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Publié le 11 Octobre 2010

aout 2010 159

Lagardère disait : Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi...

C'est ce que j'ai fait, en blogueuse consciencieuse que je suis. Le scoop, je suis allée le chercher.

 

J'ai obtenu un RDV avec un membre du fameux Gang des Pastiches. Pour sa propre sécurité et la mienne, la plus grande discretion était de mise. Aussi, lorsque j'ai lu le lieu et l'heure précise du RDV dans le journal, je me suis dit "Trop fort le Pas Squale". Oui, pour garantir son anonymat, nous l'appelerons ici le Pas Squale Fort et Tottucuanto. Avec son ami Gordon Zola, celui ci lutte sans pierre et sans Desproges contre le fléau de notre siècle : Le Maussade.

Alors, le RDV... dans la pampa de la France, un salon lochois dans un village gaulois pour Schtroumfph(ette) chanceux : CHANCEAUX. Et là, l'agent lettré caméléon m'a bluffée une nouvelle fois. Quelle perspicacité ! Etre là où personne ne le cherche, ne l'attend, ne l'imagine : au coeur du danger, entouré d'anciennes cibles et sans doute de futures cibles. D'ailleurs, le Pas Squale mène certainement une mission de reconnaissance auprès de tous ces gens qui lui ont permis d'être célèbre ! En effet, parmi la foule, n'avons nous pas remarqué le profond océan bleuté des yeux de John Doe...

 

Me voici dans le "petit pré"... Vais-je le reconnaître ? La proximité d'une pastèque serait elle un indice trop voyant pour approcher le pasticheur ? Ca y'est, je le vois, le Pas Squale est là. Le pasticheur se camouffle  derrière quelques branches d'herbe potiches. Pas de postiche, mais des lunettes de soleil. Les mêmes que... BP (Brad Pitt) ou TC... A moins que... Je m'approche... Je me mets devant lui avec mon t.shirt qui affiche "motus et bouche cousue", le signe... Alors, le Pas Squale me susurre  le mot de passe "Pastiches" et comme convenu, je lui murmure en retour  "pistaches". Nous sommes raliés. A la patisserie qu'il mange devant moi, je sais qu'il n'y aura pas de tricheries entre nous, juste de la pasticherie !

 

 

Qu'est-ce qu'une bonne cible pour vous ?

Un auteur qui a suffisamment de tics et/ou de tocs ou encore mieux, du style. L’exercice du pastiche consiste à grossir les trucs, les ficelles pour les rendre visibles quand elles sont planquées ou à les emprunter pour faire du faux ressemblant.

 

Y-a-til des cibles plus difficiles que d'autres à pasticher ?

La littérature à trucs est plus facile à pasticher que la littérature tout court.

 

 

Faut il tout connaitre de la cible pour la pasticher ? Comment préparez vous votre mission avant de passer à l'action ?

Oui, il faut voir le monde comme l’auteur, lui piquer sa plume ou son ordi et écrire à sa place. Avant d’écrire à la manière de, j’avale énormément de livres de ma cible, que j’annote, commente etc.

 

 

Y a-t-il des cibles "impastichables" ? Pourquoi : trop de talent ou talent trop lisse ?

 J’ai fait un pastiche de Beckett pour le Magazine Littéraire qui était raté. J’ai effleuré la forme Beckettienne mais n’ai jamais touché le fond… Mais cela ne veut pas dire que personne n’a le talent de le faire. Moi, j’ai touché là mes limites.

Dans « l’Elégance du hérisson », Modiano était plus dur à pasticher que Pancol. 

 

 

Pensez vous qu'un pasticheur ne sachant pas tisser sans son pastis n'est pas chiche d'être un bon pasteur ?

... 

 

Avez vous déjà reçu des menaces ou des représailles des services d'ordre et de sécurité de vos cibles ?

Oui, j’ai été menacé d’un poing dans la gueule mais ça s’est bien terminé quand le pastiché a réalisé que c’était un genre d’hommage de ma part et une reconnaissance publique. Comme d’avoir sa marionette aux Guignols.   

 

 

Quelles sont les pastiches qui vous ont donné le plus de plaisir et le plus de fil à reretordre ?

De la jubilation : d’Ormesson, Gavalda, Musso, Werber, Lévy (Marc), Sollers…

Du fil à retordre : Angot, Modiano, Grangé…

  

 

Aucun regret dans toutes vos cibles ? Et les prochaines, sont elles déjà ciblées ? On dit souvent qu'un agent ne doit pas s'attacher à ses cibles... Et vous, aimez vous certaines de vos cibles ?

Pas de regrets. Pas de nouvelles cibles en vue pour le moment. Heureusement, il y a beaucoup de mes cibles que j’ai plaisir à lire voire que j’admire ! 

 

Si je vous donne pour cible Clodette Gallet avec l'amour est un CAillou au milieu de L'Amer, je vous retire l'eau de la bouche ou vous vous dites pourquoi pas ? Et à quoi cela ressemblerait-il ? Une histoire avec de l'air, où l'on respire ???!!

...

 

Le fait d'être maître dans la pastiche vous protège-t-il de toute pastiche ?

Le pastiche peut toujours être pastiché, ça devient compliqué mais pourquoi pas ? 

 

Vous avez écrit "l'élégance du maigrichon"... Pourquoi pas l'éléphante du berrichon ?

Bonne idée de titre, merci ! 

 

Y a -t-il un risque que les auteurs deviennent tous parfaits et que vous perdiez votre job ?

Plus ils ont de style, plus ils sont pastichables.  

 

 

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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Publié le 5 Octobre 2010

Interview en VF... Si une VO vous tente, je l'ai publiée juste avant  ICI... Des fois, c'est mieux de lire directement les mots de l'auteur. D'ailleurs, je veux rendre ici hommageà tous les traducteurs professionnels ! Quel métier difficile. Car comprendre le sens global des réponses de

son "interlocuteur" est une chose. Le traduire, qui plus est dans un français à peu près correcte est une autre chose.... Je pensais pouvoir m'appuyer sur les sites internet de tradution. Très mauvaise idée. Ces sites traduisent globalement mot à mot, au sens littéral de chaque mot à chaque fois, donc les phrases qui en résultent n'ont aucun sens... Alors, j'ai pris mon temps et suis allée cherchée monvieux dictionnaire d'Anglais. Voilà le résultat, parfois, j'ai été incapable de traduire correctement et avec certidude les idées de l'auteur (c'est alors précisé entre parenthèses !

 

Samoens st Lu 061 

C'était au Festival des Etonnants Voyageurs de St Malo au printemps derniers. R.J Ellory présentait, lors d'une conférence passionnante, son dernier roman paru en France : Vendetta. Alors, il y a eu une séance de dédicace : pour cela j'avais acheté la version poche de Seul le silence, autre roman de l'auteur, roman que de très nombreux billets élogieux m'avaient bien donné envie de lire.

 

J'en étais à... Dédicace et obtention de l'adresse mail.

Seul le Silence, je l'ai lu, dévoré, adoré et chroniqué en août. Et la semaine dernière, lorsque j'ai sollicité par mail une interview auprès de cet auteur britannique de bestsellers, c'est cinq minutes après que j'ai reçu un "Oui" enthousiaste ! L'auteur s'excusait juste d'avance de ne pouvoir répondre qu'en Anglais !

 

 

Voici donc cet interview ! Elle est un peu longue mais passionnante, R.J Ellory n'étant pas avare de conseils d'écriture etc... N'hésitez pas à revenir la relire à un moment tranquille, ou vous aurez un peu de temps pour la savourer pleinement !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oh mon dieu, je viens de lire votre bio sur votre site internet.  Je suis si impressionnée ! Etes- vous sûr d'avoir le temps de me répondre ?

RJE : Oui !

 

 

En France, on vous connaît pour deux romans : Seul le silence et Vendetta. Mais vous avez écrit tant d'autres livres ? Quand vont-ils sortir en France ? Pourquoi un tel écart de temps entre les sorties anglophones et les sorties francophones de ces livres ? Vous avez écrit Vendetta il y a au moins 5 ans ans... Cela doit être drôle, par exemple lors de votre venue à St Malo, de parler d'un livre écrit il y a si longtemps. N'aviez vous pas envie de dire "hey, j'ai écrit bien d'autres choses depuis vous savez ?

RJE : Bien, il y a actuellement huit livres disponibles en anglais - Candlemoth (2003), Ghostheart (2004), A quiet Vendetta (2005), City of lies (2006), A quiet belief in Angels (seul le silence) (2007), A simple act of violence(2008), The anniversary Man (2009) et Saints of New York (2010). Trois sont maintenant disponible en français - une Croyance Calme En Anges (publié comme ' Seul Silence ', une Vendetta Calme (publié comme 'la Vendetta') et maintenant un simple Acte de Violence (publié comme ' Les les Anonymes). J'ai signé avec un éditeur il y a seulement deux ans alors là, évidemment, j'ai beaucoup de titres en retard en France. Nous sommes tombés d'accord avec mon éditeur pour publier tous mes titres. Nous le faisons dans un ordre légèrement différent et c'est excellent car aucun des livres n'est connecté l'un à l'autre. Parfois il est étrange de parler d'un livre que j'ai écrit il y a de nombreuses d'années et je devrais vraiment prendre le temps de les relire tant des détails de l'histoire sont oubliés avec le temps, mais il est toujours intéressant de regarder derrière soi et de voir comment j'écrivais il y a cinq ans. Il a été dit que si vous lisez quelque chose que vous avez écrit des années auparavant et qu'avec le recul vous pensez immédiatement que vous auriez pu faire mieux,  et bien  cela signifie que vous vous améliorez comme un auteur ! Quand je lis un ancien livre je peux voir où j'ai pris trop de temps pour dire quelque chose, ou comment j'aurais pu le faire les choses plus simplement. Je pense qu'au cours des ces années de travail, j'ai appris à dire plus avec moins de mots!

 

 

Dans "Seul le silence" le lecteur assiste à la naissance d'un auteur, peu à peu. Ce fut pour moi très émouvant et fascinant. La façon dont Joseph commence à écrire... est-ce autobiographique ? Y a -t-il une grande part de vous dans le personnage de Joseph ? Je pense que c'est une question souvent posée aux auteurs. Quelle est la part d'autobiographie dans leur oeuvre, dans leur travail ?

RJE : Combien du travail d'un auteur est autobiographique ? Je pense que nous "absorbons énormément de la vie - tant en bien qu'en mal. Nous prenons dans les événements et les circonstances, on réagit ou non face à eux, nous nous redressons, nous continuons, nous essayons de faire de notre mieux avec d'être en accord avec que nous faisons. Parfois, nous visons juste, d'autres fois, nous avons tout faux. C'est la vie,c'est vivre. Comme dans n'importe quel domaine artistique - la peinture, la sculpture, la chorégraphie, la composition musicale - le créateur doit composer avec son expérience personnelle et lsa perception personnelle dans tout ce qu'il crée. Je pense que ce que nous peignons, nous écrivons et  nous chantons  est simplement des extensions de nous même et que ces extensions grandissent avec l'expérience personnelle. Je pense qu'il y a très peu d'auteurs qui écrivent leurs propres vies dans des romans, mais qu'il y a en beaucoup qui écrivent leurs perceptions, leurs conclusions et leurs sentiments sur leurs propres vies et celles des autres. Ils mettent tout cela dans les personnages qu'ils créent.

 

 

Pouvez vous nous dire à quoi ressemble une journée de Robert J. Ellory ? Quelles sont les bonnes conditions pour écrire pour vous ? Ecrivez-vous au stylo sur papier ou sur un PC ?

RJE : Pendant des années, j'ai écrit à la main, presque 3 millions de mots, mais maintenant, j'utilise un ordinateur. Parfois, quand je suis loin de chez moi, je réécris à la main, pour retranscrire sur PC à mon retour. J'ai tendance à écrire le livre en entier "d"une traite". Pour cela, je me plonge dans un labeur énorme. Ensuite, je reprends tout depuis le début pour retravailler, modifier, corriger les accrocs, les anomalies, les erreurs, je coupe lors de cette relecture autant que je le peux et de mon mieux. C'est presque organique (naturel ?), la façon dont certains personnages prennent d'eux même un aspect ou un autre. Quand j'écris un livre, c'est comme si je vivais avec une bande de gens pour quelques semaines. Je les regarde grandir, je les regarde prendre le contrôle sur certains événements de l'histoire. Et quand je termine, c'est comme si je perdais quelque chose. Truman Capote a dit qu'une fois, la fin d'une histoire avait ressemblé à l'enlèvement d'un enfant dans une cours et à sa mort par coup de feu. (pas sûre du tout de cette traduction !). C'est un peu mélodramatique mais je vois ce qu'il veut dire. Quand un livre est terminé, il laisse un énorme vide, un trou en vous, et alors, il faut en recommencer un autre sur le champs !

Je suis discipliné. Je me mets à écrire très tôt dans la journée. J'essaie et je "produis" 3 ou 4 mille mots par jour. je travaille tout d'abord dans l'objectif d'avoir un premier brouillon en 12 semaines. Parfois cela me prends plus de temps, parfois moins. 

Pour moi, un livre commence toujours avec l'émotion que je veux susciter chez le lecteur. C'est la chose la plus importante pour moi. Que ressentez vous pour un livre et est-ce que sentiment restera dans votre mémoire ? Donc voici ma première considération : l'effet émotionnel que j'essaie de créer. Ensuite, vient la situation géographique de l'intrigue, de l'histoire. La situation géographique est pour moi vitale, car de celle ci dépend le langage, le dialecte, le langage, les personnages, tout. La situation influence tout. Je choisis de commencer un livre qui se déroule en Louisiane, à New York ou à Washington simplement parce que cette "toile" est la meilleure pour peindre le tableau précis que je veux peindre.

J'achète un nouveau carnet de note, de bonne qualité, parce que sais que je vais l'emmener partout avec moi dans les 2 ou 3 mois à venir. Dans ce carnet, je note les idées qui me viennent au fil du temps, au fil de la vie, quelques dialogues, des choses comme ça. Parfois, j'ai un titre, d'autres fois non. A une époque, je me sentais très fort d'avoir un bon titre avant de commencer. Mais maintenant - comme au moins la moitié des livres que j'ai publié on finit avec un titre différent - je suis un peu moins obsédé par le titre !

 Et j'ai un rituel, une habitude quand je termine un livre. Je me fais un vraiment bon Manhattan et ensuite, j'emmène ma famille dîner au restaurant !

 

 

 

Tous vos livres se déroulent aux Etats-Unis. Est-ce que la météo Anglaise et si mauvaise pour que vous n'écriviez pas une seule histoire qui se passerait dans le grand sud de l'Angleterre, comme à Brighton par exemple, avec une Miss Marple !! Trève de plaisanterie : pourquoi les USA ?

RJE : Ah l'Amérique, l'Amérique, l'Amérique...

Paul Auster a dit quelque chose de très interessant. Pour lui, devenir un écrivain n'est pas un choix de carrière comme peut l'être celui de devenir médecin ou policier. Vous ne choisissez pas autant que vous êtes choisis. Et une fois que vous acceptez le fait que vous n'êtes fait pour rien d'autre, alors vous devez vous préparer pour une très longue marche, une route très difficile pour le restant de vos jours. Je crois aussi que vous ne choisissez pas tant que ça non plus le genre de livres ou les sujets que vous écrirez. Ce sont ces genres de choses qui vous choisissent. Le pire livre que vous pourrez écrire et celui que vous penserez pour qu'il plaise aux autres. Et je pense que le meilleur livre à écrire et celui dont vous êtes persuadé qu'il vous plaira. Le genre de livres que vous écrivez doit retranscrire vos propres centres d'intérêt et vos passion. Ecrire un livre peut prendre un bon bout de temps, alors si votre sujet ne vous intéresse pas, cela va rendre le boulot encore plus dur, peut-être même impossible.

 

Je pense que dans ma petite enfance, j'ai été sevré à la culture américaine (traduction pas sûre...). J'ai grandi en regardant Starsky et Hutch, Hawaii Five-O, Kojak, tout ce genre de choses. J'aimais l'atmosphère et la diversité culturelle. La politique me fascinait.  Comparé à l'Angleterre, l'Américque est un pays neuf, et il me semble qu'il y a là-bas tant de couleurs et de vies inhérentes à sa socité. J'y suis allée à plusieurs reprises, et à chaque fois, je ressens l'impression de rentrer à la maison,  honnêtement. En tant que non Américain, que crois qu'il y a beaucoup de chose de la culture américaine que je peux regarder en spectateur. Quand vous écrivez à propos d'un lieu qui vous est très familiers, le danger est que vous avez tendance à ne plus remarquer les choses, ou vous les prenez pour acquises. Les choses étranges ou intéressantes sur les gens et la région cessent d'être étranges et intéressantes. Alors que lorsque vous êtes un étranger, vous ne perdez jamais ce point de vue, cette impression de voir les choses pour la première fois et pour moi, c'est important. On suggère souvent aux auteurs d'écrire sur des choses et des lieux qui leur sont familier. Ce n'est pas forcément une mauvaise idée, mais je pense que cela pose beaucoup de limites. Il faut écrire sur des choses qui vous fascinent. De cette façon, je pense que vous avez une chance de laisser votre passion et l'enthousiasme transparaître dans votre prose.

 

Je crois aussi qu'il faut se poser un défi avec chaque nouveau livre, prendre des sujets divers et variés. Ne vous autorisez pas à tomber dans le piège d'écrire des choses comme on écrit des formules. Quelqu'un m'a dit un jour qu'il y avait deux types de romans. Ceux que vous lisez simplement parce qu'il y a un mystère d'installé, une intrigue et que vous devez savoir comment cela se termine. Le second genre de livre est celui que vous lisez juste pour le langage lui même, l'écriture de l'auteur, sa façon de dire les choses et s'user des mots, l'atmosphère et les description. Les vrais bons livres, les grands livres sont ceux qui réunissent les deux genres !

Je crois que personne - du plus profond de son coeur - n'écrit par choix professionnel ou pour un quelconque gain financier. J'aime juste écrire et même si mes sujets me mènent aux Etats-Unis, le plus important pour moi est de remuer intérieurement les gens, peut-être de changer un point de vue sur la vie. Et en même temps, j'essaie d'écrire aussi joliement que possible.

J'écris aussi sur des sujets - conspirations politiques, serial killet, relations interraciales, assassinats politiques, enquêtes du FBI ou de la CIA - qui ne peuvent fonctionner qu'aux USA. Le genre de livre que je veux écrire ne marcherait pas dans de petits villages feuillus où l'on trouve les Hobbits !

 

Ce qui m'intéresse, c'est l'émotion provoquée par un roman. Un roman est pour moi une grande opportunité d'écrire sur de vraies personnes et sur leur façon de composer avec de vraies situations.  Il y a quelque chose de plus passionnant encore que les gens, c'est leur capacité à dépasser les difficultés et à survivre. Je crois que j'écris des "drames humains" dans lesquels se trouve le spectre complets des émotions humaines, des émotions capturées par mon attention.

Une fois, j'ai entendu dire que la littérature non romanesque a pour but premier la transmission d'informations, là où la fiction doit évoquer une émotion chez le lecteur. J'aime les auteurs qui me font ressentir quelque chose -une émotion quelle qu'elle soit- mais je veux ressentir quelque chose quand je lis un livre. Il y a des millions de bons livres de part le monde, tous très bien écrits, mais ils sont mécaniques dans leurs intrigues et leur style. Trois semaines après votre lecture, il se peut que vous ne vous rappeliez plus grand chose. Les livres qui m'ont vraiment accrochés, je m'en rappelle encore des mois après. Il se peut que j'ai oublié le nom des personnages ou des détails d''intrigues, mais je me souviens toujours des émotions qu'ils ont suscité en moi. Pour moi, là est l'essentiel. Le connexion émotionnelle.

Bon, retournons au propos du cadre d'un livre et du style littéraire. "Seul le silence", par exemple, a été décrit comme étant "Steinbeckesque". Pour être complètement honnête avec vous, je dois dire qu'avant d'écrire ce livre, je n'avais lu que "Cannery Row". J'ai cité Steinbecq comme source d'inspiration, tout comme Hemingwy, Carson Mc Cullers, Harper Lee, Willa Cather, mais c'est seulement maintenant que je commence vraiment à lire leurs oeuvres. Dans tous mes livres, le style d'écriture dépend du sujet que je traite.  Par exemple, Vendetta est en fait écrit avec un style plus "économique" et punchy. Le sttyle vient avec le cadre et la voix, et il n'y a jamais eu d'intention d'écrire comme un autre auteur.

 

En amont, je fais toujours un énorme travail de recherche. C'est très important pour moi d'être sûr que tout ce qui est mentionné dans le livre soit authentique et correcte, tant sur les lieux que les époques décrites. Cela peut-être une sacrée besogne ! Il y a un vieux diction qui dit à propos de l'écriture : " Portez votre savoir (culture -étude) légèrement". Ceci signifie que vous ne pouvez pas enterrer votre oeuvre romanesque sous des tonnes de faits historiques ou réels. Il faut faire attention à cela aussi : assurez vous que les aspects culturels et historiques (nécessaire pour donner un reflet réaliste du cadre et de l'époque du roman) n'écrasent pas votre histoire qui disparaît en dessous.

Des faits et détails ont été plus ou moins durs à trouver, mais l'auteur doit faire son travail aussi sincèrement que possible. Vous pouvez lire sur les lieux - sur les villes et leurs environs-. Vous pouvez étudier des guides touristiques, des cartes, des photos sur internet, mais chaque description du cadre n'est que la vision de l'auteur sur ce même cadre. Les lecteur ne recherchent pas nécessairement quelque chose qui correspondrait à leur idée de ce cadre. Ils veulent quelque chose qui développe une atmosphère. La première phrase de "Vendetta" comporte 87 mots, et n'a pas de point à la fin. C'est sur la Nouvelle Orléans ! Je n'y étais pas allé quand j'ai écrit ce livre, et n'y suis toujours pas allé d'ailleurs. Des habitants de la Nouvelle Orléans m'écrivent. Ils ne me disent pas "Hey vous, vous n'êtes jamais venu à la Nouvelle Orléans... vous ne pouvez pas écrire cela !". Non, ils disent " Pour moi aussi, c'est à cela que ressemble la Nouvelle Orléans". Tout est dans la création de l'atmosphère et non dans le fait d'être d'accord avec le point de vue des autres sur un lieu, sur une ville. Est-ce sensé ?

De toute façon, les lecteurs vous pardonneront n'importe quoi tant que vous les attachez à vos personnages.

 

Les gens me fascinent. Peut importe qui ils sont et ce qu'il font. L'ignominie humaine n'ai jamais cessé de m'impressionner, comme la capacité qu'ont les gens à la dépasser, à y survivre.  Quand j'écris des Thrillers, des mystères, ce n'est pas tant sur le crime en lui même, ni même l'enquête que j'écris. C'est sur les éléments qui éclairent le chemin de ces gens qui doivent composer avec des événement inhabituels.

Le fil commun de mes romans, qui racontent tous des histoires différent, c'est qu'ils traitent toujours de personne ordinaire dans une situation extrordinaire. Voilà le thème commun qui me fascine. Je suppose que je suis profondémment romantique, mais j'essaie d'être au plus près de la nature émotionnelle des gens et des choses. Je m'efforce à ce que les lecteurs ressentent toujours ce que les personnages éprouvent, qu'ils aient l'impression d'avoir passé du temps avec des personnes réelles, et qu'ils comprennent l'évolution des personnages à chaque étape de l'histoire. Cela me semble la clé pour rendre un livre innoubliable.

 

 

Si je veux devenir un aussi bon écrivain que vous, que devrais-je faire ? Comment m'y prendre ?

RJE : Qu'est-ce qui m'a poussé à écrire ? Mon amour de la lecture, je crois que c'est aussi simple que ça. J'aimais juste tant lire. J'ai toujours eu en tête l'idée qu'écrire quelque chose capable d'émouvoir,  quelqu'un émotionnellement serait génial, de créer un genre d'effet, d'avoir quelqu'un qui lit ce que vous avez écrit et qui en est remué. C'est ça en fait : sentir que vous avez quelque à dire, quelque chose qui vaut la peine d'être dite ! Alors, je m'y suis mis et je l'ai fait ! Je ne suis pas allée au lycée ni à aucun cours d'écriture ou chose comme ça. A l'école, mon niveau en grammaire et composition était même spectaculaire tant il était mauvais ! Je pense que je voulais juste dire des chose et que j'ai continué à travaillé jusqu'à ce que j'aboutisse à un style qui me plaisait. J'ai juste écrit, écrit et écrit, j'ai continué à lire autant que possible. Mais jamais les deux en même temps. Je trouve que lire les livres des autres tout en écrivant le votre interfère trop dans votre processus de création. !

 

 

  Cela vous a pris des années et une quantité impressionnante de timbres avant de réussir à être publié. A une époque, vous avez même arrêté d'écrire. Et maintenant, regardez où vous en êtes ! N'est-ce pas effraynt ? Est-ce que cela ne donne pas un peu le vertige ? Et, n'êtes vous pas fatigué de toutes ces nomminations et de tous ces prix littéraires que vous avez reçu ?

RJE : Pour moi, mon obsession a toujours été d'écrire. L'été dernier, j'ai signé un autre contrat d'édition, mais cela n'a pas été sans deux semaines de stress, à savoir si je vendais ou non vraiment assez de livres pour cesser d'être "garanti" par un autre contrat. Le pire pour moi aurait de connaitre la situation de l'auteur qui écrit pour être publié, et qui, à cause de faibles ventes, ne peut plus être publié. Heureusement, mon éditeur croit très fort en moi et soutient dans ce que je fais. Je suis plein de gratitude pour son encouragement et le soutient qu'il m'a donné tout au long de ses dernières années. J'ai confiance, et je peux voir une carrière devant moi. Simplement, être publié me permet de continuer à faire ce que j'aime. Mais quoiqu'il en soit, je ne prends rien pour acquis. Je sais que je suis privilégié d'avoir été publié, et je continue de travailler aussi dur que je le peux, de bouger, de voyager autant que possible et de répondre  à un maximum d'interivews. J'essaie de gagner de plus en plus de nouveaux lecteurs et jamais je ne me reposerai sur mes lauriers !

 

 Quand vous commencez un nouveau livre, savez vous depuis la première page où vous allez où est-ce que la fin vous apparaît pas à pas, page après page ou chapitre après chapitre ? Comment faites vous pour construire un livre et captiver ainsi le lecteur ?

RJE : Je n'ai pas de plan quand j'écris un livre, ni se synopsis ou de ligne de conduite définie. J'ai juste un vague idée du style de livre que j'aimerais écrire, et alors, je me lance. Je change d'avis et d'idée au fur et à mesure que je travaille. Je prends de nouvelles décisions concernant les personnages, la fin, sur plein de choses en fait. J'essaie juste d'écrire le meilleur roman possible. Le pire roman est celui qu'on écrit en espérant qu'il plaise aux autres. Le meilleur, celui qu'on écrit parce qu'on aimerait le lire.

 

 

 

Quel est le meilleur compliment que l'on pourrait vous faire, et la pire insulte, en tant qu'auteur mais aussi en tant qu'homme ?

RJE : En tant qu'écrivain, je pense que la pire insulte est que des gens me disent qu'ils ont essayé de lire mon livre mais qu'ils ne l'ont pas finit par ce qu'ils en avaient rien à faire du tout de ce que j'ai écrit !

En tant qu'homme, bien, sacrée question ! Sans doute un peu la même chose qu'en tant qu'écrivain : que vous n'avez juste aucune importance.

Et je pense que le meilleur compliment est le contraire, que vous importez vraiment, que vous être important, que vous êtes nécessaire.

 

 

 

Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?

RJE : Les 3 derniers livres que j'ai lu et adoré sont 
'Norwood' de Charles Portis
'Winter's Bone' deDaniel Woodrell
'Provinces of Night' de William Gay

 

Bon, habituellement, je me limite à 10 questions... Mais là, comme la première tenait plus de la plaisanterie, je m'en permets une 11ème : avez vous déjà écrit le livre que vous réviez d'écrire ou ce livre est-il encore à écrire ?

 

RJE : Non, je n'ai pas encore écrit ce livre.... Et si un jour j'y arrive, j'arrêterais probablement d'écrire !

 

 

 

 

Vendetta

 

 

 

 

 

 

Vendetta sort demain en format poche ! Une bonne raison de plus de ne pas y échapper !!!! 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les anonymes sortent courant octobre

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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Publié le 5 Octobre 2010

Ce billet est en Anglais, car je sais que certains d'entre vous le lisent couramment et préféront la VO. Une version française est juste au dessus ! ou LA 

 

Samoens st Lu 061

C'était au Festival des Etonnants Voyageurs de St Malo au printemps derniers. R.J Ellory présentait, lors d'une conférence passionnante, son dernier roman paru en France : Vendetta. Alors, il y a eu une séance de dédicace : pour cela j'avais acheté la version poche de Seul le silence, autre roman de l'auteur, roman que de très nombreux billets élogieux m'avaient bien donné envie de lire.

 

J'en étais à... Dédicace et obtention de l'adresse mail.

Seul le Silence, je l'ai lu, dévoré, adoré et chroniqué en août. Et la semaine dernière, lorsque j'ai sollicité par mail une interview auprès de cet auteur britanique de best seller, c'est cinq minutes après que j'ai reçu un "Oui" enthousiaste ! L'auteur s'excusait juste d'avance de ne pouvoir répondre qu'en Anglais !

 

 

Voici donc cet interview !

 

 

 

 

 

 

 

Oh my God, I've just read your bio on your website. I am so impressed ! Are you sure you've got enough time to answer me?

RJ.E : Yes!

 

In France, we know you for two of your novels " A quiet belief in Angels" (Seul le silence) and "A Quiet Vendetta" (Vendetta). But there are so many other books ! When will they all come out in France ? Why such a long time between the English coming out and the French one. By the way, must be funny to come in St. Malo to speak about a book you wrote more than five years ago. Didn't want you to say "hey, you know, I wrote many things else !" ?

 RJ.E :  Well, there are currently eight books available in English – Candlemoth (2003), Ghostheart (2004), A Quiet Vendetta (2005), City of Lies (2006), A Quiet Belief In Angels (2007), A Simple Act of Violence (2008), The Anniversary Man (2009) and Saints of New York (2010). Three are now available in French – A Quiet Belief In Angels (published as ‘Seul le Silence’, A Quiet Vendetta (published as ‘Vendetta’), and now A Simple Act of Violence (published as ‘Les Anonymes’) I only secured a French publisher two years ago, so obviously there is a backlog of titles. I am committed to my French publisher, and we have agreed to publish all the titles. We are doing them in a slightly different order, and this is fine as none of the books are connected to one another. Sometimes it is odd to talk about a book I wrote many years ago, and I really should take the time to re-read them as many of the details of the story are forgotten with time, but it is always interesting to look back and see how I was writing five years ago. It has been said that if you read something you wrote years before and you cringe a little, and you immediately think how you could have done it better, well that means you are improving as a writer ! When I read old material I can see where I have taken too long to say something, or how I could have made it simpler. I think over the years of working I have learned how to say more with less words !

 

 

In "Seul le silence/ a quiet belief in angels", the reader attends an author’s birth, little by little. For me, it was very fascinating and emotional.  The way Joseph begins to write... is it autobiographical ? Is there a huge part of you in Joseph's character? 

RJ.E : I think this is a question authors are always asked. How much of their work is autobiographical ?

 There is that perennial question: How much of an author’s work is autobiographical ? I think we absorb so much from life – some of it good, some of it bad. We take in events and circumstances, we deal with them (or not), we recover, we carry on, we try our best with everything we do. Sometimes we get it right, other times we get it wrong. That is life, and that is living. As with any field of the arts – whether it be painting, sculpture, choreography, musical composition – the creator must draw on personal experience and personal perception in everything he or she creates. I think that what we paint and what we write and what we sing are merely extensions of ourselves, and that extension grows from personal experience. I think there are very few writers who write their own lives into novels, but I think there are a great deal who write their perceptions and conclusions and feelings about their own lives and the lives of others into the characters they create.

 

Can you tell them what does an Ellory's day look like? What are the good writing conditions for you: your bedroom, your kitchen ? With music? With coffee? A cup of tea? Alone far from everyone ? With your good old jacket or a simple T.shirt ? Barefoot, or with your slippers? With paper and pen or PC? With a cigarette to keep concentrated or just you and the silence? (seul le silence !!!)

RJ.E :   For years I wrote longhand, almost three million words, but now I use a computer.  Sometimes when I'm away from home I'll write longhand, and then transcribe when I return. I tend to write a whole book, furiously ploughing through it, and then I go back through from start to finish and handle all the snags, anomalies, mistakes, cut back on the over-writing as best I can. It’s kind of organic in a way, like it’s something that takes on certain character aspects of its own. It’s like living with a bunch of people for a few weeks, and you watch them grow, watch them take control of certain elements of the story, and then when you’re done it’s like losing something.  Capote once said that finishing a story was like taking a child out into the yard and shooting them. Perhaps a little melodramatic, but I know what he means! When a book is finished it kind of leaves a hole in you, and then you have to start another one right away! I am disciplined. I start early in the day. I try and produce three or four thousand words a day, and work on the basis of getting a first draft done in about twelve weeks.  Sometimes it takes longer, sometimes shorter. For me a book always begins with the emotion I want to evoke in the reader. That’s the most important thing for me. How does a book make you feel, and does that memory stay with you? So that’s my first consideration: the emotional effect I am trying to create. The second thing is the location. Location is vital for me as the location informs and influences the language, the dialect, the characters – everything. I choose to start a book in Louisiana or New York or Washington simply because that ‘canvas’ is the best for to paint the particular picture I want to paint. I buy a new notebook, a good quality one, because I know I’m going to be carrying it around for two or three months, and in the notebook I will write down ideas I have as I go. Little bits of dialogue, things like that.  Sometimes I have a title, sometimes not. I used to feel very strongly about having a good title before I started, but now – because at least half the books I’ve published have ended up with a different title - I am not so obsessive about it ! And as far as little idiosyncratic routines and superstitions are concerned, I don’t know that I actually have any that relate to starting a book. I do have a routine when I finish a book. I make a really good Manhattan, and then I take my family out to dinner !

 

 

All your books take place in the United States. Is the British weather so bad that you don't write a single story in the deep south of great Britain, like Brighton, with Mrs. Marple for example?  Stop joking: Why the US? And one day, might you write a book taking place in Australia or in France, like in St Malo, for example? (If you need a private guide tour, I'm yours !)

RJ.E So…America, America, America…

Paul Auster said something very interesting one time. He said that said that becoming a writer was not a ‘career decision’ like becoming a doctor or a policeman. You don’t choose it so much as get chosen, and once you accepted the fact that you were not fit for anything else, you had to be prepared to walk a long, hard road for the rest of your days. I also believe that you don’t so much choose your genre or subject mater, it kind of chooses you. I thin the very worst kind of book you could write is the book that you think others will enjoy. I thin the best kind of book to write is the one you believe you yourself would enjoy reading. I think the genre you write in has to relate to your own interests and passions. Writing a book can take a while, and if you’re not interested in what you’re writing about, then that’s going to make the job so much harder, perhaps even impossible.

I think I was weaned out of infancy on American culture. I grew up watching Starsky and Hutch, Hawaii Five-O, Kojak, all those kinds of things. I loved the atmosphere, the diversity of culture. The politics fascinated me. America is a new country compared to England, and it just seems to me that there was so much colour and life inherent in its society. I have visited a number of times, and I honestly feel like I’m going home. And I believe that as a non-American there are many things about American culture that I can look at as a spectator. The difficulty with writing about an area that you are very familiar with is that you tend to stop noticing things. You take things for granted. The odd or interesting things about the people and the area cease to be odd and interesting. As an outsider you never lose that viewpoint of seeing things for the first time, and for me that is very important. Also many writers are told to write about the things they are familiar with. I don’t think this is wrong, but I think it is very limiting. I believe you should also write about the things that fascinate you. I think in that way you have a chance to let your passion and enthusiasm for the subject come through in your prose. I also believe that you should challenge yourself with each new book. Take on different and varied subjects. Do not allow yourself to fall into the trap of writing things to a formula. Someone once said to me that there were two types of novels. There were those that you read simply because some mystery was created and you had to find out what happened. The second kind of novel was one where you read the book simply for the language itself, the way the author used words, the atmosphere and description. The truly great books are the ones that accomplish both. I think any author wants to write great novels. I don’t think anyone – in their heart of hearts – writes because it’s a sensible choice of profession, or for financial gain. I just love to write, and though the subject matter that I want to write about takes me to the States, it is nevertheless more important to me to write something that can move someone emotionally, perhaps change a view about life, and at the same time to try and write it as beautifully as I can. I also want to write about subjects – whether they be political conspiracies, serial killings, race relations, political assassinations or FBI and CIA investigations – that could only work in the USA. The kind of novels I want to write just wouldn’t work in small, green, leafy villages where you find Hobbits!

With me, the most important thing about any novel is the emotion it evokes. The reason for writing about the subjects I do is simply that such subjects give me the greatest opportunity to write about real people and how they deal with real situations. There is nothing in life more interesting than people, and one of the most interesting aspects of people is their ability to overcome difficulty and survive. I think I write ‘human dramas’, and in those dramas I feel I have sufficient canvas to paint the whole spectrum of human emotions, and this is what captures my attention. I once heard that non-fiction possesses, as its primary purpose, the conveying of information, whereas fiction possessed the primary purpose of evoking an emotion in the reader. I love writers that make me feel something – an emotion, whatever it might be – but I want to feel something as I read the book. There are millions of great books out there, all of them written very well, but they are mechanical in their plotting and style. Three weeks after reading them you might not recall anything about them. The books that really get me are the ones I remember months later. I might not recall the names of the characters or the intricacies of the plot, but I remember how it made me feel. For me, that’s all important. The emotional connection. So back to the setting and literary style. ‘A Quiet Belief In Angels’, for example, has been described as ‘Steinbeck-esque’. The setting and the literary style were certainly not meant to be evocative of Steinbeck. I have to be completely honest and tell you that prior to writing ‘A Quiet Belief In Angels’ I had read only ‘Cannery Row’. I have cited Steinbeck as an inspiration, also Hemingway, Carson McCullers, Harper Lee, Willa Cather, but it is only now that I am beginning to read more of their work. As with all my novels the style in which I write is based on the subject matter. Other novels – ‘A Quiet Vendetta’, ‘City of Lies’, ‘The Anniversary Man’ – are actually written in a far more economical and punchy style. The style came with the setting, the style came with the voice, and there was never any intention to write like another author.

I have done, and still do, a tremendous amount of research. It was always very, very important to me to ensure that everything mentioned in the book was genuine and correct as far as the time and place were concerned. It can be quite a task. There is an old adage as far as writing is concerned – ‘Wear your learning lightly’ – meaning that you cannot bury your fictional work beneath a ton of facts. I had to be careful of that too; to make sure that the history and the cultural aspects necessary to give a sincere reflection of the time and place weren’t so overwhelming that the story beneath was lost. Some facts were hard to find, others somewhat easier, but still the responsibility lies with the author to make his or her work as sincere and genuine as possible. You can read about places – about cities and towns and areas. You can study guide books, maps, photos on the internet, but any description of a place is the author’s ‘take’ on that place. Readers are not necessarily looking for anything that will agree with their perspective on a location; they are looking for something that evokes an atmosphere. The first sentence of ‘A Quiet Vendetta’ is eighty-seven words long and has no full stop at the end. It’s about New Orleans. I had not been to New Orleans when I wrote it, and I still haven’t. People from New Orleans write to me. They don’t say ‘Hey, you haven’t been to New Orleans…you can’t write this!’ They say, ‘That’s what New Orleans feels like to me as well!’ It’s about evoking an atmosphere, not agreeing with everyone else’s viewpoint of a place. Does that make sense?

Anyway, more than anything else is people. Readers will forgive you anything if you engage them, and the way to engage readers is with your characters.

The thing that fascinates me is people. Doesn’t matter who they are or what they do, the important thing is people. The thing that never ceases to amaze me is the indomitability of the human spirit, the things that people are capable of overcoming, and the fact that they can then survive beyond that. For me, writing ‘crime thrillers’ or ‘mysteries’ is not so much about the crime itself, even the investigation, but the way in which such events can be used to highlight and illuminate the way that people deal with things that are not usual. If there is one common thread throughout my books, though they are all very different stories, it is that we are always dealing with an ordinary person thrown into an extraordinary situation. That’s the common theme. That’s the thing that fascinates me. I suppose I am a romantic at heart, and I try very hard to be in touch with the emotional nature of people and things, and what I am always striving to do is have a reader feel what the characters are feeling, to get an idea that they have spent some time with real people, and to bring about the sense that they were aware of what was going on with that character on many levels. That, for me, seems key to making a book memorable.

 

 

 If I want to become an as excellent writer as you are, what should I do? 

RJ.E : What drew me to write?  I loved reading. That was the simplicity of it. I just loved reading. Always had the thought there that it would be great to write something capable of moving someone emotionally, to create that kind of effect, to have someone read something you’d written and be moved by it.  That was the thing: to feel like you had something worth saying. And so I just went ahead and did it !  I didn’t go to college or take any classes or anything like that. Even at school I was spectacularly bad at grammar and composition, such things as that. I think I just really wanted to say something, and I kept on working at it until I felt I had accomplished a style that pleased me. I just wrote and wrote and wrote, and I carried on reading as much as I could (though never the two at the same time as I find that reading other peoples’ books while you’re writing a book tends to interfere with your thought processes!)

 

 

It took you many years and many stamps to attend to be published. Once, you even quit writing. And now, look where you are ! Isn't frightened ? Don't feel some kind of dizziness ? And aren't you tired of all theses nominations and awards you received ?!!! 

RJ.E : For me it was always about the writing. In the summer of last year I secured another publishing contract, but it was not without a couple of weeks of nervousness about whether or not I was selling sufficient books to actually warrant being granted another contract. The worst thing for me would have been to have known what it was like to be writing for publication, and then because of low sales be in a situation where I then could not get published. Luckily my publishing company are very definitely of the viewpoint that they believe in and support what I am doing, and I am immensely grateful for all the tremendous support and encouragement they have given me over the last few years. I do have confidence in the fact that I can see a career ahead of me. So, in simple terms, being published has made it possible for me to continue doing what I love.  However, I never take it for granted. I know that I am privileged to have been published, and I continue to work as hard as I can to tour and travel as much as possible, to do as many interviews as I can,. To try and make as many new readers as possible. I will never rest on my laurels!

 

 

When you start a new book, do you know from the first page where you’re going until the end and does it come in your head step by step, or page by page, or chapter by chapter... Anyway, how do you build a novel and catch readers like this?

 RJ.E : I do not plan a novel.  I do not have a synopsis or a clear outline. I just have a rough idea of the sort of novel I wish to write, and then I get going. I change my mind as I work. I make new decisions about characters, about the ending, about all sorts of things. I just keep trying to write the best novel I can.  

 

What's the best compliment someone could make, and the worst insult someone could make, both to you as a writer and as a man ? 

RJ.E : As a writer, I think the worst compliment is that someone says they tried to read your book, and they didn’t finish it because they just didn’t care at all about what you had written! 

 

As man, well that’s a hell of a question! Maybe the worst thing that someone could say to you as a man is the same as the worst thing they could say to you as a human being: That you just don’t matter.

 

I think the best compliment is the opposite: That you do matter, that you are important, that you are necessary.

 

 

What are the 3 last books you read and loved ?

 RJ.E : The last three books I read and liked very much were:
'Norwood' by Charles Portis
'Winter's Bone' by Daniel Woodrell
'Provinces of Night' by William Gay

 

 

Have you already written the book you dreamed of or do you still have to write this famous book? 

RJ.E : No, I still have to write this book...and if I ever succeed in writing this book, then I will probably stop writing!

 

 

 

 

 

 

 Vendetta sort ce mercredi 6 octobre en format poche ! Plus aucune raison de ne pas le lire n'est-ce pas !

 

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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Publié le 27 Septembre 2010

 

Avertissement : Je jure devant Ste Lison que ce billet est véridique et porte sur une vérité vraie et véritable, même si incroyable !!! 

 

C’était mardi dernier, il est 8h13, je dors, toujours dans ma clinique. Mon rêve : Millénium 7. Je suis Lisbeth Salander, rien que ça ! Je cours dans les feuilles d’un sous bois. Soudain, une forte douleur au ventre, insoutenable. Je viens de me prendre une balle. Je m’effondre, reste immobile et fais la morte…Puis quelqu’un arrive et là je dis : « Je suis Lisbeth Salander, et je ne suis pas encore morte ».

 

8h14

 

Passage à la réalité : les guitares d’Indochine résonnent partout. Ca, c’est mon téléphone portable. Qui peut m’appeler ? J’ai bien précisé à mon entourage qu’à la clinique, je ne voulais aucun coup de fil ni visite. Alors qui, entre SFR, Bouygues ou le CIC a décidé de me vendre ce matin un abonnement qui me fera économiser des centaines d’Euros que je ne dépense même pas chez eux ? Qui vais-je trucider ce matin ?!!! Et pourtant, je réponds d’une voix endormie.

  

Réalité :

- Allo

- Allo, Géraldine ? Géraldine B ?

- Euh oui… (pas d’accent, une voix claire et posée même si intimidée. Ce n’est donc pas SFR). Reste Bouygues Télécom ou le CIC…

- Bonjour, c’est Amélie Nothomb.

- Amélie Nothomb ?!!! (comment n’y avais-je pas pensé !!!, Amélie Nothomb, mon auteur préférée, j’ai lu 16 de ces 18 livres. Le 18ème, je m’apprête à le lire. Et le premier, je le garde en réserve, au cas où un jour, Amélie Nothomb arrêterait d’écrire. Il y a de nombreux artistes que j’adore et que j’admire. Amélie en fait partie mais en plus, elle jouit de ma totale fascination tant pour ce qu’elle fait que pour ce qu’elle est : car tout chez elle est hors norme !)

- Oui, Amélie Nothomb, l’écrivain. Je vous réveille ?

- Euh, oui, non, un peu, je ne sais pas. Il faut juste que je réalise…

- J’ai reçu votre lettre dans laquelle vous me demandez une interview pour votre blog, je vous appelle donc pour répondre à vos questions.

J’ai envoyé ma lettre la semaine dernière (avec mes dix questions au dos de la feuille). Et comme chaque année, Amélie Nothomb est l’une des auteurs phares de cette rentrée littéraire. On la voit partout, on la lit partout, le monde entier la  sollicite …. Et elle m’appelle moi !!!! (J’ai toujours rêvé de cet autre monde !)

Nous discutons. Qu’avons-nous dit ? Je ne sais plus et ce dont je me souviens ne vous regarde pas !!! Mais la terre s’est arrêtée de tourner pendant 3, 5, 10 mn ??? Je l’ignore. Ce qui est certain, c’est que si à la fin de l’année, la Terre termine son ellipse en retard de quelques minutes, Messieurs les scientifiques, ne cherchez pas de raison dans les bouleversements climatiques ou autres… C’est juste un bouleversement très personnel !

Ensuite, comme convenu, je raccroche mon téléphone et l’éteins. Amélie me rappellera 5 fois pour déposer ses réponses sur ma messagerie, me laissant ainsi le loisir de les recopier et d’en garder aussi un souvenir impérissable !

  

Alors, comme je suis très généreuse, je vais donc partager ce « questions/réponses » exclusif et exceptionnel avec vous ! Mais juste avant, je vous laisse répondre en votre âme et conscience à l’équation « probabilitique » suivante.

  

Sachant qu’Amélie Nothomb a publié 18 livres. Sachant que si j’ôte 18 à mon âge, je retrouve mes vingt ans. Sachant 3a² + 1/3 bc ( x – xy)= c+d-y(a+b)-2

  

Quel événement avait la plus forte probabilité de se réaliser :

- Qu’entre 20 et 38 ans, parmi les centaines, voire les milliers de personnes rencontrées, croisées, aperçues, je rencontre THE MAN of my life ?

- Qu’Amélie Nothomb m’appelle en ce mardi 21 septembre 2010 à 08H15 ?

 

Cela paraît évident… Comme quoi, il faut toujours se méfier des probabilités. De toute façon, que ce soit du côté clair ou obscur, ma vie tend plus vers l’improbable que vers l’infini !

 

Allez, je n’abuse pas plus longtemps de votre patience, voici l’interview : 

 

Un auteur doit-il être cultivé ?

 AN : Non, vraiment pas. La culture ne nuit pas forcément à un auteur, elle peut même l’aider. Mais ce n’est absolument pas indispensable. Je dirais même que la culture peut certainement être une gêne si elle encombre trop l’auteur.

 

Vous êtes une constante dans la rentrée littéraire depuis presque 20 ans. De votre observatoire, distinguez- vous une évolution au fil des ans ? Un retour en force de la littérature ? Dans les médias peut-être ?

AN : Mon dieu ! Je n’ai pas constaté de retour en force de la littérature, ni d’ailleurs l’inverse ! Je dois dire que « bravo à la France », car moi qui vient de Belgique, je suis assez frappée par la place que la France octroie à la littérature dans les médias. En Belgique, c’est tout de même moins frappant. Donc j’observe, mais j’ai peut-être tord, mais j’observe une certaine constance dans la place prépondérante que les médias français offrent à la littérature.

 

Le 21ème siècle est-il bien parti pour être plus littéraire que le 20ème ?

AN : Oh là, je pense que nous manquons vraiment beaucoup de recul pour le dire. En tout cas il est parti pour être au moins aussi littéraire, cela me paraît certain. Et certainement aussi d’une autre façon. Je ne pense pas qu’on puisse espérer avoir au 21ème   un Proust comme nous en avons eu au 20èmesiècle. Mais sans doute d’autres écrivains, différents et j’espère aussi intéressants.

 

A l’époque de la médiatisation, un auteur muet pourrait-il réussir ?

AN : Oui, je le crois vraiment. D’autant plus qu’il y a des médias où la parole n’est pas utile. Je n’y connais strictement rien à internet, mais je crois savoir que sur internet, on peut aussi s’exprimer d’une autre façon que par la parole. Donc je pense qu’un auteur muet pourrait réussir. Je pense aussi que dans certaines émissions de télévision, certains auteurs qui parlent très peu, je pense à Patrick Modiano parle très peu dans les médias: il passe très bien à la télévision parce qu’il a des regards très intéressants. Donc oui, je crois qu’un auteur muet peut réussir aujourd’hui.

 

Plus de 700 livres publiés lors de cette rentrée littéraire. Démentiel ou non ?

Je ne trouve pas cela démentiel. Je crois qu’il devrait y avoir de la place pour autant d’auteurs. C’est vrai que ce qui est un peu dommage aujourd’hui, c’est que les gens se diversifient de moins en moins. On a tendance à lire un peu tous les mêmes livres mais je ne vois pas de raison pour que cette tendance demeure. Ce serait très bien qu’on aille de plus en plus vers les livres moins connus. Là, vous êtes consciente Géraldine que je prêche contre ma chapelle puisque je suis un petit peu une élue des lecteurs et cela me touche beaucoup. Mais je trouve que ce serait bien aussi de s’intéresser à des auteurs moins connus. Je suis persuadée qu’il peut y avoir place pour autant d’auteurs chez les libraires, comme dans le coeur des lecteurs.

 

Une rentrée littéraire sans le Nothomb est-ce concevable pour vous ?

AN : Mais oui absolument, c’est certainement quelque chose qui se produira un jour !

 

Que craignez vous le plus : le manque d’idées ou de ne pas trouver les mots justes pour décrire ces idées ?

AN : Je crains beaucoup ces deux écueils qui sont dangereux et angoissants pour un auteur. Je ne sais pas vous dire lequel je crains le plus.

 

 vous parlez de la place de l’écriture dans votre vie, mais quelle est celle de la lecture ?

AN : Ô mon Dieu, une place encore plus grande ! Je suis absolument boulimique de lecture. Je peux passer des heures et des heures par jour à lire, encore plus qu’à écrire. Surtout quand je suis en vacances. Je peux lire huit heures par jour, et même plus. C’est sans limite ! J’aime follement lire ! Bien sûr, surtout des romans, mais pas seulement !

 

Tout le monde vous parle de votre lever. Moi c’est le coucher qui m’intéresse. A quelle heure vous couchez vous pour vous lever si tôt? Et, après votre fameux 4 à 8h, vous recouchez vous ?

AN : Je me couche généralement à minuit. Ce qui fait que j’ai des nuits assez courtes et que je suis fatiguée Géraldine ! Et comme vous pouvez le constater, je ne me recouche pas, je n’en ai pas le temps, je passe ensuite au courrier des lecteurs.

 

 

 

10/ Quels sont vos 3 derniers coups de cœur littéraires ?

AN : Le premier est de cette rentrée littéraire ci, justement, on parlait des livres moins connus, il s’agit de l’un d’eux. C’est une jeune femme qui s’appelle Stéphanie HOCHET qui publie « la distribution des lumières » son formidable roman chez Flammarion. Je suis cette auteure depuis ses commencements en 2001. Tous ses romans sont extraordinaires. Je la recommande chaleureusement.

 Sinon, je recommande aussi le roman de Virginie Despente. Mais là, je ne suis pas la seule. Elle a beaucoup de succès cette rentrée. Apocalypse bébé, publié aux Editions Grasset.

 Et bien sûr, je recommande toujours les livres de mon chéri Japonais, le romancier Haruki Murakami… Tous ses livres sont formidables. « Kafka sur le rivage » vient de sortir en poche.

 Voilà Géraldine, très belle vie et bonne journée.

C’était Amélie Nothomb pour Géraldine B !

 

 

 

 

 

Un million de mercis Amélie ! Et là, je constate et regrette les limites de « mon média » internet. Malgré toute la ponctuation à ma disposition, impossible de retranscrire l’intonation et la musicalité des paroles d’Amélie Nothomb. Et vous remarquerez que durant cette interview, il n'a été nullment question du dernier livre d'Amélie Nothomb, "Une forme de vie". Amélie Nothom n'a rien vendu auprès de moi, elle a juste donné !

En tout cas, l’adage (plus poétique que de dire le slogan publicitaire), « le bonheur, c’est simple comme un coup de fil », se vérifie parfaitement ici !

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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Publié le 24 Juillet 2010

  Samoens st Lu 065

 

  Marie La Gall... Son premier roman, " La peine du menuisier" est paru il y a quelques mois. Il a reçu le prix  du Roman Breton 2010, a été beaucoup chroniqué sur la blogosphère littéraire, le plus souvent en terme élogieux. Vous retrouverez mon billet sur ce livre ICI. J'ai eu la chance de rencontrer Marie Le Gall lors du festival de St Malo fin mai et d'obtenir le sésame incontournable pour toute interview (pour moi en tout cas ), son adresse mail.... Voici le résultat de cet échange :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous êtes l'auteur de "La peine du menuisier", roman salué par les critiques, couronné du prix du roman Breton et très apprécié par les blogo lecteurs. Êtes vous soulagée, fière ou juste contente d'un tel accueil pour un premier livre ?

MLG : Juste très contente, sincèrement. Soulagée, non. J'ai trop besoin d'écrire encore, les émotions qui m'envahissent sont toujours là. Fière ?.... J'espère que je le serai, un jour, un peu.

 

 

Avant "la peine du menuisier", aviez vous testé et éprouvé votre écriture si élégante et minutieuse sur d'autres écrits restés au fond d'un tiroir ? Ces écrits pourraient ils sortir au grand jour ?

MLG : J'ai un autre récit à la troisième personne au fond d'un tiroir. Je l'avais expédié à cinq éditeurs qui l'ont lu et m'ont renvoyer des lettres encourageantes. Puis je l'ai laissé. "Le Menuisier" (titre initial) s'est imposé à moi. J'espère reprendre l'autre récit plus tard.

 

 

Qu'est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans l'écriture du récit de votre enfance ? Au début, le faisiez vous pour vous où aviez vous déjà l'idée, où l'envie que ce livre aboutirait sur la table de nuit de nombreux lecteurs ?

MLG : Il fallait écrire cette histoire entre le menuisier et sa fille. C'était une urgence, une lente maturation. Un jour, c'est devenu vital. Je l'ai écrite pour moi mais je souhaitais en même temps m'adresser à "l'autre", le lecteur, même si je ne savais pas si le manuscrit deviendrait livre.

 

 

Comment avez vous écrit ce livre... Par notes de ci de là, par période, quasi d'une traite ? L'avez vous commencer il y a longtemps ?

MLG : Par période, avec de longues plages de silence, des mois parfois mais il était en gestation permanente, chaque jour. J'écrivais dans ma tête tous les jours, je vivais avec le manuscrit tout le temps... 4 ans.

 

 

L'écriture de ce livre fut elle pour vous libération, douleur, plaisir d'écriture, mélancolie de votre enfance ? Certains disent de cette oeuvre que c'est un roman "thérapie". Qu'en pensez vous ?

MLG : Plaisir d'écriture quelque fois oui, recherche du mot juste, de la phrase, sa musique, son rythme, sa longueur, sa place dans le paragraphe. Douleur et soulagement à la fois au moment, au moment de l'écriture sur la mort du petit frère de Louise en 1992, de celle de l'un des frères du menuisier François, mort en Guinée et enfin, violence et soulagement de la dernière page. Il n'y a pas de thérapie. La narratrice dit : "Ecrire ne guérit de rien". De nouveau, les émotions, les mots encore incertains, les images floues m'envahissent. J'ai ouvert la porte de l'écriture, je ne peux plus la refermer. Et je ne sais pas ce que cela va donner.

 

 

La peine du menuisier conte l'échec de votre relation filiale avec votre père, votre incapacité à tout les deux à dialoguer ? Que  (qui ?) seriez vous devenue avec un père chaleureux et complice ?

MLG : Je serais devenue une femme heureuse.

 

 

Pensez vous que l'écriture puisse remplacer la parole ?

MLG : Ma parole est infirme, l'écriture la remplace. Elle "dit" plus que ce que je ne peux dire de vive voix.... Et le "dit" autrement.

 

 

Dans le roman, Jeanne, votre soeur est atteinte d'une maladie psychiatrique pas nommée, outre par le mot employé à l'époque "la folie". Aujourd'hui, appellerait-on cette affection "la spasmophilie" ? Si elle était née maintenant, votre soeur aurait elle eu la même vie, les mêmes soins ?

MLG : J'espère que le lecteur n'est pas trop naïf à ce sujet (que je ne développe pas... encore). Jeanne avait des crises de démence, donc de folie, elle perdait la raison. Dans le langage psychiatrique, on parlerait de psychose. Sa vie fut un martyr. Aujourd'hui, on pourrait sans doute la soigner avec des médicaments et un suivi thérapeutique.

 

 

Toute vérité est elle bonne à dire ? Une terrible vérité est elle pire ou non que le plus enfoui des mensonges ?

MLG : Doit on tout dire ? Je ne sais pas. Mais il y a des choses que l'on ne doit pas taire car les non-dits s'insinuent et font de terribles ravages, peuvent détruire des vies.

 

 

Quelle lectrice êtes vous ? Quels sont vos trois derniers coups de coeur littéraire ? Quel livre emporterez vous à la plage cet été ?

MLG : Je lis beaucoup, plus que je n'écris. J'ai une culture classique mais j'aime aussi les contemporains. Mes derniers coups de coeur : "Personne" de Gwenaëlle Aubry, le dernier livre de Véronique.  Olmi et "un soir de décembre" de Delphine de Vigan. Sur la plage, en ce moment, le premier roman de Claude Crozon : "D'un autre monde".

 

 

 

                                                                                                     merci-anime-par-gi-20.gif 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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Publié le 1 Mai 2010

 

Gipsy Paladini... Une auteur au parcours géographique atypique, qui nous a livré récemment son premier roman : un polar noir dans le New York des années 60 : Sang pour Sang

 

 

 

 

Ce livre, je l'ai lu. Il m'a captivée, surprise. Vous pouvez en relire ma chronique en cliquant sur le lien ci-dessus. D'ailleurs, ce polar, qui mérite d'être connu, je le fais voyager. Pour vous inscrire (conditions être blogueur connu par moi où mes amies blogueuses), même punition, cliquez sur le lien !

 

  

 

Pour mon plus grand plaisir et j'espère le vôtre, j'ai interrogé la jeune auteur... Et voici ses passionnantes réponses ! Je me suis moi même régalée en les découvrant. D'ailleurs, plus d'une de ces réponses éveillent en moi multitude d'autres questions... Mais bon, il faut savoir se limiter ! 

  

    

 

Bonjour Géraldine,  

 

 

Eh bien me voilà honorée, tout d’abord une très bonne critique du livre et maintenant une interview, je vais commencer à croire que mon livre n’est pas si mal finalement 

 

   

Comment décide t-on, un jour, de se mettre à écrire un livre et qui plus est un polar, qui relève d'un genre très spécifique ?   

GP : Je pense qu’il y a deux sortes de personnes, ceux qui écrivent par choix, qui ont donc besoin de cours, de direction, de temps, etc. et ceux pour qui écrire est naturel (louable dans les deux cas). Dans ma famille, je n’ai personne qui aurait pu m’inciter à écrire, et pourtant j’ai toujours écrit, partout. Des idées surgissaient (et continuent de le faire d’ailleurs) dans mon esprit à n’importe quel moment de la journée et de la nuit, et il fallait que je les écrive. J’écrivais sur des bouts de nappe, des étiquettes de bouteille, du papier toilette, ça m’est même arrivé de m’écrire sur le corps quand je n’avais pas d’autre support. Ca rendait fou mes parents. La nuit je dispose toujours un bloc note à mes côtés et parfois j’écris pendant une heure dans la nuit noire, du coup le lendemain je me mets dans tous mes états parce que je n’arrive plus à me relire !

 

Donc pour ma part, je n’ai jamais « décidé » d’écrire un livre, c’est venu naturellement, pourtant bien que je fusse particulièrement douée en orthographe, je n’avais pas de très bonnes notes en français. En fait les cours de mes professeurs me donnaient des idées, et du coup à la fin de ceux-ci, j’avais rempli toutes les marges de notes et presque rien sur le sujet de la leçon journalière. 

   

J’ai donc écrit deux livres vers la quinzaine, mais mon premier vrai roman (qui avait éveillé l’intérêt de Gallimard, ayant passé le cap des 4 lecteurs) je l’ai écrit à mes 21 ans.

    

Pour ce qui est du polar, à vrai dire, j’ai toujours été passionné des films noirs, les Bogard, Bacall, Tierney, les répliques à la Mae West, etc. J’aime la passion qui brille dans les yeux, les dialogues travaillés, la beauté des femmes, et bien que je ne pensais pas vraiment à m’orienter moi-même –tout du moins dans l’écriture- vers ce domaine, c’est venu naturellement. Maintenant que j’ai un pied dedans (encore chétif), je compte bien m’accrocher, et même si j’ai encore beaucoup à apprendre, je sens que je vais m’épanouir dans le genre. 

 

  

 

 

Quand vous avez commencé votre travail d'écriture, saviez vous déjà où vos personnages allaient vous mener ? Qui tenaient les rennes : vos personnages ou vous ? Combien de temps avez vous mis avant de poser le point final ?  

GP : Alors là…j’ai écrit le livre voici six ou sept ans donc je ne me souviens pas de toutes les circonstances. Ce dont je me souviens est qu’à l’époque, Harlan Coben venait de sortir en France ses deux premiers titres « ne le dis à personne » et « disparu à jamais », et même si mes goûts se sont corsés et que je préfère le roman plus noir (mon ami Claude Mespledes me tirerait les oreilles, car « noir » étant un genre, on ne dit pas « plus » noir, c’est comme dire « plus thriller » !! mais j’aime bien désobéir ), c’était la première fois que j’étais confrontée à cette mise en scène, ces chapitres rapides pleins de rebondissements, et c’est sur cette base que j’ai voulu écrire « Sang pour Sang », afin de donner une impression de course perpétuelle. 

   

Pour en revenir au contexte de l’histoire, pour ce livre en fait je n’avais que la fin du roman. Je la traînais depuis quelques années déjà et un jour j’ai décidé d’en faire un policier.

 

Pour ce qui est de mes personnages ou de l’histoire en elle-même, je ne fais pas parti des écrivains qui se laissent guider par leur inspiration sans savoir ce qu’il adviendra dans la page suivante. Personnellement je ne peux pas entamer l’écriture d’un roman si je n’ai pas le squelette et les articulations de l’histoire. Par contre il est vrai que les personnages m’ont surprise et se sont étoffés au fil de l’écriture, m’entraînant d’ailleurs du simple livre à suspense au polar.

 

Je pense que j’ai dû écrire le livre en sept ou huit mois. Par contre la correction a bien dû durer 5 ans (lol)…vous savez ce que c’est, on peut lire cent fois un livre, on y trouvera toujours à le corriger.

 

 

 

Votre roman se déroule dans le New York des années 60. Pourquoi justement cette ville et cette époque : une évidence, une envie, une passion pour la grosse pomme ?   

GP : Le choix de la date était évidente par rapport au contexte de l’histoire et à la situation de celle-ci. Comme je voulais en placer l’intrigue aux Etats-Unis et que le livre s’est de lui-même tourné vers le polar, New York m’est apparu elle aussi comme une évidence. La pluie, la grisaille, les impers mouillés, les phares des voitures dans la nuit, je ne vois aucune ville à la fois aussi fascinante et impitoyablement sombre  que New York. 

 

 

Pour coller au genre du polar, avez vous suivi des codes ou un canevas précis ou avez vous juste laissé votre inspiration faire le travail ?     

GP : Comme je l’ai mentionné en haut, mon initiative première était d’écrire un roman à suspense, avec une bonne dose de rebondissements (je pense d’ailleurs que certains polardeux avérés pourraient éventuellement me reprocher d’avoir un peu boudé certains codes du polar), néanmoins comme l’histoire se déroulait dans les années 60, les personnages se sont mis à parler et à agir d’une manière telle que le livre s’est tourné de lui-même vers le polar, à ma grande reconnaissance.  

Donc je n’ai pas vraiment suivi de codes, si ce n’est de faire évoluer l’histoire dans une noirceur parfois insoutenable, mais sans aucun doute ai-je été inspiré par les films noirs dont je raffole. 

 

   

 

Votre personnage principal, Al n'a pas des abords très sympathiques ; bourru et parfois bourré, misogyne. Pourquoi un tel choix ? On a l'impression que vous même ne l'aimez pas trop mais que vous êtes presque prête à lui donner une seconde chance ? Ne serait-ce pas plus agréable et / ou plus facile d'être amie et éprise du personnage que l'on crée ?     

GP : Détrompez-vous, je suis très éprise de Al, justement parce que c’est quelqu’un qui ne cherche pas à être aimé. Il vit dans un monde à part, un monde qu’il n’ouvre à personne, et peut-être ainsi ai-je l’impression que moi-même je ne le connais pas. C’est grisant pour un auteur d’être surprise –même désagréablement- par un de ses personnages.  

En même temps j’aime le fait qu’il essaie, même si ce n’est pas une évidence au début du roman, de se sortir de cette noirceur poisseuse, qu’il voit la lumière au bout du tunnel, mais à chaque fois qu’il s’en approche les ténèbres le ramènent irrémédiablement à eux.    

Par contre pourquoi j’ai pris plaisir à le rendre si désagréable, c’est un mystère même pour moi. D’autant que je suis plutôt féministe et que dans la réalité, j’aurais volontiers collé un pruneau dans le front (ou autre part d’ailleurs) d’un type pareil.

 

 

 

Sans trop dévoiler le dénouement de l'énigme, on peut dire que la clé se trouve dans une époque traumatisante de l'humanité où l'Homme faisait déjà preuve de grande inhumanité et d'extrême ingéniosité dans la torture. Vous donnez quelques descriptions et pas mal d'exemple, donnant même, à la fin du livre, les véritables noms de ces hommes tristement célèbres. Dans cette partie, où s'arrête le romanesque et où commence l'Histoire ?  

G.P C’est en effet une période qui me tient très à cœur et une source inépuisable d’inspiration. J’ai fait énormément de recherches sur cette période, et c’est vrai que c’est difficile de terminer la dernière ligne du roman, de tourner la page puis de passer à autre chose. Un peu de notre innocence et de notre foi restera toujours là-bas, au milieu des cadavres.  

La plupart des descriptions des sévices subis (voir toutes les descriptions, si je me souviens bien), sont réelles, et j’imagine qu’il y a eu pire, malheureusement j’ai dû faire un choix et n’en sélectionner que quelques unes.  

Les personnes dont je parle ont-elles aussi existées. Elles ont perpétré les horreurs que je leur impute.  

Pour moi il était important de ne pas faire qu’une banale histoire policière (bien que certains soient très doués pour ça), j’ai besoin de matière plus consistante, et j’aime soulever des questions graves, comme ici, à savoir : quel genre de personnes serions nous si l’horreur venait frapper à notre porte ? Que ferions-nous si on nous donnait les pleins pouvoirs ? Ce sont des questions auxquelles personne ne peut répondre tant qu’on n’a pas été confronté à certaines situations.

 

 

 

Pourquoi avoir justement choisi de dénoncer cette triste période de l'Histoire ?     

GP :  Comme je l’ai dit plus haut, cette période de l’Histoire m’horrifie tout comme elle me fascine parce que c’est une période si sombre de l’humanité, si incompréhensible. Comment en peut-on arriver là ? Le pire est qu’après avoir étudié le sujet, je me dis que malgré cet exemple du passé, on pourrait recommencer. La capacité qu’a l’homme de pouvoir oublier est à la fois un don et une malédiction, car il n’apprend jamais rien.

 

 

 

Prévoyez-vous d'autres aventures pour votre personnage Al ? Celui ci pourrait il devenir un personnage récurant ?    

GP : Figurez-vous que Al a effectivement ses fans, et en premier mon cher éditeur, Stéphane Berthomet, et donc bien que je n’aurais jamais pensé écrire une suite, je suis en ce moment même en train de lui faire des misères. Ce sera une occasion d’en apprendre davantage sur lui, et d’autres personnages qui sévissent dans le premier tome. Par contre ce ne sera pas une vraie suite, c'est-à-dire qu’on pourra lire les livres dans le désordre.

 

 

 

Vous semblez avoir la bougeotte... Vous avez vécu à Los Angeles, puis au Brésil. Vous voici revenue en France.... Des fourmis dans les jambes ? Envie de repartir ? Où ? Le pays de vos rêves ? Et vos prochaines vacances, où vous mèneront-elles ?   

GP :   Depuis que j’ai 13 ans je voulais partir aux Etats-Unis. Je n’étais pas très sociable, je vivais dans une bulle avec mes histoires, et je me sentais à l’étroit dans le quartier de l’est où je suis née. A seize ans j’ai commencé à sillonner les routes en stop, puis j’ai été en Afrique, en Asie avant de partir définitivement de la France à 19 ans. Là j’ai été en Autriche, où j’ai vécu deux ans au milieu des immigrés yougoslaves, là-bas je me suis passionnée pour la Yougoslavie, j’ai appris la langue et m’y suis même rendue seule durant un long voyage dans les Balkans. Durant cette période j’ai beaucoup voyagé : Cuba, Turquie, Roumanie, etc. puis je suis partie ensuite aux US avec 100$ en poche. J’ai atterri à San Francisco dans une auberge miteuse au milieu des junkies qui s’enfilaient des rai de coke en se gavant de « South Park », je fréquentais les bars chinois, discutais avec des membres de gangs mexicains, jouaient au billard avec des vétérans du Vietnam, puis je suis allée à Los Angeles…partout où j’allais j’aimais fréquenter les lieux et les gens « hors la loi », soit des gens qui ne correspondent pas au profil du parfait petit citoyen. Je pense que c’est dans les milieux sociaux défavorisés qu’on trouve le plus d’humanité, justement parce que généralement ce sont des gens qui n’ont pas eu la vie facile et qui savent que pour s’en sortir ici bas il faut se battre.     

J’aime les villes torturés, les gens déchirés, les vies bancales, ce sont sur ces existences imparfaites que j’ai envie d’écrire. La perfection m’horripile.

    

Prochaine destination de vacances ? Là où mes rêves voudront bien m’emporter…  

   

 

 

Quelle lectrice êtes-vous ? Quel auteur admirez-vous le plus ? Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?    

G.P : Généralement je ne lis pas quand j’écris parce que j’ai tendance à être inspirée par le type de livres que je lis (noir, sentimental, humoristique, etc.), mais bon en ce moment je déroge un peu à la règle puisqu’avec la promotion de « Sang pour Sang », je suis un peu désorientée)…j’avais coutume de lire environ trois livres par semaine. J’ai eu mes périodes populaires avec Gavalda, Coben, Kennedy, etc. (sans oublier Stephen King qui a été mon premier coup de foudre durant mes très jeunes années), qui m’ont fait à chaque fois découvrir un univers propre dans lequel, livre après livre, j’aimais me plonger, puis j’ai fait la connaissance du maître Japrisot  dont le ficelage des intrigues est incomparable…puis mes goûts se sont précisés…j’admire depuis toujours le grand aventurier Cizia Zykë, même si tous ses livres surtout dans ses derniers ne me plaisent pas, et puis il y a Dennis Lehanne qui sait si bien mêler le suspense aux sentiments, ses histoires étant toujours profondes, et aussi une auteure méconnue en France, Patricia Melo, une brésilienne, qui écrit à coups de mitraillette avec une critique très cynique de la société brésilienne, je l’adore…et depuis que j’ai publié mon livre et donc que je suis davantage orientée vers le polar j’ai découvert John Connolly ( pas Michael !) dont je suis folle du personnage, Charlie Parker, un homme cruellement saigné à vif, qui traîne la mort derrière lui comme une ombre emportant sur son passage les personnes qu’il aime.

 

En ce moment, afin de corriger mes potentielles lacunes polaresques, je me replonge aux sources en lisant : «  J’étais Dora Suarez » de Robin Cook et « Le grand Sommeil » de mon Chandler adoré, quelle perfection d’écriture, et les dialogues…un tel délice qu’on a l’impression en fermant le livre qu’on a pris trois kilos !   

 

Les trois derniers coups de cœur littéraires ? Ouah, c’est comme demander à Paris Hilton d’emporter sur une île déserte qu’une seule paire d’escarpins ! 

A défaut de citer les œuvres, je citerai les auteurs :

 

Patricia Melo (peut être pour « Enfer »)

 

Bukowski (pour son œuvre générale)

 

John Connoly (« l’ange noir »)

 

Dennis Lehanne (« Shutter Island » (the best surprising ending ever), « ténèbres, prenez moi la main »)

 

Raymond Chandler (« Le grand sommeil »)

 

James Ellroy (« Le Dahlia noir »…d’où j’ai tiré le prénom de ma fille)

 

Pour mes petits coups de cœur récents : « Chocolat » de Joanne Harris, « petit déjeuner avec Mike Jagger » de Kuperman et  Elite da Tropa, de Soares, Batista et Pimentel, livre document sur la BOPE, l'unité d'élite radicale de la police de Rio de Janeiro (apparemment la seule à ne pas se laisser bouffer par la gangrène de la corruption...mais à quel prix?). N’hésitez pas à sortir des conventions pour découvrir de nouveaux auteurs, c’est souvent comme ça qu’on se chope un coup de cœur (pas de souci, c’est un mal bien agréable à soigner…)  

 

Ah mince, ça fait déjà six…et des poussières   

Bon de toute manière Paris Hilton ne survivrait pas une nuit sur une île déserte, alors…

   

 

So long, Buddies…

 

  

                                                                                

                                                                                        

 

 

 

                                                                                  merci                            

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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Publié le 15 Avril 2010

Jeanne Benameur, une auteur que l'on ne présente presque plus sur la blogosphère, tant sont nombreuses les blogueuses qui ont lu quelques uns de ses livres et qui ont été séduites, touchées, voire bouleversées par cette lecture.

 

Cet hiver, j'ai chroniqué ici LES MAINS LIBRES et l'année dernière, LES DEMEUREES

 

Rencontrée au Salon du livre de Paris 2009, la romancière m'avait confiée son adresse mail. A mes questions "habituelles", la romancière m'a demandé de pouvoir répondre par un texte. J'ai l'immense bonheur et la fierté de vous le présenter ici. Bonne lecture !

 

 

 

 Chère Géraldine, bonjour et merci de votre patience. J’ai relu vos questions et donc je me permets cette lettre en réponse. Vous y trouverez la réflexion que vos questions ont engendrée plus que des réponses. Dans le fond un questionnaire n’est-il pas toujours fait pour mener à un questionnement ?

           

            Depuis l’enfance ma façon de ressentir les choses du monde est intense, je crois. Si intense qu’il me faut donner forme à ce que je ressens. Nous avons tous nos façons de « donner forme ». Nous pouvons parler à des amis, choisir une musique, aller courir …tant de façons différentes de vivre nos émotions.

 

            Pour moi, lorsque l’émotion est intense et durable, je sais que c’est l’écriture qui est là. Cela donnera un texte.  Je n’en sais pas plus. J’avance en ignorance sur la route et j’aime ça.  Quelque chose en moi de fort, de profond est à l’œuvre. Un remuement dont j’ignore l’issue. Je me laisse éprouver ce qui demande à voir le jour. C’est une aventure. L’histoire comme on dit n’arrive qu’après. L’histoire, c’est une sorte de maison que je construis pour loger l’émotion. 

 

            Je travaille à cerner ce qu’il faut d’ombre et de lumière pour chacun des « personnages ». Ce que je vois des personnages, c’est une densité au monde. Par exemple pour La Varienne et Luce, je « voyais » la silhouette massive, lourde et à côté une petite silhouette légère, presque dansante, dans l’espace de l’unique pièce qu’elles habitent toutes les deux. Pour Madame Lure, c’est le gris, le dru, qui m’est venu, une femme petite, à la taille qui ne se marque pas, une femme comme on en croise dans les supermarchés, qu’on oublie ensuite. Mais voilà, elle insiste. Je ne l’oublie pas. Je la suis et j’entre avec elle chez elle et je la vois, habitée d’un imaginaire formidable, dans ses voyages que nul ne peut soupçonner.

 

            J’aime les êtres humains. Profondément. J’aime en chacun d’eux la part de rêve  et de force extraordinaire qui ne demande qu’à porter la vie plus loin. Je suis convaincue que notre imaginaire est une force considérable, trop peu employée. Une force de changement. Remisée trop souvent au rang des choses qui ne servent qu’à divertir, au profit de ce qu’on appelle « réalité »qui prend tout le poids du sérieux. Or, pour moi, l’imaginaire est une puissance très sérieuse qui permet d’agir sur la réalité, en profondeur.

            L’enfance le sait.

            Mon attachement à l’enfance est sans doute lié à cela.

            Il y a en chacun de nous la part d’enfance qui est là, vivante. Je ne m’en départis pas. Et cela ne m’empêche pas d’être aujourd’hui la femme que je suis. Simplement je refuse le découpage arbitraire en tranche d’âge. Ecrire pour la jeunesse ou pour l’âge adulte, c’est écrire de toute façon. Nous sommes tout à la fois l’enfant et le vieillard parce que nous sommes humain et que notre pensée est nourrie aussi d’imaginaire.

 

            Alors oui en écrivant j’espère bien être un jardinier invisible. J’espère cultiver un jardin où d’autres, quel que soit leur âge, trouveront de quoi nourrir leurs rêves et qu’ils pourront ensuite retourner à leur vie, enrichis de sensations, d’impressions, de réflexions. C’est une espérance quand on écrit. La seule ; celle du partage. Peut-être parfois juste parvenir à nommer quelque chose que les autres éprouvent aussi et qu’ils sont heureux et plus forts d’avoir trouvé, nommé, dans un texte.

 

            Voilà Géraldine, ce que je peux vous dire aujourd’hui.

           

            Si vous avez été sensible aux Demeurées et aux Mains libres, peut-être trouverez-vous aussi une lecture qui vous va avec « Laver les ombres » paru chez Actes Sud en 2008

 

            En janvier prochain paraîtra un nouveau roman “ Les insurrections singulières” chez Actes Sud et je travaille en ce moment à un texte pour adolescent (et plus grand) “Pas assez pour faire une femme”...pour Thierry Magnier.

                                  

 

                                   Bien amicalement

                                               Jeanne Benameur

 

 

 

 

 

                                                 merci

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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Publié le 28 Mars 2010

Bonjour,

 

 

Hier, je vous présentais le dernier livre, le premier policier, et le non moins exellent livre  de l'auteur Georges Flipo, La commissaire n'aime point les vers.

Monsieur Flipo a accepté avec gentillesse, rapidité et humour de répondre à mes questions.... Et comme nous évoquons un roman policier, mon interview a pris cette fois-ci la forme d'un interrogatoire "musclé !" mené de mains de maîtres par les deux personnages principaux de cette histoire : La commissaire Viviane et le lieutenant Monot.

Voici...







 

 Viviane : Bien alors, monsieur Flipo, vous voici en garde à vue le temps que vous répondiez à nos questions. Pour commencer, nom, prénom, adresse et métiers, car vous savez bien, Monsieur Flipo, qu'écrire des livres est une lubie, pas un métier !!!

GF : Mais, c’est un traquenard ! On m’avait promis une charmante discussion avec une certaine Géraldine, peut-être même une part de son gâteau d’anniversaire, et je me retrouve face à une commissaire et à son lieutenant qui m’invitent à me mettre à table. Bon, puisque vous y tenez : Flipo, Georges Pierre César Marie Joseph, demeurant à Clamart, consultant en stratégies de communication, nouvelliste pour la radio quand la radio lui commande des nouvelles, et écrivain.

En ce qui concerne la lubie, je précise que ma vraie lubie c’est justement de faire de l’écriture mon métier.



Viviane : Mais cette idée de m'inventer et de faire de moi le personnage principal d'un roman policier vous est venue quand et comment ?

GF : D’une discussion avec une femme : les femmes ont beaucoup trop d’influence sur moi, je l’avoue. Je voulais changer des héros masculins, car certains lecteurs perfides prétendaient y voir mon autoportrait, ce qui est vexant quand on décrit des loosers glorieux. Je voulais donc une femme commissaire, mais pas superstar. Une vraie femme, une héroïne pas héroïque. On m’avait suggéré Christine Boutin, je l’ai rendue plus explosive, plus jouisseuse.

 



Monot : L'intrigue de nos aventures tournent autour d'un sonnet a priori inédit et authentique de Baudelaire. Pourquoi Baudelaire et pas un autre poète ? Vous fascine t-il particulièrement ?

GF : J’aime aussi Verlaine, Apollinaire, Hugo, Banville, Ronsard. Mais je mets Baudelaire au-dessus de tout, même si le personnage m’exaspère : il me fascine, par son esthétique, sa sensualité, sa musique. C’est le seul que je me sentais capable d’imiter. Enfin, capable... hum, on se comprend.

 

Viviane : Oui, c'est vrai, vous auriez plus choisir un poète plus récent, comme Gainsbourg ou Bashung. Tout le monde les connaît ceux là, alors que Baudelaire, c'est fini, ringard, plus personne n'en parle. En plus, vous en avez profiter pour me faire passer pour une inculte : justifiez vous !

GF : Nous avons les mêmes goûts, j’aime vivement Gainsbourg et Bashung. Mais je les considère d’abord comme d’excellents paroliers-musiciens-chanteurs, c’est déjà beaucoup. De plus, il me fallait un poète disparu depuis longtemps pour que les hésitations sur l’authenticité de l’inédit soient plus plausibles.

Je vous trouve sévère avec Baudelaire, il reste actuel, la sensualité est toujours d’actualité. Voulez-vous que je vous récite « Les bijoux » ? Je vous préviens, commissaire, je vous mettrai dans un état... un état ! Cela dit, vous n’êtes pas inculte : durant l’enquête, chez la graphologue, vous découvrez « La servante au grand coeur » et vous tombez en admiration. La vraie inculture ce n’est pas l’ignorance, c’est le refus de découvrir.

 


Monot : Je voudrais comprendre Monsieur Flipo, lorsque vous avez pris la plume pour commencer à rédiger notre enquête, vous avez avancé à petits pas sans trop savoir où tout cela allait vous mener ou aviez vous déjà une idée de comment se résoudrait l'enquête, bref, saviez-vous déjà qui était le ou la coupable ? Si vous le saviez, pourquoi ne pas nous l'avoir dit plutôt !??

GF : Je savais très bien où j’allais vous mener, lieutenant, mais c’est vous qui m’avez fait changer d’avis en route. La conclusion était trop complexe, j’ai réorienté l’intrigue - sur le conseil d’une femme, encore une fois, mais pas la même. Et, avec du recul, le résultat est meilleur. Heureusement que je ne vous en ai rien dit, vous vous seriez égarés avec moi.

 



Viviane : Dans tout ça Monsieur Flipo, il semble que vous m'ayez pris en grippe dès le début ? Pourquoi avez vous fait de moi une femme serrée dans son tailleur et obsédée des régimes 0% avec barre de chocolat ? Vous ne m'avez pas fait de cadeau, pourquoi ?

GF : Oh, commissaire, comment pouvez-vous être aussi aveugle ? Ne comprenez-vous pas les tendres sentiments que je nourris pour vous ? Vous êtes une femme blessée, en souffrance, pleine d’affection refoulée mais si attirante. En vous décrivant, je pensais souvent à une copine de la pub pour laquelle j’ai beaucoup d'amitié : elle est votre portrait, à la coiffure près. Quand je devais décrire vos réactions, vos coups de blues, vos fureurs, quand je devais caler vos dialogues, c’était elle que j’imaginais, et le clavier écrivait tout seul. C’est peut-être pour ça que Viviane, avec tous ses défauts, sonne vrai – c’est en tout cas ce qu’on me dit. Si je vous avais fait « des cadeaux » vous auriez été aussi insipide qu’un dessert Weight Watchers.



Viviane : Au fait Monsieur Flipo, savez vous pourquoi vous êtes ici, à subir cet interrogatoire ? Pensez vous être témoin, suspect, coupable ? Si oui de quoi ?

GF : Disons que je suis témoin non-engagé. Le regard de mes héros décrit une société, de façon d’ailleurs contradictoire : le lieutenant Monot vient même reprocher à sa commissaire d’être « trop franchouillarde ». J’ai cependant voulu évoquer les relations entre la police et la presse, la dérive des médias qui se veulent à la fois témoins et procureurs. Je l’ai fait sur le mode de l’humour pour éviter d’être tragique.

Et le lecteur en pensera ce qu’il voudra. Il haussera les épaules en disant « C’est pour rire », ou il les fléchira en ajoutant « C’est quand même vrai ».



Monot : Quelles relations entretenez vous avec vos complices du milieu littéraire ?

GF : Je compte de nombreux amis dans les milieux de la nouvelle, et c’est normal, puisque j’en suis issu. Amitiés merveilleuses, inaltérables et désintéressées, puisque les nouvellistes sont les moins influents des plumitifs. L’une d’elles m’a précieusement aidé dans la bonne mise en route de « La commissaire... ».

Je compte quelques amis, plus récents mais déjà chers, dans le monde du roman. Et je n’ai que deux ou trois amis dans ce nouveau monde du roman policier. Dont une qui compte pour dix.

 



Viviane : Maintenant que votre renommée va grandissant, écrire devient-il plus difficile ou plus facile ? Devez-vous continuer à frapper aux portes pour trouver éditeurs où cette contrainte vous est elle dorénavant épargnée ?

GF : Vous surestimez ma renommée ; elle ne rend pas mon écriture plus facile, mais plus confiante : quand j’écris un livre, je sais qu’il trouvera preneur, et je me donne le mal qu’il faut pour cela. Cela dit, je continue à « frapper aux portes » ou plus exactement à envoyer par la poste, (c’est plus facile) quand un manuscrit ne séduit pas chez mon ou mes éditeurs. C’est comme ça que j’ai eu le bonheur d’entrer à La Table Ronde. À mes débuts, j’envoyais mes manuscrits à 30 ou 40 éditeurs ; maintenant, c’est à 3 ou 4. Mais toujours par la poste : je n’ai aucun « réseau », sinon celui des facteurs.



Monot : Quel regard portez vous sur votre succès ? Cela vous rajoute-t-il une pression supplémentaire lorsque vous écrivez ? L'écriture vous laisse t-elle encore du temps à consacrer à vos autres passions. D'ailleurs, quelles sont elles ?

GF : Un regard très prudent, car on ne peut pas encore parler de succès. Le succès, ce sera quand chacun de mes livres trouvera 20.000 lecteurs. L’entrée dans le monde du roman policier et le soutien des blogs m’y aideront peut-être. Cela dit, je ne suis pas prêt à écrire n’importe quoi pour les trouver, c’est une pression que je refuse.

L’écriture me laisse du temps pour d’autres passions, mais je l’utilise mal : même quand je n’écris pas, l’écriture « me vide ». La seule autre passion, où je puisse couper avec l’écriture, c’est le voyage.

 


Monot : Quels sont les trois derniers livres que vous avouez avoir particulièrement appréciés ?

L’intégrale des nouvelles de Pirandello, Les mystères de Buenos Aires, de Manuel Puig et Service des affaires inclassables, de John Dickson Carr.



Viviane : Bien, merci Monsieur Flipo pour votre coopération. Manifestement, nous ne pouvons rien retenir contre vous, vous êtes donc libre. Vous pouvez rentrer chez vous. Un conseil, profitez en pour me remettre en selle dans d'autres aventures. Même si je ne suis pas très douée pour les communications médiatiques, une renommée à la Miss Marple par exemple me plairait bien !
GF : Une renommée à la Miss Marple ! Oh, Viviane, comme ça vous irait bien. Le jour où ça vous arrivera, je vous offrirai un nouvel ensemble Caroll, c’est promis ! En attendant, je vais vous envoyer en vacances dans un club. Préparez votre paréo ! 


                        


                                                         

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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Publié le 9 Février 2010

Qui cette année, n'a pas lu un billet concernant Dis Oui Ninon de Maud Lethilleux. Qui n'a pas encore lu ce brillant premier livre qui a tout de suite connu un vif succès.


Maud n'a pas hésité à répondre à mon interview, que voici ! Celle ci vous incitera à lire ce livre si vous ne l'avez pas encore lu, ou encore à vous procurer ses deux prochaines parutions !





Pourrais tu commencer par nous rappeler ce qui t'a mené à prendre la plume pour écrire Dis oui Ninon, nous rappeler comment Ninon est né ? .

Dis oui, Ninon n’était pas un projet mûri à long terme, il s’est imposé. Je venais d’écrire deux romans (qui n’ont pas été publiés) et j’avais décidé de faire une petite pause au Maroc. Sur le trajet en voiture cette histoire est née. Elle s’est construite entre Casa et Essaouira, à mon insu ! En arrivant, je n’ai pas tenu plus de 5 minutes, j’ai ouvert mon ordi et j’ai commencé, comme poussée malgré moi. Je n’avais pas l’impression d’écrire cette histoire, mais plutôt qu’elle s’écrivait à travers moi. C’était très fort, un immense bonheur, mais j’ai beaucoup pleuré aussi, comme si mon enfance me sautait au visage.

Initialement, j’avais pris la plume quelques mois plus tôt. Suite à un souci de santé j’avais arrêté de travailler et écrire me permettait de continuer à créer, à mon rythme, en tenant compte de mes limites

 

.

Te souviens tu de ton ressenti lorsque tu as appris que tu allais être éditée par Stock ? 

Oui ! J’ai pensé que c’était une grosse blague, j’ai passé mon temps à essayer de deviner quel copain imitait la voix de Jean-Marc Roberts ! Mais quand il a parlé de Liliane Rodd, une autre éditrice, j’ai su que c’était bien lui.

Après, j’ai stressé ! Il devait me rappeler deux jours plus tard, il n’avait lu que les 100 premières pages. Et j’avais eu cette expérience avec Anne Carrière pour mon tout premier manuscrit, elle m’avait appelée, très excitée, sa lectrice en chef avait adoré et elle ne m’a jamais recontactée. Mais Jean-Marc m’a rappelée comme convenu le lundi matin à onze heures.

Après, j’ai stressé encore plus ! (je suis, comme qui dirait, d'un naturel anxieux !) J’étais heureuse bien sûr mais morte de trouille. J’avais peur de ne pas leur plaire, de n’être pas crédible, de les décevoir et qu’ à la finale, ils ne veuillent pas de moi 


 

 Dis Oui Ninon a remporté un énorme succès littéraire bien relégué aussi par la blogosphère. T'attendais tu à un tel succès ? Un an après, quel est ton point de vue sur cette époque ?

Je ne m’attendais à rien. Enfin, j’essayais de ne rien attendre !

Et ce n'était pas non plus un "énorme succès", mais un succès de librairie qui s'est fait tout doucement grace au bouche à oreilles (sous toutes ses formes), ce qui est vraiment très bien pour un premier roman et qui donne sa chance au prochain. Mais rien à voir avec les grands succès comme Les déferlantes, par exemple.

ça m'a fait immensément plaisir mais je ne l’ai pas pris pour moi, plutôt pour Ninon, et pour l’enfant que j’ai été. Comme une réconciliation.

J’avais vraiment l’impression que le livre était une entité à part entière.

Aujourd’hui, quand je repense à ce moment, je pense au stress, la peur qu’il ne vive pas, que personne ne le lise. Je me souviens être allée en librairie le jour de la sortie et avoir remarqué que personne ne l’achetait. J’étais en apnée, je me disais souvent : C’est fini, il va aller au pilon.

La joie est venue ensuite, quand j’ai commencé à rencontrer des lecteurs, quand des articles ont parus, quand j’ai lu les chroniques, quand j'ai su qu'il serait traduit et qu’il paraîtrait en poche. J’ai pris conscience que c’était réel et que j’avais une chance énorme. Que j’étais vraiment privilégiée.

Quand on écrit ainsi un premier livre qui rencontre ce succès, je suppose que l'éditeur "presse" l'auteur de se remettre au travail. Comment être sûr que l'alchimie va reprendre, que l'on va retrouver de l'inspiration et ne pas faire face à la feuille blanche ?

Mon éditeur ne m’a pas pressée, au contraire, il a repoussé la date de sortie de mon prochain pour laisser Dis oui, Ninon vivre encore un peu.

J’ai signé pour D’où je suis, je vois la lune avant la parution de Dis oui, Ninon en décembre 2008. J’en avais écrit les deux tiers que j’avais fait lire à mon éditeur. Je l’ai terminé en janvier 2009. L’attente était longue ! J’avais très peur de ne plus l’aimer quand il sortirait.

Ce deuxième a été douloureux à écrire, comme tout deuxième parait-il. Pas vraiment à écrire, en fait, mais à commencer. Je ne retrouvais plus la joie intense d’écrire, je comparais avec Ninon, je pensais qu’il serait refusé… J’ai écrit deux débuts avant celui-ci, sur d’autres sujets, et un matin, par hasard j’ai écrit cette phrase «  J’ai chouré un bloc-notes à la maison de la presse, un petit rectangle orange avec les pages qui s’arrachent, j’ai caressé le dessus comme ça pendant longtemps et j’ai senti le papier, c’était pas comme dans mes souvenirs avec l’odeur de poussière, ça sentait presque rien, une sorte de pétrole désaromatisé, le même que celui que Boule balançait l’hiver dernier sur les ordures pour se réchauffer. »

Et c’était parti. Mon roman venait de se dessiner. Initialement je pensais avoir 2 narrateurs mais très vite j’ai su que Moon allait prendre toute la place.

Je venais d’écrire 2 débuts de romans (50 pages chacun), et celui-ci s’imposait, j’ai tout de suite retrouvé l’énergie, la joie, mais sans comparer car ça touchait une autre part de moi, pas la petite fille.

Tout au long de l'écriture, je n’étais sûre de rien, l’alchimie est quelque chose de si fragile !  

Le plus difficile pour un deuxième, je trouve, c'est la peur terrible de décevoir, surtout après le succès que Dis oui, Ninon a rencontré sur les blogs, je redoute les premiers billets... Je pense que je n'allumerai pas l'ordi pendant quelques temps après la parution :)

 

Se pourrait il qu'un jour, il y ait une suite à Dis oui Ninon, qui nous apprendrais par exemple ce que devient Ninon à l'adolescence ?

J’y pense parfois. Mais souvent les suites sont décevantes, donc je n’y réfléchis pas plus que ça.

 

Les prochains mois vont être chargés pour toi puisque tu sors ton 2ème roman chez Stock "d'où je suis je vois la lune" le 9 mars... Que peux tu nous révéler sur ce livre.?
 

Je peux te donner la quatrième...

On vient de la finaliser, la voici :

 

Moon a choisi la rue parce qu’elle a décidé d’être « elle-même dans ce monde où les gens sont devenus des autres ». Elle ne fait pas la manche, elle vend des sourires, et observe avec malice le manège des gens pressés.

« Je dis : Avec cinquante centimes d'euros, qu'est-ce qu'on achète à notre époque? J'insiste, il accélère, petite pirouette : Non sans dec, à ce prix, franchement, tu trouves des trucs intéressants à acheter? Le type finit par s'arrêter, il se demande où je veux en venir, et c'est là que je sors le grand jeu, tutti et compagnie, je dis : Un sourire à ce prix-là, c'est pas cher payé! Et j'attends pas qu'il accepte, je lui refourgue un petit sourire façon majorette à dentelles, épaule en arrière et tête haute. Le type soupire, il pense qu'il se fait avoir. Il  n'a que dix centimes mais je lui fais quand même le sourire en entier. Je suis pas une radine. »

Autour d’elle, il y a Michou et Suzie avec leur caddie, Boule, son crâne rasé et sa boule de billard à dégainer en cas de baston, les kepons migrateurs avec leurs crêtes de toutes les couleurs et surtout, il y a Fidji et ses projets sur Paname. Pour lui, elle a décidé d’écrire un roman, un vrai.

Et il y Slam qui sort de prison, Slam qui aime les mots de Moon et a une certitude : un jour, elle décrochera la lune…

 

Ce que je peux révéler : C’est une histoire de mots, d’amour et d’amour des mots… ça se passe dans la rue, mais ce n’est pas triste

 

Il me semble qu'un autre écrit ait trouvé éditeur puisque paraît aussi, au mois de mai, chez Thierry Magnier, "J'ai 15 ans et je ne l'ai jamais fait". Comment présenterais tu ce bébé là ? 

C’est un roman pour grands ados mais qui est, je pense, tout à fait adapté aux adultes aussi. Je me suis beaucoup amusée, sans trop me demander à qui je l’enverrai, est-ce qu’il plairait, est-ce qu’il serait éditable… Je l’ai écrit pour retrouver confiance car j’avais complètement et à nouveau perdu confiance en moi, je n’avais pas réussi à écrire pendant 9 mois et la sortie de « D’où je suis… » venait d’être repoussée. J’ai pensé qu’il y avait urgence personnelle et je m’y suis mise.

« J’ai 15 ans et je ne l’ai jamais fait » est une histoire racontée par 2 narrateurs, Capucine qui n’a qu’une idée en tête : perde sa virginité, et Martin, un musicien très sensible.

Je l’ai envoyé par la poste…

Aujourd’hui j’en écris un nouveau qui me tient énormément à cœur. Je ne sais pas encore si je vais le proposer en jeunesse ou chez Stock. C’est l’histoire de 3 adolescents en rupture sociale qui se retrouvent ensemble dans une maison d’accueil à la campagne.

 

 

La sortie d'un livre, et à raison de plus de deux livres, signifie aussi un petit tour de France de salons Littéraires et de séances de dédicaces... Comment fait on par allier ce rythme effréné avec sa vie personnelle et sa vie professionnelle ?

 C’est très intense ! J’ai 2 enfants, un métier, un amoureux, un appartement que nous rénovons, et j’essaie de trouver le temps d’écrire… J’ai d’ailleurs arrêté le blog par manque de temps et d’énergie, et non par manque d’intérêt ni parce que je pensais en avoir fait le tour, mais parce que j'ai dû faire l’impasse sur certains projets.

C’est intense et très agréable, la rencontre avec les lecteurs donne beaucoup d’énergie et je pense que cette année je serai plus détendue. J’ai moins peur que la porte se referme aussi vite qu’elle s’est ouverte. Je sens que ma maison d’édition me fait confiance, et chez Thierry Magnier aussi, et j’ai moins peur de décevoir mes éditeurs. 


Tu as passé une grande partie de ta vie à voyager de par le monde ? N'aurais tu pas envie de temps en temps de reprendre la route ?

Je retourne au Maroc… et je voyage d’une autre façon qui aujourd’hui me comble. C’est drôle, pendant longtemps je ne pensais que je ne vivrais pas en France et il s’avère que j’écris en français et que donc c’est ici que j’ai le plus à faire (tant que l’inspiration sera au rendez-vous).

 

 Quelle lectrice es tu ? Quels sont tes 3 derniers coups de coeur littéraires ?

Je lis de tout, sans à priori. J’aime les écritures simples, limpides et la joie derrière les mots.                                                                                         
                                                                         

Mes derniers coups de cœur :

Slam de Nick Hornby (que la blogueuse Lutecewoman m’a conseillé) , j’aime cet auteur, l’humanité qui se dégage de ses livres, sa façon de nous faire entrer physiquement dans les personnages, l’amusement de l’auteur, sa simplicité.

Twist de Delphine Bertholon (nous avons fait une signature ensemble, on s’est envoyé nos livres) J’ai été bluffée par ce roman ambitieux et d’après moi très abouti. Elle a su faire d’un sujet douloureux un roman léger et gracieux.

En cage de Kalisha Buckhanon au Rouergue Doado, un roman épistolaire poignant qui touche un sujet auquel je suis très sensible : l'univers carcéral.

 

                                                                                        merci

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 18 Décembre 2009

DSC04264.JPGAujourd'hui, c'est écrivain voyageur que nous rencontrons. A 25 ans, Clément BOSSON a fait le tour du monde sur une année. A son retour, il a amarres.jpgécrit  Larguer les amarres, magnifique témoignage de la route et des rencontres.
Nous en parlons ensemble :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Larguer les amarres" est le récit de votre voyage autour du monde. A votre départ, saviez vous déjà que ce livre allait exister ? L'avez vous écrit au fur et à mesure de votre périple ou plus tard ?
CB : Non, je ne savais pas que j’allais écrire un livre. C’est la route, les rencontres, qui m’ont donné envie d’écrire. Tout s’est fait naturellement, j’ai pris beaucoup de notes au fil du voyage. Au retour, le livre s’est imposé comme une évidence. Le besoin de raconter, de faire partager mes émotions. Le début d’un nouveau voyage avec les lecteurs.

A la fin de votre périple d'une année comment s'est passé votre retour dans la vie "normale", parisienne, rythmée, faite d'obligations etc ? La réadaption fut elle difficile ? Renoncer à cette totale liberté n'a pas du être facile tous les jours ? Mais y avez vous vraiment renoncé ?
CB : Pas facile en effet. Vous passez d’une vie à la Indiana Jones au fauteuil du salon et la télécommande. La routine n’existe quasiment pas sur la route, on peut parler d’une routine dans l’extraordinaire. Le changement de rythme est étrange une fois rentré.  J’ai eu la chance de repartir assez vite au Nigéria et dans le Golfe Persique dans le cadre de mon travail et j’ai pu retrouver l’émotion du voyage. Toutefois, ce n’est pas une vie de vouloir toujours partir, à moins d’avoir à chaque fois une belle idée et un beau projet. Rien ne sert de partir pour fuir. On peut trouver de la beauté et de la poésie dans le quotidien, c’est un état d’esprit. Construire une vie, trouver un accomplissement dans son travail et sa vie amoureuse, c’est aussi une vraie aventure !

Quand à 25 ans on a fait le tour du monde, que peut on encore espérer dans sa vie de voyageur ? Avez vous encore un rêve dans ce domaine ? N'avez vous pas parfois l'impression d'avoir commencé par le top du top ?
CB : Il reste de beaux voyages à accomplir et de belles rencontres pour l’avenir. Ce n’est que le début. Plus je voyage moins je suis blasé. Après tout la destination importe peu, c’est le sentiment de découverte qui est excitant. J’étais à Toulon il y a peu pour un salon du livre et j’étais très heureux de découvrir une ville que je ne connaissais pas.

Un tel voyage n'est pas à la portée de tous. Certaines personnes n'ont pas envie de voyager, d'autres sont rassurés mais néanmoins ravis de voyager dans les sentiers battus. Si je vous dis que dans le voyage et le tourisme il y en a et il en faut pour tous les goûts, que l'essentiel est que chacun soit conscient de la richesse des différences de chacun et sensibilisé à la fragilité du patrimoine mondial, serez vous d'accord un peu, beaucoup, pas du tout avec moi ?
CB : Je suis d’accord avec vous. Chacun fait comme il veut. Je suis peut-être un peu sévère dans le livre. Je ne souhaite pas stigmatiser des voyageurs. Dans quelques années, j’irai peut-être passer mes vacances au club Med avec mes enfants parce que c’est un endroit reposant et pratique… Toutefois, j’encourage les voyageurs qui suivent les guides à la lettre et qui se connectent tous les jours à facebook de faire le test une journée d’un voyage plus imprévu, tourné vers les autres. Ils ne seront pas déçus.  

Si vous pouviez revivre un moment précis de votre voyage, lequel serait-ce ?
CB :  La traversée en bateau de Mombassa à Zanzibar.

De même, si vous pouviez en effacer un, lequel gommeriez vous ?
CB :  Je n’effacerai rien je pense. Tout a eu un sens même les moments où je me suis perdu en route.

De toutes ces personnes que vous avez rencontrées de part le monde pendant un an, quelle est celle qui vous a le plus marqué et pour quelle raison ?
CB : Sans doute Rachel l’Israélienne. Une globetrotteuse un peu paumée, mélancolique, aguicheuse, profondément humaine. Il y aussi la belle Medlova, Jonas le Danois et d’autres. Difficile de choisir. Je pense souvent à eux. Les rencontres en voyage sont éphémères mais très intenses.

Quel sera votre prochain voyage ? Dans quelles conditions ? Dans quel but ?
CB :  J’y réfléchis. C’est une bonne question. L’Afrique ou l’Océanie probablement. Je ne partirai pas pour partir mais pour aller au bout d’un projet qui pourrait être un film.

Je vous ai senti très à l'aise avec la plume. Avez vous d'autres projets de publication ou d'écriture ? Un roman serait il envisageable ?
CB : Je suis touché par votre remarque. Ecrire c’est partager, créer un dialogue. J’ai commencé un roman il y a un mois qui sera très fantaisiste. On manque de fantaisie et de joie de vivre il me semble, surtout à Paris. Je veux écrire un livre qui fasse travailler l’imaginaire mais qui fasse rire également. Le style sera sans doute un peu différent. Une chose est sûre, on voyagera à nouveau.

Quel lecteur êtes vous ? Quels sont vos 3 derniers coups de coeur littéraires ?
CB : Un lecteur curieux. J’ai relu il y a peu l’écume des jours, un vrai bijou. Dans la rentrée littéraire, j’aime la délicatesse de David Foenkinos, très plaisant, drôle et touchant. Je lis en ce moment un livre amusant sur le tennis qui s’apelle Balles Trappes. Je suis ouvert à tout. En tout cas, en guise de conclusion je souhaitais vous remercier pour vos questions et vous féliciter pour la qualité de votre blog. Merci.



                                       merci

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Interviews exclusives !

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