Articles avec #interviews exclusives ! tag

Publié le 3 Décembre 2009

Québécois, Denis Richard est l'auteur de "Vous qui croyez me posséder" et de "Tes secrets m'appartiennent" , chroniqué ici.
Son genre, c'est le thriller plutôt ésotérique. 
Il est publié chez Michel Lafon et a accepté aussitôt ma petite interview pour répondre encore plus vite à mes questions. Qu'il en soit sincèrement remercié.

Plus d'infos sur le blog de l'auteur :
http://denis-richard.blogspot.com/


















Écrivez-vous depuis toujours où avez vous pris la plume relativement récemment ?
DR : Le rêve y était depuis toujours, mais en attente. Puis a surgi le catalyseur : un long séjour à Paris, de 2004 à 2007. Le bonheur total, les trois plus belles années de ma vie. C'est en 2005 que j'ai décidé de plonger dans ce projet – qui est rapidement devenu une passion – et en 2007 que Michel Lafon, après avoir reçu le manuscrit de Vous qui croyez me posséder, me téléphone et me dit « Cher Denis, on doit se parler... ».


Comment décide t-on d'écrire des thrillers ? Est-ce un choix mûrement réfléchi ou au contraire, est ce une évidence ?
DR : La question ne s'est pas posée : spontanément, j'ai décidé d'écrire les histoires que je souhaitais lire. J'aime bien lorsqu'un livre me prend à la gorge et me murmure : je te tiens, lecteur. J'aime aussi raconter des histoires où l'être humain a sa place. Plusieurs lecteurs m'ont indiqué qu'ils auraient aimé rencontrer Telma, Susana, David et même Jacky-Boy du premier roman, ou encore Tonio, Kristin et Samantha du second.


Vous êtes québécois et vos deux premiers romans se déroulent à Paris. Pourquoi cela ?  A quand un thriller dans le grand nord Québécois ?
DR : C'est plus fort que moi, Paris est si chère à mon coeur qu'elle en est presque devenue un personnage. Mais c'est vrai que le grand nord québécois est aussi une importante source d'inspiration. C'est étourdissant de marcher dans la forêt boréale en sachant qu'on est probablement le premier être humain à en fouler le sol, de respirer cet air d'une telle pureté que c'en est presque enivrant ou de s'étendre, la nuit, dans la toundra du Grand Nord et de se laisser bercer par les aurores boréales.


On retrouve des personnages hantés par de terribles cauchemars. Y a-t-il un écho personnel dans cette obsession des cauchemars ?
DR : J'adore m'éveiller le matin en me disant : Wow ! C'était un rêve ! Je dois y retourner. C'est pour cette raison que Swain Wilcox (du premier roman) remet le fameux « Wake up in your dreams » à David, qui permet à celui-ci de contrôler ses cauchemars et de cesser d'en être la victime impuissante. La technique que je décris existe vraiment et permet d'ailleurs à plusieurs personnes, chaque nuit, de voguer dans leur monde imaginaire et de décider du déroulement de leurs rêves.


De même, on vous sent très porté sur les sciences occultes, l'astrologie, le spiritisme, le paranormal... Est-ce juste un attrait, une interrogation ou des expériences personnelles ?
DR : C'est tout ça à la fois. Lors de la préparation de mon premier roman, après avoir avalé des tonnes de bouquins et analysé une multitude de sites Web sur l'astrologie, j'ai rencontré – avec un peu de scepticisme au début – une astrologue. Le choc ! Elle a pris la première heure pour me décrire mon passé (en soulignant des événements que même ma mère ne connaissait pas !), puis la seconde pour me parler de mon avenir. Cette expérience m'a encouragé à continuer de flirter avec cet univers invisible qui nous entoure et qu'on rejette peut-être un peu trop rapidement.


Quelle fut votre idée et point de départ pour créer l'histoire de "Tes secrets m'appartiennent" ?
DR : Tout comme mes personnages Tonio et Kristin alors qu'ils sont à Florence, j'étais accoudé contre la rambarde, face à l'Arno. J'admirais, en amont, l'intemporel Ponte Vecchio, exactement comme on le voit sur la couverture, en songeant à tous ces drames dont il avait été le témoin au fil des siècles... Et d'un seul coup, l'histoire s'est imposée à moi.


Dans tes secrets m'appartiennent, vous évoquez deux tableaux imaginaires de Botticelli et de Signorelli.... A quoi ressemblent ils ? Vous en êtes vous fait une représentation précise dans votre esprit, voire même sur le papier ?
DR : J'ai pris l'habitude de dessiner mes personnages, d'y ajouter leurs caractéristiques personnelles ainsi que les liens qui les rattachent, afin de leur permettre de vivre une vie plus riche. J'ai fait de même avec les oeuvres attribuées à Botticelli et Signorelli. Celles-ci ont toutefois un puissant ancrage avec la réalité : on n'a qu'à visiter la chapelle de San Brizio, à Orvieto, qui abrite une partie de l'énigme...


On vous sent passionné par l'art sous la renaissance italienne. Pourquoi cette période et pas une autre ? Mais peut-être y a t-il une autre période historico artistique qui pourrait faire l'objet d'un prochain roman, voire peut-être de celui en cours d'écriture ???
DR : La Renaissance italienne est un point tournant dans l'histoire de l'humanité : en quelques années, on quitte le Moyen Âge, l'art se libère du carcan des thèmes religieux en osant représenter la beauté des corps nus, et on s'inspire de la mythologie antique. Bien qu'il ait été oublié pendant plusieurs siècles, Sandro Botticelli a été un acteur important de ce vent de changement. Et ce roman est aussi un peu un hommage à son génie.
Y a-t-il une autre période artistique qui m'intéresse ? Plus d'une !
Un roman est-il en cours d'écriture ? Oui (je n'en dis pas plus !)


Quel effet cela fait-il de rencontrer le succès dès un premier roman ?
DR : Le simple fait d'écrire me permet d'assouvir une grande passion. La reconnaissance des lecteurs, qui n'hésitent pas à communiquer avec moi après avoir foulé ces univers qui m'habitent, m'insuffle cette énergie qui me permet de poursuivre.


Quel lecteur êtes vous ? Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?
DR : Je suis un lecteur impatient. J'adore être transporté par les personnages et je n'hésite pas à relire les livres que j'ai aimés. Mes coups de coeur ?
- « Replay », de Ken Grimwood (relu je ne sais combien de fois).
- « Pars vite et reviens tard » et « Dans les bois éternels », de Fred Vargas.
- « Les Thanatonautes » de Bernard Werber (humour, recherche et surtout plaisir de lecture),
mais aussi …
- « Hypérion » et « Terreur » de Dan Simmons, Daniel Pennac, Tonino Benacquista, Michel Folco pour son délire historique, tout ce qu'a écrit Marcel Pagnol, Bernard Moitessier avec ses aventures autobiographiques maritimes si touchantes, Dan Brown, Dean Koontz, Douglas Preston, Graham Masterton, Jean-Christophe Grangé, Arturo Pérez-Reverte... bon, j'arrête, mais il y en a tant d'autres...

 
Question subsidiaire : Si vous deviez vous choisir un maître dans les célèbres auteurs de Thrillers qui choisiriez vous ?
DR : Il n'y a pas de nom précis, mais il y a des qualités que je recherche chez un auteur de Thrillers : rapidité, étonnement, imprévisibilité, crédibilité et couleur des personnages.

___________________________________________

Voilà, merci Géraldine et salutations à vos amis blogueurs.



                                          

                                                   



Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 25 Novembre 2009

Il y a quelques jours, je vous présentais ici le livre épistolaire de Françoise Dorin : "Les lettres que je n'ai pas envoyées".
La romancière a bien voulu répondre à mes questions, que voici :




















Bonjour Madame Dorin,

Comme ce livre se lit avec le sourire, j'ai la douce impression qu'il a été écrit avec le sourire. Est-ce le cas ?

FD : Disons un sourire sous-jacent, quasiment inconscient, caché pour moi, sous des soupirs, des agacements, des grimaces... et quelques grognements!



Pour laquelle de toutes ces lettres avez vous le plus d'affection ? Et pourquoi ? 

FD : A mon grand-père paternel... que je n'ai pas connu et à qui, pourtant je dois tant !



Quelle lettre n'avez vous pas écrite ?

FD : A ma vie privée... habituée à cette discrétion... et qui apprécie !



Si vous deviez écrire une lettre à nos dirigeants, que leur diriez vous ?
FD : Bon courage !


Si vous deviez écrire une lettre au Très-Haut, vous le remercieriez ou le supplieriez ?
FD : Je "Le" remercierai du fond du cœur et "Le" supplierai d'avoir encore et toujours à "Le" remercier.


Un enfant vient de naître, que lui écrivez vous ?
FD : N'oublie jamais d'espérer !


Un apprentit écrivain vous écrit pour vous demander conseil : que lui répondez vous ?
FD : Ecrivez! écrivez! écrivez! en vous rappelant toujours cette phrase de Boris Vian: "c'est en forgeant qu'ont devient forgeron et c'est en écrivant qu'on devient "écriveron" !


Quelle lettre écriveriez vous à vos lecteurs ?
FD : Celle que je leur adresse au début de mon dernier roman "Les lettres que je n'ai pas envoyées" pour leur expliquer pourquoi je ne réponds pas à leur courrier!


Le premier journal quotidien, j'ai nommé Ouest France, vous octroie 5 lignes en première page pour vanter votre livre... A vous l'honneur...
FD : Je déclinerai cette offre et suggérerai à Ouest France - le journal de l'élite - de faire cette proposition à cinq de ses lecteurs (ou plus!)


Quelle lectrice êtes vous ? Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?
FD : Impatiente! Si je n'ai pas envie de tourner les pages d'un livre, je ne m'obstine pas au delà de le 50ème page ! Mes coups de cœur sont très lointains mais... Est-ce mon cœur qui a changé ? ou la forme du talent des auteurs ? 


Question subsidiaire... je ne résiste pas à l'envie de vous la poser... Quel regard portez vous sur votre parcours et sur votre avenir littéraires ?
FD : Je n'ai jamais pensé à mon avenir littéraire, par prudence et par superstition. Alors vous pensez bien que ce n'est pas maintenant que je vais m'y mettre ! Quant à mon parcours déjà effectué, je m'endors le soir en me le racontant, comme un jolie conte... de faits !


                                         Merci
                                                                 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 22 Octobre 2009

A 16 ans, Yaël Konig recevait le prix de poésie de France. Depuis, elle a suivi un parcours ecclectique. Tour à tour Enseignante de littérature, puis proviseur de lycée, psychothérapeute, et dans le même temps écrivain, journaliste littéraire, directrice de collection, éditrice, productrice radio, elle est aussi éditrice aujourd'hui, chez les Editions Yago.
"
Les hommes mariés ne font pas les nuits douces" est son sizième roman.  Et à ce sujet, Yaël König a accepté de répondre à quelques questions que voici








Et si vous commenciez par vous présenter. Ainsi, nous saurions ce qui vous qualifie le plus dans votre parcours "multifonctions" !
YK : Allons-y!
J'ai appris à lire et à écrire à 4ans et demi (merci maman!) et aussitôt j'ai écrit sans discontinuer. Je peux encore montrer des textes écrits vers 8, 9 ans ! Je ne vivais déjà que pour écrire ! Je me souviens parfaitement bien de mon premier livre (Le Petit Larousse Illustré pour enfants), mais plus du tout de mon premier jouet...!
Joseph Delteil, académicien, qui est tombé par hasard sur mes poèmes lorsque j'avais 15 ans, m'a quasiment poussée à les présenter au concours de Poésie de France: je croyais ce monde merveilleux interdit pour la gamine que j'étais! Et c'est ainsi qu'à 16 ans j'ai eu le 1er prix de poésie de France. Les professionnels du livre m'ont incitée à quitter ma ville de province pour venir écrire et poursuivre mes études à Paris, mais mes parents ont refusé: Paris était pour eux une ville de perdition !
Dans le même temps j'ai fait des études, parcours obligatoire selon ma mère, qui m'ont amenée à des diplômes de Lettres, d'histoire, d'anglais, de psycho. J'ai enseigné la littérature, tout en étant journaliste littéraire presse écrite et radio. Je me suis régalée !
J'ai aussi passé le concours de proviseur et ai dirigé un lycée pendant 2 ans, tout en étant psychothérapeute, avant de décider de lâcher la proie (Education nationale!) pour l'ombre (écriture !)
Je ne l'ai jamais regretté: j'aime écrire et lire plus que je ne saurai jamais dire.
 
 
Comment est né l'idée de votre dernier roman "Les hommes mariés ne font pas les nuits douces" ? YK : Comme naissent tous mes romans: j'écoute autour de moi. Je suis une éponge, les gens se confient aisément, ils savent que je suis muette et discrète. J'ai eu des amies qui ont beaucoup souffert de ce genre de situation; des amies intelligentes, ouvertes, mais qui se sont laissé prendre par des espoirs fallacieux, et qui en "ont bavé"...
 
Quelle part de vous y a -t-il dans le personnage d'Alicia, femme passionnément amoureuse de Joris, un homme marié ?
YK : Notre différence, c'est que j'ai toujours refusé un amour adultère. Notre ressemblance, c'est la force de nos sentiments.
 
Joris promet beaucoup et agit peu voire pas du tout, bref, il s'avère bien décevant. Finalement, aimez vous ce personnage et lui trouvez vous des excuses à son comportement ?
YK : J'ai voulu présenter un homme "bien", qui tombe amoureux alors qu'il ne s'y attend pas. Je ne voulais pas d'une caricature falote. Joris aime Alicia de toute son âme, mais elle arrive dans une vie pleine, et il ne sait pas comment faire, il évite même de lui dire qu'il est marié, il ne veut pas perdre sa femme et encore moins perdre Alicia: vaste problème ! C'est pourquoi sa lâcheté le rend vite antipathique. Je ne l'aime ni ne le déteste: je l'observe vivre sa vie. Mais si je le rencontrais en réalité, je ne lui ferais aucunement confiance.
 
L'homme marié dit à sa maîtresse : "Tu as la meilleure part de moi". Selon vous, quelle est la meilleure part d'un homme ?
YK :Le contraire de ce qu'avance Joris: c'est à dire non pas des moments d'éblouissements passionnels, mais au contraire l'intimité chaleureuse et constante, la certitude, la confiance, l'échange transparent.
 
Etes vous d'accord avec moi lorsque je dis que votre roman chorégraphie la lâcheté des hommes et la bêtise des femmes ?
YK : Totalement.
Mais j'ajouterai que l'expérience des uns ne sert jamais aux autres: il faut comprendre (et accepter!) que l'être humain fonce tête baissée dans la souffrance en croyant qu'il (ou qu'elle!) fera mieux que ses voisins!
 
Même question à propos de mon dernier adage : "Mieux vaut avoir un amant qu'être la maîtresse" ?!!
YK : Un amant libre et une femme mariée? Ma foi, l'idée me plaît... Sauf que les douleurs viendront de toute façon, et que pour ma part, le moindre mensonge me collant de l'urticaire, il faut que je prenne soin de ma santé !!!
 
Si vous deviez réécrire ce livre en inversant les sexes des personnages principaux... Un homme qui devient l'amant du femme mariée... Est-ce que cela pourrait donner "Les femmes mariées ne font pas les nuits douces". Quelles seraient les principales différences entre les deux romans ?
YK : Le titre pourrait convenir : mais le roman ferait deux pages à peine, car la femme serait prompte à prendre une décision !
 
Vous êtes aussi éditrice... Quels conseils donneriez vous à un auteur inconnu qui souhaite se faire publier ?
YK : D'acheter une tonne de kleenex pour éponger les effets décevants des réponses négatives ! La France est un pays où tout le monde écrit, dès lors qu'il possède un clavier d'ordinateur. C'est dommageable pour les écrivains en herbe qui sont mis dans le même sac. Chez Yago, nous lisons tout, nous respectons les manuscrits qui nous parviennent, mais il faut honnêtement ajouter qu'au vu des tonnes qui nous parviennent, les bras nous en tombent parfois. Pour autant, nous lisons tout, absolument tout, et donnons toujours notre réponse le plus vite possible.
 
Quels sont vos critères de sélection pour éditer un livre ?
YK : L'intérêt du contenu, bien sûr, mais aussi, et surtout, la qualité d'écriture. Un livre mal écrit ne trouve aucune grâce à nos yeux.

Qu'est- ce qui est rédhibitoire et qu'est-ce qui, au contraire, vous enthousiasme ?
YK : Les gens qui nous envoient le résumé d'une histoire qu'ils n'ont pas écrite mais qu'ils écriront si on leur signe un contrat ne font pas affaire avec nous, de plus leur culot me sidère: il faut tellement être humble en littérature ! Editer un livre, c'est une rencontre profonde, humaine avant tout: nous ne sommes pas des fourbisseurs d'egos surdimentionnés ! Ce qui nous enthousiasme ? Un écrit en forme de perle, que nous allons nous attacher à faire étinceler et à faire connaître.

Recevez vous beaucoup de manuscrits par la poste ?
YK : Oui, et nous les prenons en considération de la même manière que ceux que nous remettent certains de nos auteurs, ou des amis d'amis, etc.

D'ailleurs, l'envoi postal est il encore, selon vous, une première étape incontournable pour se faire éditer ?
YK : J'aimerais que ce le soit, plutôt que le copinage et le piston !
 
Question récurrente à chacune de mes interviews : Quelle lectrice êtes vous ? Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?
YK : Je suis une lectrice assidue, je lis même en faisant la queue à la caisse du supermarché !
Mes trois derniers coups de coeurs?
  • Sotah, de Naomi Ragen, aux éditions Yodéa: un livre magnifique, pur et dur, une merveille!
  • Le bateau-usine, de Kobayashi. Un chef d'oeuvre, un événement littéraire!
  • Iles tragiques, chez Flammarion. Des histoires vraies, fascinantes, où l'âme humaine est mise en exergue par le monde clos des îles.
 
Voilà, chère Géraldine.
Encore merci de votre intérêt, de votre implication. Je vous envoie mes plus belles pensées dominicales.
Amicalement,
Yaël

                                                       Merci
                                                             

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 17 Octobre 2009

Tout premier jour de juin, à St Malo. Je suis au festival des Etonnants Voyageurs. Entre deux projections de films ou conférences, me voici arpentant le salon du livre. Et, au détour d'une allée, j'aperçois Carole Martinez.. Son roman, Le coeur cousu, est un véritable succès de librairie. Il a déjà remporté 9 prix littéraires et est encensé sur la blogosphère.
Achat, dédicace, dialogue, obtention de la sacro sainte adresse e.mail sans laquelle je ne pourrais vous livrer cette interview que voici.

Bonjour Carole

Est-ce l'envie d'écrire qui vous a menée à raconter cette histoire où cette histoire qui vous a donné l'envie d'écrire ? 

CM : J’ai toujours écrit. Des poèmes, des nouvelles, des petits bouts de révolte, des tentatives d’extraction de peines, de peurs. Des éclats. La vie prend beaucoup de temps et l’écriture est toujours passée après. Un roman est envahissant, ample, long. Disons que cette histoire m’a menée au roman. Que sans elle, je n’aurai peut-être pas osé, malgré l’envie, me lancer dans quelque chose de plus vaste.

 


J'ai lu quelque part que l'histoire de Frasquita faisait partie de votre patrimoine familial ? Jusqu'à quel point ? Où commence et où s'arrête votre imagination ?

CM : J’ai été élevée dans une cuisine. Ma grand-mère, concierge à Paris, vivait dans sa loge, une pièce unique. Je me rappelle vaguement du lit, de la table, mais, dans mon souvenir, les fourneaux et les parfums de sa cuisine dominent. Elle concoctait des plats typiques du bassin méditerranéen et, au milieu de ses casseroles, elle guérissait des amis, des voisins à l’aide de prières en espagnol. Elle ne parlait jamais de magie, mais de prières. Et pour moi la cuisine, la magie, tout cela s’est mêlé. Elle employait les mêmes ingrédients, les mêmes ustensiles pour l’une et pour l’autre. J’ai baigné dans un monde où les vieilles recettes, les vieilles croyances avaient leur place. En vacances, en Espagne, je l’ai vue guérir des gens d’insolation : pour leur sortir le soleil de la tête, elle leur posait une assiette pleine d’eau sur la tête, disait les paroles rituelles en espagnol, retournait un verre dans l’assiette et toute l’eau montait en bouillant dans le verre. Je trouvais cela extraordinaire et j’essayais de faire la même chose avec ma poupée. Quand elle a eu le téléphone, on l’appelait pour lui demander de guérir les brûlures ou pour aider à la cicatrisation des plaies, et c’était très drôle qu’elle puisse faire cela à distance, comme si la magie pouvait s’adapter à cette époque nouvelle dans laquelle elle ne semblait pas avoir sa place, comme si elle circulait dans les fils électriques, utilisant le progrès. Car le plus important, c’était les mots, ces mots dits dans une langue que je ne comprenais pas et qui pour moi gagnait en force, en mystère. L’espagnol était à mes yeux la langue des secrets. Ma grand-tante, qui était cartomancienne et très persuasive, venait parfois déjeuner chez nous. J’ai donc grandi dans une ambiance très particulière, dans un monde où le merveilleux avait sa place, où la frontière entre les vivants et les morts n’était pas très nette. Le rêve de ma grand-mère a toujours été d’avoir le don de parler aux morts. D’après elle, c’était chose faisable, mais elle n’y parvenait pas. Dans sa cuisine, ils restaient silencieux et cela l’ennuyait. Je ne sais pas si je crois à la magie, je n’ai hérité ni des recettes, ni des prières, elles se sont perdues juste avant d’arriver jusqu’à moi, mais j’aime la poésie et le rêve qui s’accrochent à mes souvenirs d’enfance. J’aime cette beauté des petites choses, des petits gestes, des petites incantations que les femmes de ma famille se sont transmises durant des siècles. J’aime l’idée que les femmes ont inventé un monde du fond de leur cuisine, l’idée d’un contre-pouvoir, le pouvoir magique de la parole murmurée qui s’opposerait à la force physique des hommes. J’aime l’idée d’un espace infiniment poétique et sensuel recroquevillé dans le réduit que le masculin leur a laissé pendant des siècles : la cuisine.Frasquita Carasco, l’héroïne de mon roman, est mon aïeule, la légende familiale raconte qu’elle a fui son petit village d’Andalousie car son mari l’avait jouée au jeu et qu’elle refusait d’être ainsi traitée comme un objet. Dans la vraie vie Frasquita est partie sans payer la dette, elle s’est même échappée pour ne pas la payer. Cette histoire m’agaçait petite, je trouvais que cette femme était bien davantage une victime qu’une héroïne. Je la voulais plus grande, plus puissante, je cherchais comment la rendre maîtresse de son destin, je voulais qu’elle tire tous les fils, je la rêvais à la fois simple et démesurée. Ma famille vient d’Espagne, mais je ne connais pas vraiment ce pays. Je l’ai réinventé comme on se réinvente des racines à partir de récits, j’ai utilisé les souvenirs des autres. J’ai tenté de faire resurgir, par la magie de l’écriture cette fois, un pays des origines. Un monde perdu. Comme dans le récit de Soledad, il n’y a pas la frontière nette entre le réel et la fiction.

 

L’atmosphère semble être un personnage principal de coeur cousu. Elle est cependant très difficile à décrire. Comment la définiriez-vous ?
CM : Un paysage est une sorte de boîte à écho. En ce sens cette terre gavée de soleil assèche mes personnages, les réduit à des ombres, à quelques traits. Quant aux villageois, je voulais qu’ils ne soient qu’une masse qui hurle, qui grogne, qui craint. Une masse pleine d’yeux terrifiés comme dans certains tableaux de Goya. Quelques uns seulement devaient s’extraire de ce magma « bien pensant ».
Pour revenir au paysage, je pense que pour tenter de comprendre les espace dans lesquels nous vivons, nous leur imaginons un sens. L’imagination humaine est sans limites, nous façonnons les paysages en leur inventant des raisons d’être, des noms, autant que ces paysages nous façonnent en nous inspirant des histoires, des rêves, des modes de vie. En ce sens le décor et les êtres qui s’y meuvent dialoguent et participent de la même matière. Peut-être est-ce de cela dont vous parlez quand vous employez le mot « atmosphère ». De cette chaleur, de cette terre et des gens qui y vivent, qui y trouvent une raison de rester ou de partir.

   

 

Pour quel personnage avez- vous le plus d'affection ? Selon vous, laquelle de ces femmes a le destin le plus tragique ? 

CM : Je tiens à toute la famille Carasco. J’aime les sagettes et Lucia. Je ressens même beaucoup de tendresse pour le père. Non vraiment, je ne peux pas répondre à cette question. Mais Pedro el rojo et Lucia la catin restent tout deux en suspens. Je reviendrai peut-être sur ces deux-là, qui n’ont sans doute pas encore vécu tout ce qu’ils avaient à vivre. Lucia devait réapparaître, je ne lui ai pas trouvé sa place et Pédro aurait du mourir, il m’a échappé in extremis en tuant son père. Une surprise. Il a changé son destin, mais je l’ai abandonné comme s’il en était mort.

 


Vous souvenez vous de l'état d'esprit qui était le vôtre lorsque vous avez écrit les premiers mots de "Coeur Cousu ?

CM : Les premiers mots du roman sont les seuls que j’ai déplacés. J’ai arraché la première page, celle qui était censée tenir tout le projet, celle qui avait ouvert mon désir du livre et l’avait longtemps porté, je l’ai arrachée à contre cœur juste avant  de déposer les deux premières parties à l’accueil des éditions Gallimard. Mais je ne me souviens pas vraiment du moment où j’ai écrit ces premiers mots, c’étaient il y a plus de treize ans. On laisse des phrases dans un trou et elles poussent, elles enflent en notre absence. En les relisant, il arrive qu’on leur trouve une force qui nous avait échappée au moment de l’écriture. 

 

Par quel biais avez vous réussi à publier votre premier roman chez un éditeur majeur ? Vous souvenez vous de votre réaction lorsque vous avez appris votre prochaine publication ? Et lorsque vous avez tenu pour la première fois votre livre broché ? 

CM : J’ai déposé les deux premières parties de mon roman à l’accueil chez Gallimard avec une petite lettre expliquant pourquoi le manuscrit était inachevé. Mon congé parental prenait fin et je me sentais incapable d’enseigner et d’écrire à la fois. Mon mari, persuadé que je ne finirais jamais mon livre, m’avait obligé à remettre mon travail à une maison d’édition au moins, n’importe laquelle. Il m’avait permis de m’arrêter de travailler durant un an pour que je mène mon projet à bout. J’en parlais depuis si longtemps et il me semble qu’il en rêvait plus que moi encore. Il m’a toujours imaginée écrivain.  Donc j’ai déposé mon paquet mi juillet, sans l’adresser à quelqu’un en particulier, j’ignorais qu’il y avait plusieurs directeurs éditoriaux. Début septembre, un certain Jean-Marie Laclavetine me rappelait sur mon portable. Je lui ai demandé d’épeler son nom, il ne s’en ai pas offusqué. Pourtant en regardant sur internet, j’ai eu honte de mon ignorance, il avait déjà écrit tant de romans. J’ai mis sept mois à terminer mon texte. Ensuite, il est passé devant  le comité de lecture. Jean-Marie Laclavetine m’a rappelée pour m’apprendre la bonne nouvelle. J’ai attendu de recevoir mon contrat, terrifiée à l’idée qu’ils changent d’avis. Le contrat signé, je n’étais pas plus rassurée puisqu’ils avaient je crois douze mois pour sortir mon livre. Je me disais : « ils ne le feront pas ». Il est paru onze mois après.

 

 

Votre roman a remporté immédiatement un vif succès : nombreux prix littéraires et reconnaissance unanime des lecteurs. Savez vous combien d'exemplaires se sont vendus ? Cela ne donne -t-il pas un peu le  vertige ?

CM : Entre le poche et le grand format, je dois en être à plus de 150 000 exemplaires vendus. Pour un livre sorti à 3000 exemplaires, c’est incroyable.  Mais non, cela ne donne pas le vertige, on ne remarque rien. Cela reste très discret, presque irréel. Je n’ai encore jamais vu quelqu’un lire le Cœur cousu dans le métro.



Dotée comme vous l'êtes d'un tel lyrisme, d'une telle élégance et d'une telle minutie dans l'écriture , pourquoi avoir attendu si longtemps pour écrire un roman ? D'ailleurs, Coeur Cousu est il vraiment votre premier roman où y a t-il d'autres livres ou bouts d'histoire cachés dans un tiroir ?

CM : Avoir de l’imagination peut être très angoissant. J’en souffre assez pour savoir que j’en ai . Le style, c’est autre chose. Je ne me sens pas sûre de moi , je doute énormément et j’ai toujours douté. Peur de desservir mes personnages, mes histoires. Peur de ne pas être à la hauteur de mon rêve. Peur de l’échec. Autant de raisons de ne jamais finir le texte entamé. Et puis il y a la vie, les amis, les enfants, l’amour.  L’écriture n’est pas tout. J’avais écrit un livre pour la jeunesse dix ans plus tôt. Roman envoyé par la poste et publié chez Pocket. A part cela, je n’ai dans mes tiroirs que des poèmes, des nouvelles, des contes écrits pour ou avec mes enfants.

 


Je suppose que vous êtes de nouveau au travail pour nous offrir bientôt un deuxième magnifique roman. Son sujet est il classé top secret ou peu on avoir un tout petit avant goût ??? Si le succès était toujours au rendez vous, ce pourrait il que l'écriture devienne votre principale occupation ?

CM : J’ai gagné une sorte de seconde jeunesse et une petite justification en écrivant. Ce roman a été une clé, il m’a ouvert des lieux, un milieu qui me semblaient inaccessibles, des lecteurs se sont confiés. Les possibles se sont multipliés. Cette sensation d’entamer une autre vie à quarante ans passés est extraordinaire. J’avoue que j’aimerais que tout cela dure, que les histoires me sortent du corps, que les livres jaillissent. En fait,  les choses ne viennent pas si vite, si facilement. Créer un personnage, lever un univers romanesque prend du temps.

J’aime énormément enseigner, mais je m’amuse encore davantage en bâtissant un village, un château, un être à l’aide de quelques mots. Une feuille, un crayon et du temps.  J’espère donc pouvoir continuer à écrire, moi qui ne parviens pas à faire deux choses à la fois.

Quant au prochain roman, j’y suis plongée. Un univers de forêt, de vieilles pierres et d’ombres humides. Une histoire d’amour et de jalousie. Un travail sur la force de l’imaginaire, sur l’invention de la personne avec laquelle on vit. Sur le mystère que reste l’autre même quand il dort dans notre lit, sur la part qui nous échappe, sur les blancs où tout est à broder.



Enfin, question incontournable sur ce blog, quelle lectrice êtes vous ? Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?

CM :Je lis très lentement et par crises. Mes derniers coups de cœur ?

Ma grande découverte de cet été, c’est « La légende de Gösta Berling » de Selma Lagerlof que je n’avais jamais lue.

« Avec les moines-soldats » de Lutz Bassmann (un pseudo de Volodine)

«  L’attente du soir « de Tatiana Arfel , un magnifique premier roman.

« A l’angle du renard » de Fabienne Juhel

« Mangez-moi si vous voulez » de Jean Teulé

« Paradis noir » de Pierre Jourde

Et dans la rentrée de septembre :

« La double vie d’Anna Song » de Minh Tran Huy

«  Ce que je sais de Véra Candida » De Véronique Ovaldé

Mais je suis passée à côté de beaucoup de romans, il va falloir que je me rattrape. Et j’en oublie sûrement.



                                                  merci 23 
                                  Je vous dis merci avec ce coeur cousu qui semble cousu !

   

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 8 Octobre 2009

Nicolas Ancion est un auteur fidèle à ce blog. C'est le premier auteur l'avoir visité et à y être intervenu... C'est plus vite que l'éclair qu'il a accepté une deuxième interview et qu'il y a répondu.

L'auteur a écrit l'un des 670 livres et quelques parus pour cette rentrée littéraire 2009. Son roman s'intitule "L'homme qui valait 35 milliards" et est chroniqué
ICI.

Dans cette histoire, deux kidnappeurs enlève la 4ème fortune mondial. Pour des raisons données au fil des pages, ils demandent à leur otage d'estimer sa propre valeur.

Nous partons donc pour une interview "la valeur des choses".


  Quelle valeur ce roman ci a-t-il a tes yeux par rapports aux autres de tes oeuvres ?
NA : Le petit dernier, c'est toujours celui auquel on tient le plus car  on  ne sait pas ce qu'il va devenir. Les autres livres, je les connais déjà bien, je sais ce que les lecteurs en pensent, ce qu'ils apprécient ou pas. Du moins, je crois le savoir (chaque lectrice et chaque lecteur a sa propre opinion, bien entendu). Ce livre-ci est beaucoup plus risqué que d'autres que j'ai écrits parce qu'il est en prise directe avec l'actualité. C'est une fiction, un vrai roman, mais avec de gros bouts de réalité dedans : la crise économique, la crise financière, la misère, la télévision et surtout Lakshmi Mittal, le patron du groupe ArcelorMittal, que tu as cité en ouverture.

Quelle est la valeur d'un gros billet de banque ?
NA : valeur faciale, je ne sais pas. Mais s'il dépasse de mon portefeuille ou que je dois le plier en deux pour l'y faire entrer, c'est mauvais signe. Les billets de plus de 50 EUR, je ne les vois jamais.

Si le bonheur était à vendre, quelle serait sa valeur ?
NA : Le bonheur n'a pas de prix. S'il était à vendre, ce serait à un prix si bas que tout le monde se rendrait à l'évidence, il est à la portée de chacun, à partir du moment où on arrête de courir après les sous.

Est-ce que toute chose possède forcément une valeur ?
NA : Oui, si on entend par valeur non pas le prix mais l'importance qu'une chose revêt aux yeux de quelqu'un. Un bout d'asphalte mal égalisé par le rouleau-compresseur peut intéresser le promeneur, qui va s'y intéresser, poser le regard dessus et, tout d'un coup, prendre conscience du travail que ça demande d'égaliser une route sur des kilomètres. Un graphiste peut passer par là, prendre le coin de route en photo et s'en servir comme image de fond pour une pub, une illu de livres pour ados... 

Quelle valeur donnes tu au travail ?
NA : Je pense qu'il y a en chacun une aspiration à construire des choses, à créer, à bâtir bien plus qu'à consommer. L'oisiveté et la consommation ne donnent satisfaction à personne. Le bonheur, ce n'est pas ne rien foutre, c'est faire ce qu'on aime avec les gens qu'on aime. Le travail pourrait épanouir les gens mais c'est trop rarement le cas car on y ajoute souvent d'autres notions (comme la rentabilité et l'efficacité...) et beaucoup plus rarement d'autres (comme l'épanouissement ou l'équilibre). Je suis très heureux du travail que j'accomplis chaque jour, je l'ai choisi et je le fais par passion mais j'ai l'impression que nous ne sommes pas nombreux dans le cas. Beaucoup de gens sont rendus malade par un travail qui les ronge moralement et physiquement. Ils donnent trop et ne reçoivent pas grand chose en échange.
 
Quel est la valeur du succès ?
Le succès est une chose formidable, quand il est mérité, c'est-à-dire quand il permet de faire connaître à un public toujours plus large des oeuvres intéressantes. Mais ce n'est pas le succès qui donne de la valeur aux choses : quand je vois quels sont les livres qui se vendent le plus, quels sont les films qui font le plus d'entrées et quelles émissions sont les plus regardées, j'ai du mal à croire que le succès repose sur des critères de qualité ;-) 

"La valeur n'attend pas le nombre des années"... Que penses tu de ce dicton ?
NA : Le début de la phrase c'est "Aux âmes bien nées" et là je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas la naissance qui donne la valeur aux gens, c'est leur rage de vivre, de se dépasser et d'aller toujours plus loin. Ma citation préférée est de Tristan Tzara : "On ne mordra jamais assez dans son propre cerveau".

Quelle est la valeur d'un Homme ?
NA : De nos jours, rien du tout, dans l'absolu. La valeur des 3000 morts dans les tours du World Trade Center est bien plus élevée que les millions de gens qui crèvent de faim et de misère dans les pays du tiers-monde. La vie humaine n'est pas une valeur sacrée, en soi. Un chanteur de variété se fait opérer du colon comme des millions de ses congénères, cela fait l'objet de titres au journal télévisé alors qu'au même moment on remballe aux frontières de l'Europe des centaines de types qui essaient de venir chez nous, en les repoussant à la mer ou en les abandonnant sans eau dans le désert. On ne les exécute pas, on les envoie se faire tuer par la nature. Si Johnny essayait d'entrer en Europe à Ceuta ou à Chypre, on ne lui demanderait pas de chanter un morceau avant de lui tirer dessus à balle de caoutchouc ou de le renvoyer à la flotte. Les humains ne sont pas égaux devant la vie et devant la mort. Après, oui. Une fois qu'on est dans la tombe, on est moins sujet aux inégalités, je pense.

Quelle est la valeur du rire d'un enfant ?
NA : Je pense que les sourires et les rires sont universels, eux. Un vrai fou rire est contagieux et fait du bien à tout le corps. Un enfant heureux, ça déteint forcément sur les adultes qui le voient et ça, c'est merveilleux, ça permet de garder confiance dans l'être humain. Tant qu'on peut être ému, tant qu'on est capable de rire avec d'autres, c'est qu'on n'a pas perdu toute humanité. 

Que penses tu de la citation de Ali Ibn Abu Talib " est perdu celui qui ne connaît pas sa juste valeur" ?
NA : Cette citation me parle parce que je pense qu'il est impossible justement de deviner ce qu'on vaut vraiment. On ne vaut pas grand chose, on est remplaçable pour la plupart des choses qu'on fait, on n'a pas grande valeur ; on est donc perdu d'avance. C'est justement pour ça qu'il y a de bonnes raisons de tenter de se battre et de s'en sortir. D'inventer sa propre voie. Si c'était gagné d'avance, il n'y aurait pas de combat et donc pas d'histoire à inventer... puis à raconter.


                                                    

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 17 Septembre 2009

Michèle Barrière... Membre du conseil scientifique de Slowfood France (mouvement pour la sauvergarde du patrimoine culinaire mondial, elle fait partie de l'association Honesta Voluptae et est aussi journaliste culinaire.

Elle est aussi l'auteur de plusieurs romans noirs, historiques et gastronomiques, dont
Souper mortel aux étuves.

Rencontrée au Festival des Etonnants Voyageurs de St Malo, elle a gentillement accepté de répondre à une cyberinterview pour ce blog, nous donnant ainsi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur une auteure singulière.

 

 

 

 

 

Le moins que l'on puisse dire, c'est que votre CV est assez complexe et impressionnant (histoire, écologie, gastronomie, écriture, association)... Impossible de tout traiter ici ! Comment vous définissez vous, quelle casquette épice le plus votre vie ?
MB : Impossible de saucissonner! Toutes ces expériences sont les ingrédients qui font ce que je suis aujourd’hui: quelqu’un qui aime la vie et les gens.


Comment tombe-t-on ainsi dans la marmite de la gastronomie ? Comment d'historienne gastromique devient-on romancière ? Quel sauce vous lie à l'écriture ?
MB : Le plaisir de mettre en scène les cuisiniers, les produits, les savoir-faire qui ont façonné notre goût et nos plaisirs au cours des siècles. L’envie de leur rendre hommage et de les faire connaître, d’étonner et de chatouiller les papilles des lecteurs.


Quel est pour vous le plus grand plaisir dans votre travail de romancière : créer personnages et histoires ou distiller et partager moult détails culinaires ? D'ailleurs, où trouvez vous toutes ces recettes ?
MB : Souffrance et plaisir! Pas facile d’imaginer des histoires qui cadrent avec la réalité historique et qui fassent passer un bon moment aux lecteurs. Mais une fois que les personnages sont là, je partage leur vie! Toutes les recettes émanent de traités culinaires ayant existé. J’ai donc une petite collection de livres anciens. Pour les plus rares, je vais les consulter à la Bibliothèque nationale. 


Avez vous testé toutes les recettes que vous livrez à la fin de votre roman ? Quelles sont vos deux recettes favorites ?
MB : Je teste toutes les recettes auprès d’un groupe de “cobayes” amis et voisins qui ne se plaignent pas! Nous ne gardons que les meilleures. Difficile de n’en donner que deux. Mais allons-y! Le canard à la sauce douce, une recette de 1650 qui est un vrai miracle de saveurs. Et la dernière que j’ai testée il y a deux jours: une glace du XVIII° siècle qui a failli provoquer une émeute à table....


On vous sens très complice du personnage principal de « Souper mortel aux étuves ». Comment est née Constance ? Vous êtes vous inspirée de quelque personnage historique ?
MB : Détrompez-vous! Au début du roman, je ne m’entendais pas du tout avec Constance. Elle m’énervait car elle n’arrêtait pas de pleurer... Je ne savais plus quoi faire d’elle... Mais je ne pouvais pas m’en séparer: elle est la jeune épouse de l’auteur du Ménagier de Paris (écrit vers 1393) qui a réellement existé. Nos relations se sont apaisées quand j’ai introduit dans le roman....un chien.... qui faisait rire Constance... Et moi par la même occasion !


Dans la vie, qu'est-ce qui pour vous est piquant, doux, amer, acide et salé ? Que vous évoquent ces saveurs dans votre quotidien ?
MB : Piquant: une histoire qui me fait rire
Doux: la crèpe mangée cet été à douarnenez
Amer: les limaces qui dévastent tout dans mon potager.
Acide: le verjus, génial produit utllisé au moyen âge
salé: la même crêpe à Douarnenez



Vous êtes une historienne réputée. Quelle période de l'histoire de France vous régale le plus et pourquoi ?
MB : Je ne suis pas une historienne réputée. Je n’ai aucune fonction universitaire. Je suis une modeste historienne qui prend un immense plaisir à raconter des histoires de l’Histoire. J’a une grande affection pour le XVI° siècle, siècle de toutes les découvertes, de l’humanisme, d’artistes incroyablement imaginatifs, de scientifiques curieux de tout et d’une cuisine épicée, sucrée-salée qui est une véritable merveille.


Vous avez énormément voyagé sur plus d'une décennie. A quand un roman noir, voyage et saveurs d'ailleurs ? Dans quel pays pourrait il se dérouler ?
MB : Il me faudrait une autre vie... Pour les saveurs et le plaisir de manger, le choix est vite fait: au Vietnam. A ce propos, je conseille les polars historiques géniaux et terriblement gastronomiques de
Thanh-Van TRAN-NHUT.


Vous êtes une militante écologique active, membre des associations « De honesta voluptae* », « Slow food *» et « l'arche du goût *». Même question, à quand un roman noir écologique ?
MB : Encore une autre vie... Mais j’ai conçu une série qui met en scène une équipe d’enquêteurs sur les produits menacés de nos jours: thon rouge, caviar, abeilles... Peut-être verra-t-elle le jour un jour....


Quelle lectrice êtes vous ? Quels sont les trois derniers romans que vous avez savourés ?
MB : Eclectique, mais avec une prédilection pour les polars américains, anglais, nordiques.
L’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón
La justice de l’inconscient de Frank Tallis.
Et je suis en train de lire Le prince foufroyé, la vie de Nicolas de Stael de Laurent Greilsamer qui me plaît bien.



Une question subsidiaire qui me fait dépasser mon quota habituel de dix questions mais que je meurs d'envie de vous poser : quelle gastronomie régionale préférez vous ?
MB : La cuisine napolitaine, un festival de saveurs ancrées dans une histoire archi-millénaire et des produits de rêve.


*De honesta voluptae : Association  qui prône l'histoire de l'alimentation comme discipline universitaire.

 

*Slow Food : mouvement  international qui cherche à combiner plaisir de la table avec le respect de  l'environnement et de la production agricole.

 

* L'arche du goût : Association  pour la réhabilitation des produits du terroires


                                         


Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 9 Septembre 2009

Franco-britanique née en 1961, Tatiana de Rosnay est journaliste pour les magazines "elle" et "psychologie". "Elle s'appelait Sarah", le premier roman qu'elle a rédigé en Anglais l'a fait connaître dans le monde entier, notamment aux Etats-Unis. Vingt huit pays en ont acheté les droits et une adaptation cinématographique en est en cours.

J'ai publié récemment mon billet sur le livre "Le coeur d'une autre", un livre magnifique écrit dans la deuxième partie des années 90. Et c'est aussi rapidement que gentillement que Madame de Rosnay a accepté de répondre à une interview exclusive un peu particulière !







Bonjour Madame de Rosnay
 
Comme c'est le livre "le coeur d'une autre" qui nous réunit ici, cette interview aura le mot coeur comme fil rouge. Ceci afin de mieux vous connaitre, de savoir quelles émotions habitent votre coeur, vous qui, dans votre livre, faites du coeur le siège des émotions... Bien sûr, il n'est nullement question d'aborder ici votre vie personnelle ou familiale.




Pour écrire ce livre, vous y avez mis certainement tout VOTRE COEUR. L'écriture, la recherche, les rencontres ont ils donnés lieu à des moments et sensations indédits ? Qu'est-ce qui vous a le plus pris à coeur ?  

TDR : J’avais envie de parler de ce que ressentent les greffés, de ce moment particulier, sans doute très émouvant, où on se réveille avec le cœur de quelqu’un d’autre qui bat dans sa poitrine. Et aussi, pour les familles des donneurs, de savoir que le cœur de leur proche palpite dans un autre corps…

 

Que pensez vous du dicton "A COEUR vaillant, rien d'impossible" ?

TDR : Je le trouve beau, certes, mais peut être un peu naïf ?

 

De quoi rêvez vous de TOUT VOTRE COEUR ?

TDR : Qu’il n’arrive rien de grave à ceux que j’aime de tout mon cœur.

 

Qu'est-ce qui vous met du BAUME AU COEUR ?

TDR : Les marques d’amour, d’amitié, de tendresse.

 

Qu'est ce qui vous DONNE LE COEUR GROS ?

TDR : La bêtise, l’injustice, l’égoïsme.

 

Que savez vous PAR COEUR : un passage de vos livres ? Une chanson ? Un poême ? Un film...

TDR : Une chanson de Carole King, You’ve got a Friend. Et le début de Rebecca, de Daphne du Maurier.

 

Qu'est ce qui vous SOULEVE LE COEUR ?

TDR : L’odeur de vomi !

 

Qu'est ce qui vous fait rire DE BON COEUR ?

TDR : Louis de Funès.

 

Quel est celui de vos romans qui vous TIENT le plus A COEUR ?

TDR :La Mémoire des Murs. Mais aussi Elle s’appelait Sarah, car ce livre là a changé ma vie.

 

Quels sont vos trois derniers COUPS DE COEUR littéraires ?
TDR : L’hôtel des adieux de Brad Kessler, Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, L’été d’après de Francine Prose.

 

Merci !

                                                                   






Clip de Carole King " You've got a friend" Live

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 6 Août 2009

Fin mai, j'avais pris la direction de St Malo pour le Festival des Etonnants voyageurs. Là se tient aussi un salon du livre. J'y ai croisé Moussa Ag Assari, le célèbre Touareg qui vit en France.

J'ai acheté son premier livre : Y'a pas d'embouteillage dans le désert". Vous pouvez en lire la chronique ICI

Moussa Ag Assari a accepté volontier de se prêter au jeu de l'interview exclusive. C'est avec plaisir que je la partage avec vous ici !












 
Votre livre "Y a pas d'embouteillage dans le désert" remporte un vif succès porté surtout par le bouche à oreille. Vous y attendiez vous et quelles satisfactions cela vous rapporte-t-il ?
Je ne m'attendais pas du tout à ce succès aujourd'hui mondial de mon premier livre qui a déjà été traduit en plusieurs langues: Espagnole, Italien, Coréen et sortira bientôt en Catalan et en Arabe. Pour moi c'est une histoire qui a changé ma vie car depuis qu'il est sorti je suis invité partout dans le monde pour en parler. Je suis très heureux de ce bon accueil des lecteurs qui me tutoient spontanément dès qu'ils l'ont lu. Je l'ai écris avec les larmes de mon coeur qui étaient à l'époque de joie et de tristesse mais depuis qu'il est sortit il ne reste plus que ceux de joie.
Le deuxième "Enfants des Sables" que j'ai coécris avec mon frère Ibrahim, suit le même chemin aussi.
 
Ce que vous ne dites pas dans votre livre, c'est ce qui vous a conduit à écrire ce livre et comment vous êtes parvenu à le faire éditer. Pouvez vous nous éclairer sur cette part obscure !!??
C'est une histoire toute singulière: j'ai écris une lettre à mon père dans laquelle je lui raconte le TGV et j'ai découvert que la SNCF (chemin de fer français) organisait un concours pour fêter le milliardième voyageur du TGV. J'ai participé avec ma lettre à mon père et j'ai été lauréat avec plus de 15 000 km. J'ai visité 7 pays limitrophes de la France et à mon retour j'ai rencontré par hansard (mais il n' y a pas de hasard) un homme avec lequel je discutte en lui faisant lire ma lettre à mon père et il m'apprend qu'il est éditeur et interessé par un livre à l'image de cette lettre. Tout est partit de là et vous connaissez la suite.
 
Si un seul mot devait vous qualifier, lequel choisiriez vous : Touareg ou Malien, et pourquoi ?
Je suis Touareg malien et citoyen du monde. Je suis né dans ce beau pays et ma famille y habite toujours. J'y suis très attaché avec ses tempêtes de sables et ses richesses culturelles.
 
Quel est le premier conseil que vous donneriez à l'un de vos frères touaregs qui viendrait comme vous étudier en France ?
Ouvre ton coeur au monde, apprend à en être acteur toi aussi et enrichis-toi du savoir, fréquente les bibliothèques, y un trésore est caché dédans. Mais n'oublie jamais d'où tu viens: ta famille et ta culture doivent rester tes fiertés. Préserves-les et ne cède pas aux tentations abusives du monde occidental.
 
Quand vous êtes en France, qu'est-ce qui vous manque le plus du Mali ? De même quand vous retournez au Mali, qu'est-ce qui vous manque le plus de la France ?
Ce qui me manque le plus du Mali en France: la chaleur humaine de ma famille, le lait de chèvre frais et les couchés de soleils sur les dunes. Et quand je suis au Mali ce qui manque le plus de la France:mes amis français, une tartine de Nuttela à 4 heure une glace à la vanille quand il est midi et qu'il fait 45 à 50°.
 
Les Touaregs sont nomades... Quel est le pays visité qui vous a le plus plu et quel est celui que vous rêveriez de visiter ?
J'ai beaucoup aimé l'Andalousie et ses plages mais je pense sincèrement je trouve que la France est belle et bien riche de toutes ses diversités pour l'avoir sillonner dans tous les sens et à toutes les saisons.
Je rêve de l'Australie et de ses dromadaires et Kangourous

 
Votre premier coup de coeur littéraire a été Le petit Prince. Quel est le dernier ?
Mon dernier coup de coeur est: "Les rêves de mon père" de Barak Obama
 
Quel genre de lecteur êtes vous : passionné, occasionnel, plutôt littérature française, plutôt polars... ?
Je suis surtout un lecteur passionné mais je lis aussi un peu de tout nottement les biographies et les recits d'aventure.
 
Vous repartez bientôt passer un mois au Mali. Quels sont les 3 livres que vous pensez amener avec vous ?
J'apporte avec moi un livre pour apprendre l'Espagne et "un monde sans pauvreté de Mohamad Younous, le prix nobel de la Paix 2006. Je dois écrire une partie de mon 3ème livre dont j'ai déjà signé le contrat avec les Presses de la Renaissance avec Nathalie Valera Gil sur la Caravane du Coeur et "comment aider les riche?"
 
Les touaregs sont réputés comme étant de grands conteurs... A quand un roman sorti de votre imagination ?
J'ai déjà commencé depuis 2005 l'écriture d'un roman inspiré de la réalité. C'est juste une histoire de temps
 
Je vous laisse le mot de la fin, si vous voulez nous parler un peu de votre association...
En France, je m'occupe avec des amis de deux associations Ennor France à Angers et Caravane du Coeur à Montpellier dont les objectifs sont le soutien de nomades du Nord du Mali dans les domaines de l'éducation, la santé et l'eau.
On les trouve facilement sur internet car elles ont des sites.
Je suis en train de créer une agence de voyages pour en organiser au désert du Mali et Tunisie. Elle s'appelle Tapsit Voyages.
Un film documentaire intitulé "L'Ecole des Sables" sur mon parcours vient de sortir, il est produit par Cinergie Production.

Ma dévise reste: Toujours m'adapter à la réalité sans jamais renoncer à l'idéal.


Bon été et à très bientôt.
Amicalement, Moussa



Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 28 Juillet 2009

Le 25 mars dernier, je fêtais mon anniversaire. C'est aussi ce jour là que l'écrivaine Irène Frain a choisi pour venir dédicacer sa dernière oeuvre dans une grande enseigne rennaise. Bien entendu, j''y suis allée avec mon exemplaire des "Naufragés de l'ile de Traumelin", que j'avais reçu de "Chez les filles". Je n'avais pas encore lu ce livre, chose faite depuis, j'en ai d'ailleurs écrit une chronique élogieuse sur ce blog (que vous pourrais lire en cliquant sur le lien ci dessus).

Rencontre donc avec Irène Frain, qui présente d'abord son livre, l'histoire qui la fascine, le travail accompli, le séjour sur l'île maudite,  aidée par le support d'un reportage photo. De mon côté, je découvre une femme passionnée et captivante, qui maîtrise son sujet avec un tel enthousiasme qu'elle ne peut laisser indifférente. Je rechignais un peu à lire ce docu fiction jusqu'à lors, et je suis repartie du magasin convaincu par le sujet et par son auteure. Cette lecture m'a plus qu'emballée ce qui, par les temps qui court est assez rare pour le souligner...


Toujours est-il que, vous qui commencez à me connaitre, je n'ai pas résister à la tentation de demander à Irène Frain son adresse E.Mail dans la perspective d'une interview pour ce blog, interview que voici :




Vous considérez vous plus comme lectrice ou comme écrivaine, à moins que l'un n'aille pas sans l'autre ?
IF : Lire, c’est écrire. Et écrire, c’est lire. Et re-relire! Et réécrire!

Quel fut votre premier coup de coeur littéraire et quel est l'événement déclencheur qui vous a fait prendre la plume ?
IF : Alice au Pays des Merveilles, je pense. Dès lors , j’ai compris que l’écriture, comme la lecture, pouvaient réenchanter le monde. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Le passage à l’acte d’écrire obéit à des pulsions et cheminements extrêmement complexes et obscurs.

Venons en au livre qui nous réunit ici, "les naufragrés de l'île Tromelin". Qu'est-ce qui vous a décidée à écrire sur ce sujet ?
IF : La rencontre avec le sujet. L’intérêt des archives ( deux versions des mêmes faits et des scripteurs bien identifiés  suscpetibles de se transformer en héros ) Enfin le choc de l’île. Car j’y suis allée! Alors même qu’on me disait que c’était impossible!

Je vous ai senti très investie, passionnée et très documentée. Ce livre vous habite-t-il encore ?
IF: Il m’habitera toute ma vie. Comme chacun de mes livres. J’ai toujours l’impression d’avoir connu mes héros dans une autre vie, notamment le magnifique Castellan.

Comment vous y êtes vous prise pour travailler ? Avez vous dû faire preuve d'une rigueur et d'un ordre précis et spécifiques à cette écriture ?
IF : Méthode et inspiration. Raison et imaginaire. Investigation rationnelle des archives, interviews des spécialistes, puis abandon au romanesque. Ce livre est un équilibre entre documentaire et fiction, avec une cohérence entre les deux qui a séduit les lecteurs.

Quel est le plus fort souvenir que vous gardez de votre séjour sur l'île de Tromelin ?
IF : Mon arrivée. Le vent incessant. Le fracas permanent des déferlantes. La blancheur éblouissante des sables. L’ancre, ultime témoin du drame ( c’est la couverture du livre). Le petit désert de pierre. Je m’entends encore: “ Mais c’est la planète Mars!” le sentiment d’abandon quand l’avion, un Transal de l’armée, a disparu à l’horizon. (Toutes ces images sont sur le site http://www.lesnaufragesdeliletromelin.fr/ et irenefrain.com )

En lisant ce livre, on se demande ce qui tient de la réalité, de votre imagination ou de votre déduction. Pouvez vous nous éclairer un peu...
IF : Ce serait trop long et je m’en suis expliquée dans l’avant-propos. J’ai donné chair aux personnages, essentiellement. Et bâti une histoire en naviguant au plus près de ce que j’avais découvert dans les archives à force de les lire, relire et re-relire. J’ai reconstruit les ressorts humains. Ils sont universels. Pas besoin d’avoir des diplômes pour çà. Il suffit de ne pas avoir le coeur sec!

Vous avez une bibliographie impressionnante ! Laquelle de vos oeuvres préférez vous ?
IF : Comme les parents avec les enfants : toujours le petit dernier! Et je ne regarde jamais en arrière...Ce qui est écrit est écrit.

On dit que les Bretons sont voyageurs. Vous confirmez ?
IF : Oui, beaucoup d’entre eux. Mais ne généralisons pas. Certains sont aussi très sédentaires. Notre caractéritique première, néanmoins, c’est l’esprit d’aventure.

Si vous deviez échouer sur une île déserte, quels sont les 3 livres que vous aimeriez avoir avec vous ?
IF : Toute la littérature mondiale réunie sur un support électronique fonctionnant à l’énergie solaire! Je suis fille de tous les livres écrits, comment choisir? 


                                   

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0

Publié le 20 Mai 2009

 Une autre écrivaine se promène sur la blogosphère. Il s'agit d'Isabelle Ménétrier, auteure entre autre de "Le diable a osé" et  "D'amer et d'amour". Isabelle a bien voulu se prêter à mon jeu de l'interview maison. Voici donc ces questions / réponses !

J'attire votre attention sur un fait : on n'a jamais trop de polars pour l'été ! Un voilà un de plus !




Isabelle, quel chemin t'a menée à l'écriture ?
IM : Celui de la lecture. Je n’avais pas six ans, je dévorais les histoires de la Comtesse de Ségur, d’Enid Blyton, Georges Chaulet, etc… Le goût d’écrire je l’ai dès le primaire et il ira crescendo à partir de la découverte de Saint-Exupéry, Simone de Beauvoir, Camus, Vian. A treize ans, je démarrais mon premier ouvrage, un recueil de poèmes que j’achèverai trois ans plus tard, d’où son titre Interdit aux plus de seize ans. A partir de là, les affres de la page blanche ne m’ont plus jamais lâché…
 
Après un recueil de nouvelles intitulé " D'amer et d'amour", tu viens de publier un deuxième roman, policier cette fois-ci, titré "Le diable a osé". Peux tu nous présenter ce livre en quelques phrases ?
IM :  Un frère et une sœur ont connu dans leur enfance une nuit cauchemardesque au cours de laquelle leurs parents ont été assassinés. Des années se passent jusqu’à la chute mortelle d’un vieillard dans sa cave. L’officier de gendarmerie ne se satisfait pas de la cause accidentelle. Pourquoi ? A tort ou à raison ?

 
Ton site internet dit : Le diable a osé vient de paraître et risque de faire débat sur les thèmes dont il traite. En quoi donc ce livre risque -t-il de faire débat ?

IM : Par ce livre, j’ai pu aborder des thèmes universels tels : la mort avec l’absence, l’ignorance sur l’après-mort, le travail de deuil, les rêves prémonitoires ; sur la vie avec la solitude, la haine, la soif de vengeance, l’amour filial, la relation amoureuse ; la beauté, la vieillesse et sa déchéance ; et pour finir, je parle de l’univers carcéral, des avancées médicales et les dérapages déontologiques de quelques médecins fous. De quoi débattre durant des heures !

 
Où as tu puisé ton inspiration pour créer cette histoire, à moins que tout ne vienne de ton imagination ?
IM : (Hésitation…). En fait, l’idée de départ vient de très loin. Je n’étais qu’une enfant en région parisienne lors de la cavale meurtrière du couple maudit Maupetit et Terriel. La police était sur les dents, la presse aussi. La gamine et la graine d’écrivain en moi ont conservé la douleur de cette famille qu’ils ont détruit, faisant deux orphelins. En écrivant Le diable a osé, j’ai souvent pensé à êux. Nous sommes de la même génération. J’espère qu’ils ont pu se reconstruire, autant que faire se peut…
 
Il a -t-il une méthode spécifique pour construire un roman policier. L'as tu suivi ou bien as tu suivi ton instinct ?
IM : Une méthode « spécifique » ? Je ne sais pas. Évidemment, c’est un genre qui réclame rigueur et exactitude. Pour l’intrigue, j’ai établi un plan et je m’y suis tenue. En ce qui concerne les personnages, les lieux, les faits parallèles à l’histoire principale, j’ai lâché la bride à mon imagination.
 
Quelle serait pour toi le plus belle des récompenses suite à la sortie de ce livre ?
IM :  Voyons… J’adorerais me balader sur la plage cet été et de croiser des lecteurs plongés dans le diable a osé. Ce doit être une impression enivrante…
 
Comment, en étant Bretonne, en arrive-t- on a être édité par une maison niçoise ?!! N'y-a-t-il pas de Breitz éditeurs ?!!
IM : Bien sûr qu’il y a des éditeurs bretons ! Seulement avec Pietra Liuzzo, c’est d’abord une rencontre sur le net. Elle a débarqué dans ma vie littéraire après un passage en compte d’auteur (erreur de jeunesse) pour Interdit aux plus de seize ans, puis une rupture avec une boîte d’impression à la demande pour A la croisée des chemins. J’en étais malade, j’avais sorti les tomes 1 et 2 et je me retrouvais avec le 3 dans un placard ! Pour des questions de droits, je savais qu’il se passerait un certain temps avant que je puisse le faire rééditer ailleurs dans sa totalité. A cet instant, sans Pietra, j’aurais continué d’écrire (puisque cela m’est vital), mais j’aurais renoncé à l’édition. Alors mon attachement, ma fidélité peuvent agacer, surprendre, mais je sais ce que je lui dois.
 
Tu es très présente sur le net (un fan club, un livre d'or, un site officiel + 2 livres en éditions à la demande). Le net est il un média incontournable pour l'écrivain qui souhaite se faire connaître ?
IM :  Oui et non. Disons que pour un auteur aussi peu médiatisé que je le suis, oui, le net s’avère incontournable pour se faire connaître. Mais sincèrement, je préfèrerais un peu plus d’exposition médiatique et ne surfer que pour le plaisir. J’y ai fait de belles rencontres : outre mon éditrice, Dana, qui m’a créé un fan-club, l’écrivain Richard Keller qui a gentiment préfacé mon diable. Toi Géraldine ! lectrice passionnée et curieuse. Mon site officiel résume l’essentiel de ma bibliographie, de mon actualité et comprend donc un livre d’or où je tâche d’aller répondre régulièrement. Mais j’échange surtout à partir de mon blog. J’essaie d’en faire un lieu interactif entre les internautes. Je réponds aux commentaires, j’offre des livres à gagner (pas seulement les miens d’ailleurs !). J’ai envie que le net demeure en premier lieu un loisir. Le vrai média incontournable est ailleurs.
 
Quelle lectrice es tu ? Assidue, régulière, dilettante, passionnée ? Quel genre de littérature préfères tu et pourquoi ? 

IM : (Rires). Je suis tout cela à la fois ! Un genre seulement ? Comment trancher ? J’aime la littérature 19ème pour sa société coincée entre les traditions et un modernisme naissant, la littérature jeunesse me détend et me rajeunit, la littérature policière m’embarque à vive allure, la littérature romanesque m’émeut, la littérature poétique m’enchante. Et j’en oublie… En clair, je choisis tout !

 
Quelles sont tes habitudes et tes manies d'écriture. Soir, matin ? Isolement ? A la terrasse d'un café ? Une heure par jour, toute la journée... bref, on veut tout savoir !!!
IM : Quand je viens de finir un manuscrit, je souffle. Pour le diable par exemple, j’ai attendu sa parution et les premiers retours de lecteurs avec fébrilité. Un mois plus tard, les choses reprennent leur cours normal, entre la promo et ma vie quotidienne. Souvent c’est dans ce retour à la routine que mes rouages d’écrivain se remettent à tourner. Au départ, je cherche l’idée, tant que je ne la tiens pas du début à la fin, je rumine. Enfin, j’ai le point final, et aussitôt j’attrape mon stylo et je commence l’écriture. J’aime travailler dans le calme, musique en fond sonore, cafetière toujours remplie. En journée, en soirée, dès que le moment s’y prête.
 
Imagine que ta candidature pour être gardienne du far de la Pointe du Raz pour 3 mois l'hiver prochain est acceptée. Tu peux emmener 3 livres : lesquels ? Et une ramette de papier : as tu déjà une idée de ce que tu pourrais y écrire ?
IM : La ramette de papier ne me poserait aucun problème. Pour les trois livres, sans hésitation j’emporte : Ensemble c’est tout (Anna Gavalda) ; Le château de ma mère (M. Pagnol) ; Les contes du lundi (Alphonse Daudet).

                                                                          

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

Repost0