nos deux garçons rencontrent enfin et officiellement cette Lillian, que l'histoire m'a semblé démarrer enfin et l'oeuvre devenir un roman.

Au tout début, je me suis dit: "Tiens, nous avons ici un Attrappe Coeur réactualisée, écrit par une auteure de notre époque, donc aux allures moins dépassées." Le point de départ ressemblait beaucoup au livre de Salinger (un renvoi du collège, une certaine errance dans les rues de New York).

Alors oui il y a quelques passages truculents, des phrases "vérités vraies" bien tournées et bien trouvées, des personnages secondaires de caractère et originaux (mais trop nombreux pour s'y retrouver par moment), une relation intéressante entre les deux frères. Mais comparé à ce que me promettait l'attractive 4ème de couv, c'est bien peu et je suis très déçue par ce livre. Je ne suis pas tombée sous le charme de Lillian Dawes !

 

 

"Franchement, je trouve la vérité très surestimée. La vérité est le refuge des gens ordinaires et sans imaginations, et elle est souvent décevante, tandis qu'un mensonge digne d'être prononcé ou bien tourné est, disons, une sorte de don."

 

"Un homme de petite taille doit faire sensation, sinon, tout ce qu'on retient, c'est qu'il est petit".

 

"Mais nous, nous sommes des invités gentils. Notre tâche consiste à neutraliser les invités difficiles, à rendre les choses faciles et légères. Nous sommes là pour diluer les tensions et non pas pour en créer, il est donc nécessaire d'entretenir la fiction sociale selon laquelle nous nous apprécions les uns les autres autant que notre hôte nous apprécie."

 

"La vie de ne devrait pas avoir d'autres limites que celles de l'imagination".

 

"Vous n'êtes plus une spectatrice dans le monde des privilégiés, mais une actrice. Alors allez y, participez ! L'opulence n'est pas en endroit pour les gens trop délicats".

 

L'avis de Mango, de Midola , Chaplum

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 19 Mai 2011

Roman - Editions Point (Seuil) -373 pages - 7.50 €

 

 

 

  Parution d'origine en octobre 2009

 

 

L'histoire : Fredrick, 66 ans, vit seul depuis douze ans sur une île isolée de Suède. Sa seule activité quotidienne : un trou dans la glace et une baignade glaciale lui prouve qu'il est encore en vie.

Un jour sur la glace qui recouvre la mer, il aperçoit une vieille dame avec un déambulateur. Son passé resurgit et un avenir apparaît qui bouscule pas mal de choses dans la vie tranquille du reclus.

  

 

 

Tentation : La blogo (et surtout Clara) et la réputation de l'auteur.

Fournisseur : Un achat très compulsif à la F..C pour mon anniv !

 

 

 

 

 

  

 

 

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 Mon humble avis : Henning Mankell nous invite dans une autre dimension, hors du temps, sur une autre planète. C'est un peu l'impression que j'ai eue durant ma lecture. Les personnages surgissent comme venant de nulle part dans une atmosphère très étrange. Et pourtant, nous sommes bien sur terre, dans un monde épuré de tout superflus.Il semble que ce soit un choix de l'auteur,son point de départ,  jusque dans son écriture. Quand le superflus disparaît, c'est l'essentiel qui se révèle : l'immensité, le silence, la solitude, la douleur, l'amour.  Les saisons s'étendent avec langueur. Les personnages entrent en scènes chacun leur tour. Ils pourraient être improbables, on les trouve tout d'abord insolites pour les découvrir profondément humains au fil des pages.

Henning Mankell déterre le meilleur de l'homme enfoui sous une montagne de pire (où l'inverse) : peur, lâcheté, fuite, mensonge, erreur, regret, abandon, égoïsme. On dirait le travail d'un archéologue. Avec patience et délicatesse, couche par couche, au fur et à mesure que les glaces fondent, les personnages prennent forment. Et sous leurs blessures ou leur bienveillance, émergent leur bonté ou leurs impairs.

Et puis l'auteur montre que rien n'est immuable, que la vie réserve toujours des surprises. D'un désert de solitude, il crée une petite communauté d'hommes et de femmes qui se rencontrent, s'apprivoisent, apprennent à s'apprécier, à s'aimer, à se manquer, à se faire confiance, à se supporter tels qu'ils sont, dans toute leur vérité. Ces personnages finissent par ouvrir les portes de leur vie, accepter l'autre dans leur intime, dans leur apparente forteresse qui faussement et lâchement  les protégeait de tout : la solitude qu'ils avaient choisie. L'auteur incite à la réflexion sur ce sujet aussi : la crainte de l'invasion de l'autre dans notre espace au détriment de la construction du lien et la conséquence directe : la solitude, sujet principale oserais je dire de ce livre avec la normalité supposé des individus, la tolérance et... oups que de sujets abordés dans ce livre en fait.

Ce roman ressemble à une composition musicale. D'ailleurs, il se découpe en 4 mouvements aux rythmes différents. Le deuxième prend des allures de road moovie. Point de motards, mais deux sexagénaires et un déambulateur.

Enfin, l'auteur s'appuie sur une symbolique très forte dans cette histoire. Chacun verra sans doute ces symboles de façons différentes mais tout de même... Le trou dans la glace, l'île (isolement par excellence), la caravane (aucune racine), les chaussures italiennes... Qu'ont elles de si particulier dans ce livre? Elles sont minutieusement adaptées au pied de celui qui les portera sur mesure au milimètre près. Ce sont des pièces uniques dont le délais de fabrication est long et demandent de la patience. Un peu comme la vie en fait ! Une vie réussie c'est du grand art, comme ce livre magistralement conçu. 

 Extrait :

- "Pourquoi n'y a-t-il personne de normal ici ? Pourquoi tous ces gens sont ils si étranges ?

- Il n'y a pas de gens normaux. C'est une fausse idée du monde, une idée que les politiques veulent nous faire avaler. l'idée que nous ferions partie d'une masse infinie de gens ordinaires qui n'ont ni la possibilité ni la volonté d'affirmer leur différence. Le citoyen lambda, l'homme de la rue ça n'existe pas. C'est juste une excuse que se donnent nos dirigeants pour nous mépriser."

 

- Nous avons peur de nous même et de ce que nous percevons de nous chez les autres.

 

- Pourquoi étais-je devenu cet homme perpétuellement en quête de nouvelles cachettes plutôt que d'intimité ?"

H. Mankell

 

 

  

 

 

L'avis d'Antigone, de Clara, de Sandrine et Théoma

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 2 Avril 2011

De Mary Ann SHAFFER & Annie BARROWS

 

 

 

Roman - Editions NIL - 395 pages - 19 €

 

 

Parution en 2009, existe aussi en format poche chez 10/18

   

L'histoire : 1946, Juliet, auteur  londonnienne populaire, cherche un nouveau sujet de roman. Le hasard la mène dans des échanges épistolaires très riches avec des habitants de Guernesay qui, pendant l'occupation allemande, ont crée le Cercle Littéraire des amateurs de tourtes aux épluchures de patates. Chacun lui raconte un événement, une anecdote triste ou joyeuse, bref, un moment de la guerre. Une véritable amitié se crée entre Juliette et les îliens au point que Juliett décide, pour un temps, d'aller s'installer à Guernesay. Elle y est accueillie à bras ouverts par ces nouveaux amis. Sa vie s'en trouvera changée à jamais.

Juliett écritet reçoit des lettres, mais pas uniquement depuis Guernesay... Apparaissent au fil des pages sa meilleure amie sophie, son éditeur, son soupirant, bref une multitudes de personnages qui donnent à se recit dynamisme, rebondissements 

  

 

 

 

 

Tentation : La blogo et la réputation du livre

Fournisseur : Ma PAL

 

 

    

 

étoile3etdemi

 

 

Mon humble avis : Ce roman épistolaire est si riche et délicieux que je ne sais par quelle patate le prendre ! Epluchons en quelques unes qui ouvriront ou couperont l'appétit de lecture des membres amateurs d'un certain cercle littéraire que nous formons, suivant les goûts de chacun.

Il est des coins du monde que l'on oublie et des questions que l'on ne se pose jamais (en tout cas, pour moi !). Par exemple : comment la 2ème Guerre Mondiale a t-elle été vécue sur l'île anglonormande de Guernesay ? Ce roman épistolaire apporte la réponse, une réponse qui tantôt réchauffe le coeur, tantôt glace le sang. On y apprend les atrocités commises, mais on y découvre aussi une population très solidaire, capable du meilleur, même après la guerre, malgré le traumatisme.

Au fur et à mesure de ces échanges postaux menés tambour battant par la dynamiqueet sympathique Juliet, nous faisons la connaissance d'une multitude de personnages qui furent, par leur comportement et souvent à leur insu, de véritable héros anonymes de guerre. Ce roman rend brillamment hommage à ses gens qui, sans tambour ni trompette, ont aussi fait l'histoire, même sur un petit bout de monde.

Il règne dans ces pages drôlerie et gravité, mais pas de pathos. Le style est enjoué et l'atmosphère si chaleureuse et so british,que c'en est remarquable étant donné que les auteures sont américaines. On se régale de l'humour des uns, on est touché par l'humanité de tous, on voudrait faire partie de ce cercle littéraire pour partager de si belles amitiés, on est prêt à partir pour Guernesay avec, dans notre valise, de grands classiques de la littérature ou des livres de recettes. Car bien sûr, les mérites et les vertus de la lecture sont bien présents dans ces échanges de lettres.

Alors oui, je partage l'enthousiasme quasi général pour ce roman. Pourquoi pas 4 étoiles bien pleines alors  ?...

Parce que j'ai deux petits minuscules bémols a énoncer... Les personnages sont très nombreux, j'ai eu du mal a en distinguer certains... Et, comme me le faisait justement remarquer une amie, ces lettres sont écrites par différentes personnes, d'origines socio-culturelles variées et parfois éloignées de la littérature.... Et pourtant, d'une lettre à l'autre, le style d'écriture ne change pas ou si peu. Le timide fermier ilien use d'une écriture bien similaire à celle de la jeune et volubile auteure londonnienne. Dommage, une plume mouvante aurait pu les départager plus visiblement.

Enfin, même si je me suis régalée de cette lecture, que j'y ai appris beaucoup, que je me sentais bien parmi cette belle équipe, j'ai été contente de lire la dernière page. C'était très bien, mais plus long aurait été trop long.... pour moi. Certaines blogueuses auraient voulu que ce roman ne finisse jamais ! Et vous ? Épluchez donc ce roman, il a trop de qualités pour passer à côté !

 

 

  "Lire de bons livres vous gâchera le plaisir d'en lire de mauvais".

 

Les avis de Théoma; de Keisha; de Sylire, de Karine :)

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 31 Mars 2011

Nouvelles - Livres de poche - 250 pages - 5.50

 

 

 

 

L'histoire : Irène est une femme du monde, épanouie, épouse d'un célèbre et riche avocat. Le hasard de la vie lui fait rencontrer un musicien dont elle devient la maîtresse. Un jour, alors qu'Irène sort de l'antre de son amant, une femme la bouscule, parait la reconnaître. Commence alors pour Irène un véritable cauchemar, tant elle craint d'être dénoncée à son mari... Elle devient victime d'un odieux chantage. La peur la paralyse.

Nous devinons que nous sommes à Vienne entre les 2 guerres.

 

 

"Lu" en format Livre audio

 

Tentation : L'auteur et le livre audio

Fournisseur : La bib'

 

 

 

 

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  Mon humble avis : En novembre, j'avais découvert la prose de Zweig et le livre audio avec "Lettre d'une inconnue". Très enthousiaste sur l'ensemble, j'ai donc décidé de d'approfondir l'auteur et le format !

Cette fois ci, c'est l'actrice Fanny Ardant qui narre "La peur", de sa jolie voix reconnaissable entre toutes. Sur le CD figure juste cette nouvelle. L'écoute prend une heure quarante cinq. Si vous achetez le livre, y figureront 5 autres nouvelles.

J'ai encore une fois été subjuguée par la richesse du vocabulaire de Stefan Zweig, la fluidité et la musicalité de son style. Vraiment, en écoutant ses mots, je me dis que je ne serais jamais écrivain ! C'est très littéraire et en même temps si agréable, si accessible, si humble. Les mots sont là pour décrire un sentiment ou servir un personnage, pas pour mettre en scène un auteur qui reste en fait beaucoup en retrait. Rapidement, Zweig nous plonge dans une atmosphère et un sujet qu'il développe, détaille et décrit avec tant de justesse que le récit semble très complet et prend, à nos yeux, la forme d'un court roman. Zweig analyse ici l'adultère, le mensonge qui en découle, et ses conséquences emprisonnantes, dramatiques, asphyxiantes. Aucun jugement n'est porté sur Irène. Zweig constate et partage avec nous son sens de l'observation très perspicace, la finesse de sa psychologie. Le comportement humain est parfaitement rendu. Ici, c'est la peur qui est explorée jusqu'à son tréfonds, jusqu'à sa plus profonde vérité. Le rythme s'accélère, l'étau se ressert autour d'Irène. Elle est prisonnière, elle s'asphyxie et nous lecteur, retenons notre souffle jusqu'à ce que la fin, on ne peut plus insoupçonnée et subtile, nous coupe le souffle ! Zweig prouve avec talent que les ressources d'un couple sont souvent sousestimées. C'est superbe et cela nous donne à réfléchir sur les conséquences du mensonge, la peur qui nous paralyse autant que la vérité, ce qui nous empêche de nous délivrer de notre fardeau. En effet, qui ne s'est jamais noyé dans un mensonge ? Car la peur d'être découverte dans le secret d'un mensonge et de la faute est un fardeau. "La peur est pire que la punition". Dans la peur se cache la honte de la faute, de la mauvaise image que l'on pourrait donner de soi même. On a peur de l'autre aussi, de sa réaction que l'on imagine, que l'on surestime, que l'on minimise. Allez savoir. En tous cas, pas besoin d'emplifier les éloges sur la plume de Zweig, elle se défend, brille d'elle même.

  

 

 

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 19 Mars 2011

Roman - Livre de poche - 256 pages -  5 €

 

 

Première parution du roman en 1951.

 

 

L'histoire : Holden Caulfield, 16 ans, est pour la énième fois renvoyé du collège de Pencey. Les vacances de Noël sont dans 3 jours. Alors, pour ne pas rentrer plus tôt chez lui et affronter l'ire parentale, il erre pendant 3 jours dans sa ville, New York. C'est cette brève odyssée qui est racontée ici.

 

 

 

Tentation : Mon inscription au challenge de Théoma + une conférence sur Salinger à laquelle j'ai assisté récemment et enfin, une grande envie de relire de livre culte.

 

Fournisseur : mes étagères.

 

 

 

 

 

 

Pour ceux qui ça intéresse... 

 

Présentation du livre :L'attrape-coeurs est un phénomène littéraire. Paru en 1951 aux USA, c'est un des livres les plus lus au XXème siècle. Il s'en est vendu plus de 60 millions d'exemplaires et il s'en vendrait encore près de 250 000 par an. C'est un classique enseigné dans les écoles américaines et canadiennes, même s'il est parfois controversé pour ses sujets et son style. La notion d'antihéro débute avec ce livre outre atlantique et choque le public. L'attrape coeur comporterait certains éléments autobiographiques.... L'échec scolaire, l'évocation de l'armée et de la 2ème Guerre Mondiale, l'évocation d'entrer dans un monastère. C'est un roman qu'il faut ancrer dans son époque : la fin des années 40, l'après guerre. Dans la question récurrente d'Holden " où vont les canards du lac de Central Parc quand le lac est gelé" ?... Il faudrait y voir une métaphore de la guerre et du retour des soldats...

 

Présentation de l'auteur :Né en 1919, Jérôme David Salinger est entouré d'un véritable mystère qu'il a plus ou moins entretenu toute sa vie durant en refusant toute apparition publique, toute interview ou nouvelle publication pendant plus de 40 ans. Il a vécu reclus dans un monastère. Il est décédé il y a un an, le 27 janvier 2010.  L’un des thèmes majeurs de Salinger est l'adolescence avec ses perturbations et son désenchantement devant la perte irrémédiable de l'innocence de l'enfance. Entre 1942 et 1945, Salinger est dans l'armée et il sera l'un des premiers à pénétrer dans les camps de concentration. Il en sera très affectée et en 1945, il est hospitalisé pour soigné un syndrome de Stress Post Traumatique.

Salinger n'a rien publié depuis 1963.

 

 

 

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Mon humble avis : (relecture) Je me souviens parfaitement, quand j'ai achevé ce livre en décembre 1990, j'étais bouleversée. Ce livre, c'était moi !!! Il y a 20 ans, j'avais dit à mes parents " il y a des livres qui vous transforment à vie, qui ne vous laissent pas intacte.". J'avais 18 ans....

Aujourd'hui, je suis bien plus nuancée et bien moins enthousiaste... Faut il relire ce livre ? Y a-t-il un âge idéal pour l'apprécier à sa juste valeur ? De l'avis de la conférencière écoutée il y a quelques semaines, oui, ce livre peut-être lu et relu, à n'importe quel âge, on y trouve toujours quelque de nouveau et de différent.

J'ai donc suivi à nouveau Holden, désabusé et paumé, dans son errance New Yorkais. J'ai assisté à sa solitude, sa révolte, son ivresse, son ennui, son instabilité, son humeur changeante, sa déprime en fait. Toute la vie d'Holden aboutit ici, et son avenir dépend de ses quelques jours.

Ce récit à la première personne nous dresse donc les activités du jeune homme dans l'ordre chronologique. Il ressort de tout cela la terrible douleur de l'adolescence, la perte de l'innocence, la peur et la difficulté du passage à l'âge adulte.

 J'avais oublié que "l'action" débute réellement au bout de premier tiers de l'oeuvre. Je me suis bien moins sentie concernée par le personnage, qui ne m'a touchée que dans les derniers chapitres. Sinon,  j' avoue que je n'ai pas été captivée par cette lecture, parfois ennuyeuse, même si je reconnais qu'il y a deci- delà quelques passages sarcastiques ou "initiatiques" qui remontent le niveaux d'un très moyen. Je me suis distraite en cherchant les indices autobiographiques et les éléments expliqués par ma conférencière,qui conseille vivement de lire ce livre dans sa version originale, en Anglais.... En effet...

Car c'est là je dirais que le bâts blesse le plus. Le style qui pour l'époque était peut-être révolutionnaire, mais qui pour 2011, est lourd et vraiment démodé. Familier, parlé, hâché, parfois vulgaire. Beaucoup d'argot, un vocabulaire plus que limité et très répétitif. D'ailleurs, le narrateur est souvent aussi répétitif dans le contenu de ses propos que dans les mots qu'il utilise. Bref, un style lassant et des propos souvent vides...

Alors peut-être que ce livre est un témoignage exceptionnel sur une époque, une ville et un style littéraire, mais je trouve qu'il n'a pas bien veilli, même si la rébellion et les angoisses des adolescents est toujours d'actualité, puisqu'atemporelle.

 

Autre hypothèse : le livre n'est pas plus vieux et "hors contexte" en 2011 qu'en 1990.... par rapport à sa publication en 1951... C'est peut-être juste moi qui me suis pris 20 ans dans la vue ???!!! C'est juste une hypothèse !!!

 

 

L'avis de Cynthia; de Chaplum; Esmeraldae; et de Karine :)

 

 

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Rédigé par Géraldine

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