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Publié le 22 Novembre 2022

Roman - Editions Livre de Poche - 160 pages - 7.20 €

Parution Poche 2010 (Ed. Héloïse d'Ormesson 2008)

L'histoire :  Pascaline, la narratrice, vient juste de divorcer. A 40 ans, elle s'installe seule dans un nouvel appartement parisien, un deux-pièces qu'elle trouve charmant. Dès les premiers jours, un profond malaise l'envahit, ainsi que des cauchemars. Elle apprendra par une voisine bavarde qu'un véritable drame s'est produit dans sa chambre il y a des années de cela. Pascaline réalise qu'elle est sensible à la mémoire des murs. Ce drame et ceux qui l'entourent vont devenir une obsession pour elle, et faire remonter sa propre tragédie, enfouie depuis 15 ans.

 

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

Mon humble avis : Dans ma PAL, j'ai des pavés... Et aussi des livres fins... L'un de mes plaisirs est d'en choisir un comme je le ferai d'une séance de cinéma ou d'une activité d'après-midi, pour passer quelques prochaines heures...

La mémoire des murs nous emprisonne donc pour un soir, et les pages se tournent toutes seules, tant l'intrigue est prenante, obsédante, que la tension monte...

Le drame qui s'est déroulé dans nouvelle chambre de Pascaline est le meurtre d'une jeune femme par un tueur en série... Inutile de chercher bien loin, Tatiana de Rosnay fait référence à Guy Georges. Donc en tout, ce n'est pas une, mais sept victimes. Obsédée par ses malaises, Pascaline va en fait enquêter, presque sous forme de pèlerinage sur ses sept jeunes femmes. Elle va même errer autour de la prison où l'assassin purge sa peine...   Cette obsession va tourner à la folie et faire rejaillir le drame qu'elle a elle-même vécu : le décès de sa petite fille, de la mort subite du nourrisson, un soir où elle était absente, où son mari veillait la petite.

Tatiana de Rosnay, d'une écriture fluide et limpide, tout à fait adaptée au sujet, a le talent de nous inclure dans le malaise de son héroïne, et de rendre très palpable des faits divers qui ont fait la une des journaux mais qui, pour la plupart d'entre nous, sont restés à leur place de fait divers. Dans ce roman, ils redeviennent réalité proche, sous le prisme d'une personne comme vous et moi, qui n'était en rien liée ni aux victimes, ni au coupable, ni à la justice etc... A travers l'enquête de Pascaline, Tatiana de Rosnay, au-delà d'un nom et d'une fin terrible, redonne une identité, et une vie à ces jeunes femmes. Et par delà, à toutes les personnes oubliées, victimes de drames, ou au contraire heureuses, qui ont vécu dans les lieux que nous fréquentons et piétinons sans y penser, qu'ils soient réputés ou à priori anodins (La romancière évoque les bâtiments qui remplace le Vel d'Hiv, à Grenelle.) Le message est clair : n'oublions pas le passé... mais que cela ne devienne pas une idée fixe.

Et puis, toutes ces victimes avaient des parents... hors Pascaline a eu une fille... Cette histoire fait rejaillir ce deuil inachevé, enfoui, la perte, l'inconcevable... Nous assistons donc à la descente aux enfers de Pascaline, sans que nous ne puissions rien faire, jusqu'à la toute fin glaçante qui laisse sans voix.

Cette histoire est sombre, mais parfaitement menée, elle ne s'étend pas en longueur pour rien. Tout est dense, et très prenant, mais pas trop long. En même temps, heureusement, car c'est une lecture qui remue et met plutôt mal à l'aise. J'ai vraiment bien aimé ! J'ai dévoré !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 18 Novembre 2022

Roman - Editions audiolib - 3h48 d'écoute - 17.10  €

Parution Audiolib 2018 (L'iconoclaste 2017)

L'histoire : Eté 1965. Shell a 10 ans... et est différent. Il en a marre des moqueries, ou qu'on lui dise qu'il n'est pas assez grand, pas un homme etc... Alors, c'est décidé, il part faire la guerre ! Il s'enfuit donc de la station service où il vit avec ses parents. Ses pas ne le mèneront pas à la guerre, mais là-haut, sur le plateau... Là, il se battra contre le silence et le maquis, contre lui-même et grandira. Et surtout, il rencontre Viviane, une curieuse adolescente, qui apparaît et disparaît. Viviane devient sa meilleure amie, sa première amie, sa seule amie. Sa reine.

 

Tentation : Pourquoi pas ?

Fournisseur : Bib de Dinard

Mon humble avis : C'est un beau roman, une belle histoire, touchante. Shell est handicapé mental : il grandit dans son corps mais pas dans sa tête. Il est moqué à l'école, fait des bêtises qu'il ne comprend pas... Et ses parents songent à l'envoyer loin près de chez sa très grande soeur, mais dans un institut spécialisé. Alors Shell fugue de chez lui, dans l'idée d'aller faire la guerre pour montrer sa force, devenir un homme et mériter le respect. C'est là-haut, sur le plateau, qu'il rencontre Viviane. Viviane qui le prend tel qu'il est, qui le fait rêver, et à qui il a promis d'obéir et de ne pas poser de question, comme à une reine.

L'amitié décrite est belle et rend l'histoire onirique et poétique et puise ses ressources dans l'imagination sans borne de l'enfant... On s'attache évidemment au petit Shell, à ses défaillances, à ses rêves, à son entêtement. A travers lui, Jean-Baptiste Andréa raconte une histoire initiatique qui porte sur la différence. L'acception de celle des autres, de la sienne. La différence sous toutes ses formes, car également dans le mode de vie etc... Car la différence amène le rejet. C'est aussi le passage de l'enfance à l'adolescence, avec les premiers émois, que conte ici l'auteur.

Je n'ai pas totalement adhéré à ce roman et à son aspect un peu magique, peut-être parce qu'à la base, je ne suis pas adepte des livres dont les narrateurs sont des enfants. Et puis quelque chose dans les intentions de l'écrivain m'a peut-être échappé... En effet, il est sujet de l'acceptation des différences... Mais alors pourquoi Viviane est elle aussi cruelle (à mes yeux) avec Shell, l'obligeant à lui obéir au doigt et à l'oeil,  plus tard, en l'ignorant et enfin en lui demandant l'impossible... Ceci aurait dû être plus développé à mon goût, peut-être en donnant la parole à Viviane, ce qui aurait interrompu parfois le récit de Shell, que j'ai trouvé long par moment, et puis un peu répétitif. Mais la plume est belle et adaptée au sujet.

La fin m'a laissée très perplexe, voire désemparée.

Bref, comme je ne suis pas très sensible à ce genre roman, je vous laisse vous faire votre propre idée, votre lecture pourrait très bien vous enchanter.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 4 Novembre 2022

Roman - Editions Pocket - 306 pages - 6.95 €

Parution Pocket 2009, Julliard 2008

L'histoire : Celle du Marquis de Montespan, qui vit sa femme, sublime et adorée, devenir la favorite du rois Louis XIV. Ce qui à l'époque était une source de privilège inépuisable rend le marquis fou de douleur. Il n'acceptera jamais, jamais que épouse, la Marquise de Montespan partage la couche du roi, et sa haine contre l'homme le plus puissant du monde le mènera dans une "guerre" sans fin pour récupérer son amour.

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

Mon humble avis : Il m'a fallu le récent décès de Jean Teulé pour me décider à sortir ce titre de ma PAL... Le Montespan, qui lors de sa parution, fut multi primé et reçut entre autrse le Prix du roman historique de l'année 2008.

J'ai bien apprécié ma lecture... Qui m'a instruite, divertie (cette histoire est follement romanesque) et amusée (les situations cocasses de manquent pas, et la plume de Jean Teulé amplifie encore cet aspect comique.

L'ouvrage est évidemment très documenté. Mais pour les petits détails de l'action et certains dialogues, j'ignore où se tient la limite entre vérité historique et facéties du romancier. Quoiqu'il en soit, les pages se tournent toutes seules.

Les vocables et locutions d'antan sont bien sûr présents et parfois mêlé à un style plus contemporain et plus cru. Qui sait, cette crudité était peut-être déjà d'usage à l'époque. La lecture en est agréable et joviale.

C'est curieux comme les mots de Teulé m'ont permis de me créer des images sur la vie des Français, des gueux comme des nobles déjà désargentés, ou encore autour de la cour du roi. Franchement, et à tous niveaux (hygiène, pauvreté, monarchie à plein pouvoirs) cette époque ne donne pas envie !

Chapeau à Jean Teulé qui est parvenu à faire de ces personnes historiques des personnages de roman plus vrais que nature, des personnages auxquels on s'attache, ou dont on se détache... même si les "juger" par le prisme de nos valeurs contemporaines n'est pas très rationaliste ! Quoiqu'il en soit, Le Marquis de Montespan nous parait d'abord badin, looser et malchanceux (Il part à 3 guerres pour faire fortune et deux d'entre elles n'ont pas lieu !), très naïfs (il ne voit pas les dangers de la cour, même quand son épouse le supplie de l'en sortir). Et puis, c'est un homme qui grandit sous nos yeux, qui devient courageux, combatif, d'une intégrité absolue, et surtout, passionnément amoureux de La Montespan, à une époque où l'amour était rarement le socle du mariage, et s'il l'était, ne durait jamais plus que quelque temps.

J'ai donc passé un agréable moment avec ce personnage haut en couleurs et me suis instruite sur le XVIIème siècle et ses usages. Si vous ne connaissez pas ce roman, je vous le conseille donc chaleureusement !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 21 Octobre 2022

Roman - Editions Rivages - 198 pages - 19.50 €

Parution le 22 août 2022  : Rentrée littéraire

L'histoire : A l'heure actuelle, il n'est plus connu de personne... Et pourtant, Augustin Mouchot connu son heure de gloire et remporta même une médaille d'or à l'Exposition Universelle de Paris en 1878...

Augustin Mouchot a découvert l'énergie solaire. Et ses travaux aussi acharnés que titanesques démontraient son efficacité, sans l'usage d'aucun combustible. Oui, mais voilà, l'ère du charbon est arrivée et la communauté scientifique s'est détournée de Mouchot, qui finit ruiné et oublié de tous.

Miguel Bonnefoy raconte ici son histoire et par la même occasion, lui rend sa place au soleil !

Tentation : Nom de l'auteur

Fournisseur : Bib de Dinard 

Mon humble avis : Une petite virée à la bib pour trouver un titre de la Rentrée littéraire... Ceux que j'avais en tête n'étaient pas disponibles... Mais cette couverture violette qui même de loin dit "Miguel Bonnefoy" m'a attirée. Et je garde un si bon souvenir de ma lecture de Sucre Noir, que retrouver la plume de Miguel Bonnefoy me ravissait d'avance.

Force est de constater que l'enthousiasme n'est pas le même que pour Sucre noir. Et pourtant, dans un premier temps, ma lecture fut vraiment enjouée et intéressée. Quelle bonne idée de sortir de l'ombre ce personnage ô combien romanesque qu'était Augustin Mouchot et de le remettre à la lumière... Surtout dans notre époque actuelle où l'on court autant après l'énergie qu'à son économie. A l'heure où les énergies fossiles sont fustigées pour leurs dégâts écologiques et dont la disparition à moyen terme est déjà annoncé. C'est au court du 18ème siècle qu'Augustin Mouchot découvrit l'énergie solaire et ses usages possibles. Même Napoléon III s'est intéressé aux travaux de Mouchot... En effet, ceux-ci auraient permis par exemple aux militaires en campagne de cuire leurs aliments sans combustibles et surtout, sans créer de fumer trahissant leurs positions. Alors oui, l'intérêt est là et reste, car Miguel Bonnefoy nous plonge également dans la France depuis 1825 jusqu'à l'avant-guerre 14-18. Les conditions de vies sont là, les conflits et changements politiques constitue une toile de fond et situent l'avancée du récit. Et puis nous côtoyons d'autres scientifiques, découvreur et inventeur de l'époque, même si certains ne sont qui cités.

L'on retrouve aussi la plume imaginative, vivace, élégante de Bonnefoy qui parvient, au début, à nous faire croire qu'il s'agit là d'un conte, tant le ton y est. L'écrivain se permet même des petits clins d'oeil à ses précédents romans ! J'ai trouvé celui sur Le voyage d'Octavio, et sur Héritage. Le clin d'oeil à Sucre noir m'a échappé !

Mais, mais... L'aspect conte a disparu progressivement... Les descriptions des appareils construits par Mouchot sont très nombreuses et ne m'ont pas parlé... Dommage qu'il n'y ait pas eu un petit croquis ajouté de-ci-delà... (Bon, en même temps, j'aurais pu me rendre sur Google, mais c'est une chose que je fais très rarement en lisant). Je n'ai pas retrouvé l'onirisme et la fantaisie présents dans Le voyage d'Octavio ou Sucre noir. A mi-parcours, j'ai une l'impression d'une histoire contée de façon de plus en plus linéaire, comme une suite d'événements. L'auteur semble parfois annoncer des choses, des basculements, qui n'adviennent pas. Et puis sur la fin, j'ai trouvé le récit un peu embrouillé, concernant les ressources financières de Mouchot, les brevets etc. Donc un avis en demi-teinte malgré un personnage vraiment hors du commun, dont j'ai été contente de faire la connaissance.

Une lecture intéressante mais qui ne m'a pas passionnée, d'autant que dans ces biographies romancées, je me demande toujours ce qui tient de la vérité ou ce qui émane de l'imagination de l'auteur. J'ai tout de même été "amusée" de constater toutes les objets ou technologies créés au 19ème siècle, et cités dans ce roman, que j'utilise quasi quotidiennement sans réfléchir, comme s'ils avaient toujours existé.

Si vous n'avez jamais lu Miguel Bonnefoy, je ne vous conseille pas ce titre pour entrer dans son univers. Mais si vous êtes férus de sciences et de découvertes, ce roman pourrait vous séduire plus que moi.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 15 Octobre 2022

Roman - Editions Pocket - 148 pages - 5.95 €

Parution Julliard 2022, Pocket 2010

L'histoire : Dans les ruines brûlantes de Kaboul, la mort rode, un turban noir sur la tête. Lapidations, exécutions publiques, les Talibans veillent et sont partout.

Atiq a été un courageux Moudjahid contre les russes, il est maintenant géôlier. Il traine sa peine, sa femme Mussarat est malade, il refuse de se questionner sur le régime taliban.

Moshen et son épouse Zunaira ont tout perdu avec l'arrivée au pouvoir des talibans. Elle était avocate, il avait le goût de vivre dans la modernité.

Leurs destins vont se lier, de manière tragique.

 

Tentation : Auteur que j'apprécie

Fournisseur : Ma PAL

Mon humble avis : Ce livre a paru en 2002, il a donc dû être écrit entre 2000 et 2001...A l'époque, les Talibans étaient au pouvoir en Afghanistan depuis 1996... pour se voir renversés en 2001.

Encore un livre que pioche dans ma PAL et qui date sacrément... Qui devrait être une tranche de l'Histoire, mais qui est redevenu affreusement actuel depuis un an, et le retour de l'Etat Islamique en Afghanistan. L'Histoire n'est hélas qu'un perpétuel recommencement...

C'est donc une plongée glaçante dans l'obscurantisme religieux qui nous fait vivre Yasmina Khadra ici. C'est le quotidien de quatre personnages principaux, d'origines sociales différentes, parmi moult autres, nommés ou anonymes, que nous partageons ici. Le quotidien, et les conditions de vie. La pauvreté, la peur, la menace de la délation venant de n'importe qui, les Talibans qui sont à chaque coins de rue, vous observent, vous obligent, décident de votre sort de façon arbitraire si votre comportement est suspect et ne leur plait pas. Et plus aucune liberté... Même rire dans la rue est proscrit, comme y tenir la main de sa femme. Les manifestations de joies, considérées comme impudiques, sont rangées au rang des péchés capitaux.

Nous autres occidentaux, on sait vaguement ce qu'il se passe là-bas, mais le lire clairement est effroyable, et nombre de propos de certains personnages, à propos des femmes, font froid dans le dos. Car la femme est évidemment moins que rien derrière son Tchadri. Pour certaines, la mort parait libératrice. 

Tout cela est parfaitement décrit par Yasmina Khadra et orchestré dans une histoire terrible dont on ne peut pas imaginer une fin heureuse vues les circonstances. Mais il y a vers la fin des passages sublimes de don de soi, d'amour suprême font vriller le ventre. Yasmina Khadra nous dit aussi les conséquences des guerres interminables et des régimes extrémistes, d'autant plus quand ils sont religieux... C'est la folie qui guette ceux qui n'adhèrent pas aux préceptes imposés. Des lois créées par des fous de Dieu, qui rendent fous ceux qui étaient sains d'esprit dans un pays en proie aux pires folies humaines. Je pense que la folie, individuelle ou collective, est le thème principal de ce roman puissant.

Néanmoins, j'ai quelques réserves sur le style de Yasmina Khadra. Chacun sait qu'il écrit merveilleusement bien, avec des mots choisis, un vocabulaire soutenu et châtier, et des envolées poétiques. Mais cela m'a paru souvent un peu trop, comme mielleux. Inadapté au sujet peut-être. Un style plus claquant, plus vif, plus direct et tranchant aurait, à mes yeux, plus convenu à cette terrible histoire. De même, dans les dialogues, les personnages s'expriment avec un langage très soutenu, qui pour moi, n'est pas réaliste. Mais ce n'est que mon humble avis !

A lire, pour prendre bien conscience de ce qui se déroule de nouveau à l'autre bout du monde, et de notre chance extrême d'être nés à l'Ouest. 

 

"- Je ne les laisserai pas vous tuer.
- Nous avons tous été tués. Il y a si longtemps que nous l'avons oublié."

"Ne me demande pas de renoncer à mon prénom, à mes traits, à la couleur de mes yeux et à la forme de mes lèvres pour une promenade à travers la misère et la désolation ; ne me demande pas d'être moins qu'une ombre, un froufrou anonyme lâché dans une galerie hostile."

"Elle ne représente pas grand-chose en dehors de ce que tu représentes pour elle. Ce n'est qu'une subalterne. De plus, aucun homme ne doit quoi que ce soit à une femme. Le malheur du monde vient justement de ce malentendu."

"D'un autre côté, je refuse de porter le tchadri. De tous les bâts, il est le plus avilissant. une tunique de Nessus ne causerait pas autant de dégâts à ma dignité que cet accoutrement funeste qui me chosifie en effaçant mon visage et en confisquant mon identité."

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 11 Octobre 2022

Roman - Editions Notabilia - 215 pages - 7.50 € 

Parution Notabilia 2021 (Poche 2022)

L'histoire : Ce matin là, sa voiture ne démarre pas. Ce ne pourrait être qu'un agacement, mais pour Clara, c'est comme la fissure d'un barrage... de l'eau, l'inondation, la noyade... Le Burn Out. Des mois la tête sous l'eau, jusqu'à ce qu'une envie revienne, une étincelle, une lumière...

Tentation : Nom de l'auteur et blogo

Fournisseur : La déchetterie (hé oui !)

 

 

 

Mon humble avis : Ma vie de lectrice change. Il fut un temps où je ne pouvais lire que des romans neufs et qui m'appartiendraient à jamais. Et là, j'ai lu un exemplaire trouvé à la déchetterie, dont les pages étaient gondolées et piquées de moisi... Certains livres sont vraiment malmenés. Mais malgré son apparence peut attirante, ce roman a eu comme un effet magnétique sur moi... Je l'ai dévoré autant que j'ai pu, j'avais toujours très envie de m'y replonger.

Et pourtant, je reconnais que le sujet (dépression et burn out) peut être rebutant pour certains, comme à priori pour moi d'ailleurs, maintenant que je me suis sortie de cette spirale qui semblait infernale. Et bien en fait, le texte de Gaëlle Josse est doux, et assez lumineux dans un sens.

Nous accompagnons Clara, trentenaire comme il en existe des centaines de milliers... Un petit ami, un travail valorisant dans une société de crédit, et même une récente promotion. Voilà pour la façade. A l'intérieur des murs, une vie contrariée dix ans plus tôt et un changement de direction, d'axe, loin des projets d'origine. Et puis l'usure, la fatigue du sourire de circonstance, de l'obéissance aux injonctions professionnelles et sociétales de notre époque.

C'est donc la noyade pour Clara, dans un tourbillon qui l'emmène dans le fond. Cela n'est pas pesant à lire, car c'est très humain, on a tous eu droit à cet état ou on l'a tous frôlé. Et Gaëlle Josse a un talent incommensurable pour décrire avec une finesse extraordinaire cette période où tout s'écroule, où plus rien ne nous anime, plus aucune envie, même pas la faim. Et l'entourage qui ne comprend pas, ne supporte pas, impuissant qu'il est. Tout de devient étranger, même soi-même. Mais le burn out, c'est aussi une situation où l'on regarde plus autour de soi, pour essayer de comprendre, de trouver, de se retrouver une place dans cette violence sociétale que l'on subit, notamment dans le monde du travail, et qui nous amène à agir à l'encontre de nous-même, à nous maltraiter, à nous violenter. Tout cela est parfaitement analysé par Gaëlle Josse, tout comme le retour d'une première envie : un bouquet de tulipe, qui sera suivi d'un besoin de voir la mer, et d'une invitation à la campagne... Petit à petit, une renaissance à soi-même et au monde, mais pas tout à fait celui d'avant, celui que l'on choisit en conscience, calmement, en liberté, par envie. Car oui, le Burn out peut ou la dépression, aussi douloureux soient ils peuvent être une occasion de repartir dans la bonne direction, sur le bon axe, celui de l'équilibre.

Ce matin-là est magnifiquement écrit, avec une poésie et des couleurs qui apaisent le lecteur et rendent ce texte doux à lire et prétexte à s'interroger sur ce qui est essentiel et vital pour nous, tout en se respectant. Une histoire, celle de Clara, qui montre que pas à pas, il est possible de se réinventer, en puisant dans ce qui fait notre base et notre ADN, même si la vie nous a parfois obligé à oublier nos envies, nos projets, on peut toujours y retourner, même des années plus tard. C'est un texte littéraire, qui n'est pas fait pour être brut de pomme et plombant, mais beau et humain.

Je suis très contente des moments passés avec la sublime plume de Gaëlle Josse, que j'avais perdue de vue depuis quelques années.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 7 Octobre 2022

Roman - Editions Folio - 244 pages - 7.80 €

Parution Folio Juin 2022 (Gallimard 2020)

L'histoire : Léo a disparu depuis 6 mois, suite à une bonne dépression elle même liée à un accident de dentiste qui l'a laissé défiguré pour un moment ou plus.

Nul doute que Léo s'est réfugié dans un monde meilleur, celui des séries télé... dans une chambre noire sans fenêtre ni miroir. Des épisodes à longueur de journée, toute la nuit, jour après jour... Des centaines de personnages à voir sans être vu.

 

Tentation : la 4ème de couv'

Mon fournisseur : Ma CB

 

Mon humble avis : Titre et 4ème de couv' m'ont tellement intriguée que j'ai acheté ce livre direct, d'autant qu'il y était promis une bonne dose d'humour et d'imagination. Je m'attendais donc à l'éclate totale pour quelques heures... qui se sont éternisées en bien plus d'une semaine, tant j'ai peiné à atteindre la dernière page, peu motivée que j'étais à retrouver les X personnages, qu'ils soient héros, anti héros, ou les deux, narrateur...

Bref, je me suis emmêlée dans cet imbroglio de fictions, de fiction dans la fiction, de roman dans la fiction et de roman fictif !

Augustin Trappenard évoque ce livre comme " une déclaration d'amour à la fiction sur toutes ses formes". Par moments oui, mais ce n'est pas flagrant, peut-être juste avec le personnage de l'écrivain et du riche homme d'affaire la semaine / pauvre le week-end. 

Certes, Tonino Benacquista évoque notre rapport aux personnages... ici ceux de séries télévisées qui s'étirent en épisodes et en saisons... Ces personnages qui nous deviennent intimes, que l'on connaît mieux et pour qui l'on s'inquiète bien plus que pour nombre de personnes dans notre entourage quotidien. Moi j'ai plutôt vu dans ces pages un doigt pointé vers l'addiction qu'entrainent ces séries, et les vies vécues par procuration plutôt qu'à l'air libre.

Evidemment, et heureusement, il y a la plume de Tonino Benacquista et quelques envolées fulgurantes qui rattrapent l'intérêt déserteur pour quelques lignes qu'on trouve excellentes, avant de repartir dans l'embarras et l'ennui dans ces bribes d'histoires. Elles se suivent et s'intercalent sans cesse et n'ont semblé, à mes yeux, ne mener nulle part, en tous cas à aucune conclusion limpide mais à un "tout ça pour ça" ! C'est peut-être pour reproduire la frénésie saisonnière des spectateurs de séries que Bénacquista a mené ainsi son roman... Mais pour moi, en version lecture ce fut assez indigeste. Dommage, l'idée me semblait originale et très prometteuse...

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 22 Septembre 2022

Roman - Editions Albin Michel - 198 pages - 18.90 €

Parution le 17 août 2022 : Rentrée littéraire

L'histoire : Celle de Tristane... Petit fille née de la passion dévorante de ses parents... Et qui toujours sera secondaire, ignorée, voire dérangeante dans l'intimité du couple...  Une enfant qui grandit dans l'indifférence parentale et qui apprend à être terne... jusqu'à ce qu'elle devienne grande soeur, et prenne l'éducation de sa cadette très à coeur, pour combler le vide parental. En effet, les parents de Tristane ont accepté de lui faire un petit frère ou petite soeur si elle s'engageait à s'en occuper. Une cadette qui née donc comme arriverait un chien dans une famille, et qui n'aura pas beaucoup plus d'attention de ses parents... mais qui aura toute celle de sa soeur...

Tentation : MON RDV annuel depuis si longtemps

Fournisseur : Cadeau de ma Maman

 

 

Mon humble avis : Celles et ceux qui me suivent et me connaissent savent qu'à chaque rentrée littéraire, le jour J de la parution du nouveau Nothomb, je suis au rendez-vous ! Je n'ai pas failli cette année... et l'ai lu dans la foulée... Mais alors, pourquoi tant tarder à publier mon billet ?!

Flémingite, très beau temps, une autre lecture entamée juste après ?! Il y a certainement tout cela, mais aussi une relative déception... A moins que cela s'appelle une lassitude ?

Ma lecture fut un plaisir car évidemment, on retrouve dans ces pages tout ce qui fait qu'Amélie Nothomb est unique en son genre : le léger qui se superpose au grave, les situations et personnages assez rocambolesques, un vocabulaire hors du commun et une plume qui n'appartient qu'à elle. Bref un univers.

Oui mais voilà, j'ai eu l'impression qu'avec ce Livre des soeurs, c'est Amélie Nothomb qui fait du pur Nothomb, sans surprise, sans déviation (alors que ces derniers titres en comportaient certaines)... En général, les situations farfelues auxquelles Amélie Nothomb restent relativement crédibles... Elles ne le sont pas pour moi cette fois ci... 

J'aime l'univers d'Amélie Nothomb, mais le problème est qu'ici, toutes les galaxies et planètes nothombiennes sont présentes : le conte cruel, la surdouance de l'enfant et même du nourrisson, le nourrisson qui perçoit, comprend, retient et analyse tout, le suicide, l'anorexie, le champagne, la littérature, les pneus, les relations fusionnelles, l'homosexualité... Bref, j'ai un peu eu l'impression d'un fourre-tout aux niveaux des sujets évoqués qui, de par leur multiplicité, m'ont semblé plus survolés qu'approfondis.

Je pense que les fidèles d'Amélie Nothomb peuvent donc avoir un sentiment de déception, mais celles et ceux qui n'ont jamais lu la plus célèbre romancière belge pourraient être bien agréablement surpris par toute cette fantaisie.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 20 Septembre 2022

Roman - Editions JC Lattès - 198 pages - 19.90 €

Parution en Mai 2022 

L'histoire : Marseillette, dans le sud... Dans le café familial, Carmen pleure sa nièce chérie morte en couches. A plus de 40 ans, Carmen se rappelle les méandres depuis la fuite du franquisme alors qu'elle n'était qu'une enfant, et les personnes qui l'on faite, ou défaite, puis reconstruite. Parmi elles, ces soeurs... Et peut-être peut-elle commencer à croire à un autre destin.

Tentation : J'aime Olivia Ruiz

Fournisseur : La bib de Dinard

 

Mon humble avis : J'admire beaucoup Olivia Ruiz pour ses talents, son intelligence, son indépendance et surtout... sa plume !

On retrouve ici les sujets chers à la romancière déjà abordés dans son magnifique premier roman "La commode aux tiroirs de couleurs" : l'exil, l'identité, l'intégration, la force du travail et de la solidarité à toute épreuve, la pugnacité... Et l'on retrouve Rita, qui était la grand-père défunte, et qui est dans ce nouveau titre la soeur de Carmen, la narratrice.  On ne peut pas dire que Ecoute la pluie tomber soit une suite, mais plutôt un complément à ce qui ressemble déjà à la saga d'une famille de femmes qui n'ont pas tout choisi dans la vie, mais qui se sont battues pour garder honneur et tête haute.

On retrouve parfaitement aussi le café, certains personnages et l'atmosphère délicieusement animée décrite dans la chanson "J'traine les pieds", qui figure dans le deuxième album d'Olivia Ruiz. Elle leur donne tellement vie ici qu'on aimerait aller y passer un moment, s'accouder au comptoir, taper le carton, donner un coup de main, écouter les histoires, partager un moment de la vie, même si pas toujours heureuse, de cette famille. Bref, faire partie du clan ! Olivia Ruiz n'a pas son égal pour nous embarquer et nous intégrer dans une micro société, telle celle d'un café restaurant hôtel, et d'un village, où tout le monde se connait, se soutient. Où tout le monde appartient, et joue un rôle.

Que dire de Carmen, la benjamine de la fratrie exilée, qui toute sa vie se cherchera jusqu'à se perdre, qui toute sa vie se rebellera, qui toute sa vie sera toujours plus ou moins dans l'ombre de ses soeurs. Ses soeurs qui sont néanmoins ses ancrages pour revenir et ses poteaux pour se redresser. Elle est très touchante cette femme fantasque, qui se rêve indépendante mais ne parvient pas à l'être, que nous quittons ici dans la quarantaine, à l'aube d'une nouvelle vie... J'ai apprécié ses propos tantôt lucides ou drôles, tantôt naïfs sur le monde qui l'entoure, son égoïsme insouciant noyé par l'amour qu'elle porte à sa famille, et cet amour parfois aussi noyé par cet égoïsme qui est pour elle une manière d'être différente des autres, de s'affirmer, d'exister pleinement... mais finalement, douloureusement.

Je n'octroie "que" 4 pattes à ce roman car j'ai un peu peiné à y entrer vraiment au début, et j'ai eu du mal à me repérer dans les ellipses et dans les personnages principaux qui composent cette famille... Avant de me dire, peu importe, c'est l'histoire et ce qu'elle dit qui importe, et non la précision du lien familial. Et ici, Olivia Ruiz nous dit que nos actes personnels peuvent avoir des répercussions graves sur notre entourage, et qu'il faut donc parfois se méfier de notre propre enthousiasme...

Si vous n'avez pas encore lu Olivia Ruiz, et bien il est temps ! Vous découvrirez une plume dont on ne se lasse pas, qui émerveille, amuse, transporte, surprend de tant d'inventivité, qui bouleverse aussi, qui transperce, qui berce de poésie, qui sait aussi bien réchauffer que refroidir en un quart de tour ! Une valeur sûre qui vous prend dans les bras pour partager joies et peines... qui me fait dire qu'il y aura un troisième roman, qui donnera sans doute la place principale à l'un des "seconds" rôles d'Ecoute tomber la pluie ! Je pense que l'histoire de la famille d'Olivia Ruiz lui offre un beau terreau pour nous en raconter encore bien d'autres !

 

L'avis d'Antigone et de Violette

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 12 Septembre 2022

Roman - Editions Albin Michel - 240 pages - 19.90 €

Parution en Janvier 2022 

L'histoire : En juin 1944 à Montpellier, Mainou, 9 ans, perd sa mère morte en couches. Son père, combattant, ne peut s'occuper de lui et l'envoie donc dans sa famille de Lorraine, en zone occupée. Mainou passera donc la zone de démarcation caché dans une charrette à foin. Puis, c'est caché dans une chambre ou dans la cave qu'il attendra la fin de la guerre entre sa grand-mère, son oncle Emile et sa tante Louise. Pour l'instant, ça vie va devenir une suite de "pourl'instant" et ces "pourl'instant" vont durer trop longtemps. Mainou est le père de Mathias Malzieu.

 

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib de Dinard 

Mon humble avis : Un énorme coup de coeur pour ce roman empreint de tendresse dans un monde brutal... 

Ce coup de coeur ne m'étonne pas, je m'y attendais, c'est toujours comme cela avec Mathias Malzieu. Il nous charme, nous enveloppe de sa prose tellement unique, émouvante, délicate, émerveillée, imagée. Ici, il nous fait vivre les derniers mois de guerre en zone occupée, et pas n'importe laquelle - La Lorraine- à hauteur d'un enfant, qui subit, s'interroge, lutte contre les crises d'angine de questions qui font mal à la gorge dans une situation qui le dépasse bien sûr, mais où les adultes font tout pour l'épargner et le protéger... Comme il doit demeurer caché et ne sortir sans aucun prétexte de la maison, le jeune Mainou écrit tout dans un cahier...  Et ce "tout", c'est ce qu'il murmure tout bas à sa mère défunte. Les conversations familiales, les sirènes qui résonnent et intiment de descendre à la cave, la peur, les petites joies, les bigoteries de Tante Louise, les escapades ratées, Marlène Dietrich (son cigogneau qui lui tient compagnie), les nazis qui rodent, le danger, l'oncle Emile qui manie bien la bonne humeur pour faire oublier le reste... Et surtout, l'habitante secrète du grenier. Pour Mainou, écrire sera aussi faire son deuil.

C'est tout cela que nous vivons et partageons avec Mainou, petit bonhomme très attachant, que l'Histoire va mener à grandir trop vite, à se retenir, à se contenir, à se taire, à s'interroger à un âge où tout ne devrait être qu'insouciance, joie et découvertes. Mais, malgré le contexte historique et grâce à sa plume signature, Mathias Malzieu parvient à nous émouvoir autant qu'à nous faire rire au travers de Mainou et de ses réflexions enfantines. Ces pages sont un éloge à l'évasion de l'esprit, à l'imagination, à la créativité et une ode à la liberté, celle de penser, celle de rêver ou de se souvenir quand le reste est interdit et qu'il faut se méfier de tout et de tout le monde. Et ce livre est aussi un formidable hommage au Guerrier de Porcelaine, qui n'est autre que le père de l'auteur. Ce dernier lui raconta cet épisode de sa vie il y a quelques années, alors que Mathias Malzieu combattait une terrible maladie et attendait une greffe en restant en chambre stérile (épisode de la vie de Malzieu qui a donné naissance au roman :journal d'un vampire en pyjama).

 Sans éluder les horreurs de la guerre, Mathias Malzieu parvient à faire de ce roman un nid, un cocon de poésie joyeuse et magique où il fait bon se réchauffer le coeur. Malzieu est vraiment un magicien des mots et de l'humour doux, qui nous mène du sourire aux larmes d'émotion. Je suis une fois plus plus terriblement conquise par cette lecture, et c'est très très chaleureusement que je vous conseille de faire la connaissance de ce Guerrier de Porcelaine.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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