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Publié le 25 Février 2023

Roman - Editions Acte Sud - 304 pages - 15.39 €

Parution le 17 août 2022 (Rentrée littéraire) 

L'histoire : Autrefois, dans sa Grèce natale, Zem Sparak fut un étudiant engagé, militant pour la liberté.  Des années plus tard, alors que son pays a été privatisé, il n'est qu'un flic de la zone 3, la plus misérable d'une mégalopole régie par le consortium GoldTex, fleuron d'un libéralisme hyperconnectée et coercitif.

Un matin dans la zone 3, un cadavre, ouvert tout au long du sternum, est découvert. Mais le défunt est issue de la zone 2... Aussi, Zem devrai faire équipe avec Salia, une jeune inspectrice de la zone 2 pour mener à bien cette enquête dans les méandre de la politique, des progrès scientifiques à tous prix, dans la soumission d'un peuple... Une enquête qui ne laissera personne indemne.

 

 

Tentation : Le passage de l'auteur à La Grande Librairie

Fournisseur : La bib de Dinard

Mon humble avis : Je m'en veux, j'ai lu ce roman avant mes vacances en Baie de Somme, et je n'en rédige mon billet que maintenant, avec des souvenirs déjà bien émoussés. Il me sera donc difficile d'être très précise, et c'est plus le contexte de cette histoire que je développerai.

Chien 51 est pourtant un roman foisonnant, dont il y aurait beaucoup à dire... Même si, mon petit bémol arrive déjà : Tout ne m'a pas été vraiment limpide... Entre les révoltes grecques et la mégalopole privatisée, il m'a manqué quelques étapes. Mais peu importe.

Je suis toujours admirative de l'imagination des écrivains qui s'essayent à l'anticipation, ici avec brio. D'autant que dans Chien 51, tout parait vraiment crédible... et presque logique (même si terrifiant) si l'on prend en compte l'état du monde actuel. Chien 51 permet à Laurent Gaudé de dénoncer les dérives du monde actuel en montrant ce qu'en pourraient être les conséquences dans un avenir assez proche...

- L'ultra privatisation... Les pays en faillite sont rachetés et régis par un consortium qui prône le libéralisme, l'hyper connexion, l'hyper consommation, la rentabilité. C'est le cas dans ces pages de la Grèce, et le Venezuela et le Bangladesh sont les prochains sur la liste. On n'est plus citoyens, mais cilariés (citoyens et salariés en même temps)...  Actuellement, nous avons le lobbying qui quelque part, dirige le monde et bien des gouvernements

- Les mégalopoles sont divisés en zone 1, 2,3. La 1 pour les ultra riches, la 3 pour les ultra pauvres. Les zones 1 et 2 sont couvertes d'une coupole qui permet d'éviter les aléas climatiques et notamment les pluies acides... Et pour accéder d'une zone à l'autre, il faut un pass que très peu d'élu obtienne... n'est pas déjà le cas avec les quartiers privés, ou encore dans l'autre sens, certaines banlieues où même les forces de l'ordre ne vont plus...

- La torture qui vous détruit à jamais n'est plus physique, mais morale et psychologique, par une espèce "d'insémination" d'images et de vocables d'une violence inouïe et insupportables dans le cerveau... Les médias actuels et leur multiplication via les réseaux sociaux s'y emploient déjà pas mal.

- Les progrès de la médecine... Et des implants, qui vous disent le nombre de jours qu'il vous reste à vivre selon que vous mangiez une pomme ou une pizza...  On est déjà dans une époque où se faire plaisir en mangeant gras ou sucré ou salé devrait rendre coupable à chaque instant. D'autres implants qui vous garantissent une vie sans AVC, sans infarctus, sans grande maladie... Donc presque une vie éternelle. Mais attention, très peu d'élus à cet implant, et évidemment que des ultra riches. Ne sommes-nous pas déjà à un accès à la médecine à 2 vitesses ?

Au-delà de tout cela, Laurent Gaudé, à travers ce roman, nous répète l'importance de l'identité, de la culture, du souvenir, de la justice sociale. L'enquête, qui devient thriller, et toutes les réflexions qu'elle amène est intéressante, malgré quelques moments "où il faut suivre", le tout dans un contexte potentiellement réaliste qui fait frémir...

Et bien entendu, la plume qui nous narre cette histoire est impeccable et délicieuse.

C'est sombre bien sûr, vu le sujet il ne pouvait en être autrement, mais je recommande !

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 17 Février 2023

Roman - Editions Audiolib - 4h10 d'écoute - 17.99 €

Parution d'origine chez Grasset & Fasquelle en 2021

L'histoire : Magdalena, comédienne de talent a la quarantaine. Un jour, elle reçoit un message, lui indiquant qu'on a retrouvé trace d'Apollonia, sa mère, partie sans laisser de trace trente ans plus tôt.

Magdalena prend un train vers le Sud Ouest, vers une petite maison éclusière, à la rencontre de son passé, de son histoire, de sa mère, cette grande inconnue, et d'elle-même

Tentation : Pourquoi pas ?

Fournisseur : la bib de Dinard

Mon humble avis : Voici un très joli texte, plein de douceur, de délicatesse, de justesse, malgré la rudesse du sujet. Ajoutez à cela une plume très poétique, vous avez ici une lecture émouvante, à fleur de peau. Le récit est rythmé, il n'y a pas d'ennui, et Antigone apparait souvent. Cependant, tout s'y déroule comme avec une certaine lenteur, un souffle retenu, un peu comme un livre dont on tourne lentement les pages, à l'envers, pour remonter dans le passé : l'enfance, l'abandon et ses conséquences sur Magdalena. Bien sûr, dans sa quête, Magdalena va découvrir des secrets de famille, qui lui feront considérer sa mère autrement.

Le rapprochement des deux femmes va se faire vraiment pas à pas, par gestes, par silences, par attentes, par regards, même si l'un de ces regards semble vide, et qu'un usage de la parole semble s'être perdu dans les limbes du passé. Cet apprivoisement, assez inattendu dans la forme, est vraiment formidablement décrit et bouleverse. 

Le sujet de cette histoire n'est pas particulièrement original, mais c'est son déroulement et l'écriture magnifique de la romancière qui lui donnent tout son charme. Et surtout, avec cette version audio, l'interprétation magistrale et si habitée qu'en fait la comédienne Clothilde Coureau... Les silences sont bien marqués, et l'émotion se décuple lors les murmures, les presque chuchotements de l'actrice. Superbe, je conseille vraiment ce format de lecture pour découvrir ce roman, et cette plume.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 3 Février 2023

Roman - Edition Folio - 337 pages - 8.10 €

Parution en 2002

L'histoire : Celle d'une famille, celle de Marie la narratrice. Parents instruits et aisés, deux filles, deux garçons. Et des histoires de familles sur trois décennies, depuis l'enfance de Marie... avec quelques détours par le passé des aïeuls.

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

 

Mon humble avis : Ce livre dormait dans ma PAL depuis quatorze ans ! (Et il y en a qui y somnolent depuis bien plus longtemps, à ce niveau-là, cela devient de l'hibernation !)

Bon les 2 papattes parlent pour moi, je n'ai pas adhéré à ce roman... qui est très inspiré de la propre famille de Catherine Cusset. Donc on est presque dans une autofiction, à forme romanesque.

Ca se lit bien, car Catherine Cusset sait écrire, ça on le sait. Le style est fluide et propre, mais froid... Ce qui à mes yeux, laisse peu de place aux émotions. On reste un peu extérieur à tout cela. Certes, par bien des aspects, cette famille est un peu rocambolesque, mais elle est aussi une famille comme beaucoup d'autres, avec des membres plus ou moins hauts en couleurs, en caractères, en ambiguités et contradictions, en égos, en cruauté etc... Le titre de ce roman est sensé signifier le contraire de son contenu... J'avoue, c'est étrange.... Chaque membre y a son portrait plutôt vitriolé mais saupoudré de déclarations d'amour. Il règne dans ces pages un désordre chronologique qui perd un peu le lecteur dans le déroulement de ces histoires familiales et qui amène de nombreuses redites... lassantes. 

Un chapitre est dédié au père, un autre à la mère, deux aux vacances groupir en Bretagne, un à l'Amérique, deux à la grand-mère. Et dans chacun d'entre eux, tous les membres de cette famille font des apparitions à des moments différents de leur vie, mais aucun ne semble vraiment sympathique, ou n'est présenté de façon à l'être.

Honnêtement, mise à part la narration de la fin de vie de la grand-mère, je suis restée de marbre face à ce texte, qui m'a vite lassée, parfois agacée, et dont je suis sortie enrichie de rien... et surtout pas du récit des problèmes de flatulence familiale ! Si si... Je me suis même demandé : pourquoi écrire un tel ouvrage, sauf si l'on est à court d'inspiration... Car effectivement, les familles en sont souvent sources ! Bref, je ne conseille pas !

En fait, des 5 romans de Catherine Cusset qui sont passés entre mes mains, seul Un brillant avenir m'a énormément plu. Il m'en reste un dernier dans ma PAL... Qui va attendre un peu !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 26 Janvier 2023

Roman - Editions Anne Carrière - 182 pages - 18.90 €

Parution le 26 août 2022 : Rentrée littéraire

L'histoire : En 1835, Gus un jeune scientifique, est envoyé par le musée d’Histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l’Europe. Lors d’une traversée, il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins et sauve l’un d’eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer celui qui sera le dernier spécimen sur Terre de l’espèce. Une relation bouleversante s’instaure entre l’homme et l’oiseau. 

 

 

Tentation : Le billet de Katell

Fournisseur : Kdo de Noël !

Mon humble avis :  Je n'attribue pas un coup de coeur à ce roman juste parce que je lui ai trouvé quelques longueurs et propos répétitifs... Mais eu égard aux 182 pages du roman, ces derniers ne s'éternisent pas non plus.

Alors qu'on entre dans la 6ème période d'extinction massive d'espèces végétales et animales, Sybille Grimbert, à travers cette histoire, revient sur celle des Grands pingouins des régions nordiques, officiellement disparus en 1844, après des dizaines de milliers d'années de présence sur terre. Ce texte est parfaitement mené et documenté (sans excès non plus) et conduit le lecteur à de sacrées et profondes réflexions sur le rapport à l'animal et à la nature.

Bien sûr, tout au long de notre lecture, il faut garder en tête qu'à l'époque où se déroule cette histoire, les connaissances et les compétences naturalistes n'étaient pas les mêmes qu'actuellement, et qu'avant de protéger les espèces et de s'assurer un avenir commun, nombre d'hommes songeaient surtout à survivre dans un environnement hostile. Il n'empêche, maintenant que l'on a toutes les techniques scientifiques pour estimer les dégâts humains passés et leurs conséquences sur la faune, le carnage continue dans bien des points du globe, et pas uniquement les plus éloignées de notre pays.

L'histoire de Gus et Props et bouleversante, et réellement profonde. L'évolution de Gus au fil de ses réflexions et observations est tellement parlante... Au début, c'est un scientifique un peu mal dégrossi, sûr de ses raisonnements. Et puis, au contact de Props, il vacille dans ses convictions, il s'interroge sur le bienfondé de la présence de Props à ses côtés, sur sa chance de réintégrer une colonie de pingouins maintenant qu'il y eu imprégnation ?... Props, son avenir, celui de ses congénères,  leur relation. Mais il a aussi la naïveté insouciante de son époque lorsqu'il pense sans cesse : "ce qui ne nuit pas à l'Homme ne peut disparaître." Ca veut tout dire des convictions d'alors. Et pourtant, même si on sait depuis longtemps maintenant que l'Homme, par sa présence et ses actes (sur chasse, surpêche, commerce (illicite),  braconnage) fait disparaitre moult espèces, ce n'est pas pour autant que ceux qui s'en inquiètent sont majoritaires et réellement efficace dans le combat. 

Quoiqu'il en soit, Gus prend conscience qu'il fait partie d'un tout, d'un équilibre global, et qu'en cette partie, il est minuscule, il n'est pas grand-chose. Il ne place plus l'Homme au centre, mais dans l'ensemble. Et nous, nous suivons avec attention, suspense et émotion la destinée de deux êtres que tout sépare à la base : un homme et un pingouin, et nous nous demandons bien quelle sera l'issue de cette amitié.

Sybille Grimbert nous interpelle ici sur une espèce sauvage déjà disparu, mais pour nous alerter sur celles à disparaître prochainement. Evidemment on peut aussi y voir une "simple" histoire d'amitié entre un homme et son animal domestique, puisque c'est ce que Props devient. Et là, chacun peut y retrouver les joies, les peines, le partage, les émotions, la communication non verbale, les observations, les interrogations, les découvertes qui sont les siennes avec ses propres animaux domestiques... Lorsque l'autrice évoque le comportement animal et l'inconnu et les mystères qui l'entourent, j'ai souvent pensé à mes chats. Evidemment, les interrogations de Gus sont assez souvent anthropomorphiques. Mais même si l'anthropomorphisme est "dangereux" aussi pour les animaux (il biaise la perception des besoins animaliers naturels) il est tout de même la preuve de l'intérêt, de l'amour pour un animal, et de la reconnaissance et de la prise en compte de sa conscience,, de ses sentiments, de ses peines et bonheurs.

Un livre à lire évidemment ! C'est une très belle histoire, à partager, à faire connaître, à vivre.

Bon, mon billet est long, et mon émoi pour Props et Gus ne transparaît pas assez... Tant pis, je ne trouve pas d'autres mots.

Petit rappel : En France, la loi interdit la possession (sans dérogation administrative spécifique) d'un animal sauvage , quelque soit sa taille... Il est donc interdit de posséder, par exemple, un Chardonneret élégant ;)

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 16 Janvier 2023

Roman - Editions Audiolib - 9h44 d'écoute - 21.45 €

Parution d'origine Editions Grasset & Fasquelle en 2020

L'histoire : Paris 1950... Violet se cache dans un hôtel miteux. En vrai, elle s'appelle Elisabeth et elle a fui Chicago, sa vie dorée, un mari fortuné et Tim, son fils adoré. Pourquoi ? Quel est son passé, quelle sera sa vie d'étrangère dans une ville inconnue, et quel avenir l'attend ?

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib de Rennes (ma PAL audio)

 

 

Mon humble avis : C'est l'histoire de Violet / Elisabeth qui m'a accompagné agréablement lors de mes déplacements de Noël dernier... Pile poil la bonne durée, à un quart d'heure près !

Un roman bien construit, qui tient en haleine. Nous ne connaitrons tout de la raison de la fuite de Chicago qu'en fin de première partie, même si, au fil des pages, des indices sont semés ici et là. Car le récit de la vie parisienne de Violet alterne présent et passé, par le biais de réminiscences. 

Cette première partie m'a beaucoup plu... Violet, son passé, ses rencontres parisiennes, la vie, les moeurs et coutumes des années 50 et la passion de l'héroïne pour la photographie (son appareil photo ne la quitte jamais ou presque). 

La deuxième partie se déroule environ vingt ans plus tard. Pour des raisons que je vous laisse découvrir, Violet / Elisabeth est de retour à Chicago. Là-bas, ce sont émeutes raciales et anti guerre du Vietnam qui font rage, le climat est très tendu. C'est très intéressant mais un peu plus ardu à suivre. En effet, ce roman est aussi bien documenté donc il détaille les tenants et les aboutissements de ces émeutes d'alors, les mouvements politiques et les meurtres des Kennedy, de Luther King etc, les mouvements hippies, les droits civiques etc... C'est vraiment une plongée dans l'Histoire, une Histoire à ne pas oublier et dont les conséquences sont encore très contemporaines. Mais ne maîtrisant pas bien cette période de l'Histoire américaine, j'ai dû "m'accrocher" un peu plus.

La femme révélée nous rappelle le drame du racisme, notamment aux Etats-Unis. Même si Chicago était sur la voie du "chemin de fer souterrain" et que les villes du Nord étaient censées être libératrices pour les esclaves du sud, il y régnait tout de même un racisme prégnant, et si la ségrégation n'y était pas officielle, elle officiait tout de même de façon très sournoise. Gaëlle Nohant nous révèle donc l'histoire des ghettos noirs de Chicago et de l'injustice qui en découlait.

Mais ce roman est avant tout un magnifique portrait d'une femme décidée, courageuse, fidèle à ses idéaux, résiliente, qui s'assume, qui affronte et qui s'affronte. Une femme moderne en fait. Elle est vraiment touchante cette héroïne. 

L'écriture de Gaëlle Nohant est soignée, lumineuse, poétique, émouvante sans mièvrerie.

Bref, une bonne pioche, et une lecture que je vous conseille !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 8 Janvier 2023

Roman - Editions Belfond - 220 pages - 19 €

Parution en 2020 (Existe en poche)

L'histoire : A 53 ans, Alice est fraichement divorcée. Et sa dernière fille quitte le foyer pour aller étudier. Après avoir voué sa vie à sa famille, Alice se retrouve devant... rien, devant ce qu'on appelle le syndrome du nid vide. 

Un post de styliste d'intérieur lui file sous le nez, et elle se retrouve vendeuse dans une boutique de déco.

Un bon coup de déprime, puis rebond après rebond, Alice va prendre un nouveau départ et réinventer sa vie.

 

 

 

 

Tentation : Pourquoi pas ?

Fournisseur : Trouvaille à la déchetterie 

Mon humble avis : Je connaissais Lisa Azuelos comme réalisatrice de cinéma (LOL, Dalida etc...) Alors je me suis dit, si elle écrit comme elle réalise, il y a de quoi passer un bon moment. 

Et effectivement, je me suis sentie très bien dans cette lecture. Oh, ce n'est pas de la grande littérature à battage médiatique de rentrée littéraire, mais qu'est-ce qu'on s'en fiche ! Surtout que je sortais d'un titre phare de cette dernière rentrée, titre dont je n'étais parvenue à la fin que très laborieusement.

A première vue, je n'ai pas grand-chose en commun avec Alice...  Je n'ai jamais été mariée, donc je n'ai jamais divorcé, et je n'ai pas eu d'enfant, donc pas de nid vide non plus ! Mais la vie ne m'a pas fait de cadeau au niveau médical et finalement, comme Alice, j'ai dû prendre de nouveaux départs (A chaque galère médicale) et, pour finir, me réinventer une nouvelle vie, loin ce celle d'une personne de mon âge (à peu près le même qu'Alice)... A savoir, une vie sans travail. Aussi, j'ai aimé suivre la reconversion d'Alice, sa résurrection, tel un phénix, qui trouve en elle les ressources qu'elle a toujours eues, mais qui étaient enfouies par ses devoirs familiaux !

Ce roman est à mi-chemin entre le feel good et le développement personnel. Avec de bons conseils à saisir en passage, ou à se remettre en mémoire... Ne pas se laisser écraser par les autres, ne pas accepter de tout subir sans s'exprimer, ne pas tolérer ce qui nous dérange chez l'autre juste par peur de perdre une amitié, une affection etc... Il y a l'adage quand on veut on peut, que Lisa Azuelos corrige et pousse plus loin : Quand on le décide, on peut, et c'est une sacrée nuance. Vouloir ne suffit pas ! Il faut oser !

Certains passages peuvent paraître un peu gnan gnan, peu importe, ils s'intègrent bien dans la narration et le style de l'histoire.

Je pensais me séparer du livre après lecture, mais la vie en ose va peut-être rester chez moi un moment, pour pouvoir m'y replonger en cas de besoin. Dans son genre, Alice est vraiment un personnage qui accompagne.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 20 Décembre 2022

Roman - Editions Grasset - 352 pages - 22 €

Parution le 17 août 2022 : Rentrée littéraire 

L'histoire : Des échanges épistolaires entre Rebecca, actrice dans la cinquantaine, que l'âge éloigne des plateaux. Oscar, romancier reconnu, qui traîne une casserole #metoo. Ils ont grandi dans la même ville populaire et ne se sont revus depuis.... Jusqu'à ce qu'Oscar livre sur Instagram un pamphlet contre Rebecca. Celle-ci lui répond et ouvre sa lettre par un : Cher connard... Leurs échanges dureront des mois, avant, pendant et après les confinements covid et changeront leur vie.

 

Tentation : Le passage de Virginie Despentes à LGL

Fournisseur : La bib de Dinard

Mon humble avis : Vingt ans que je n'avais pas lu Virginie Despente, qui lors de son passage à la Grande Librairie à la rentrée m'a donné envie de rejeter un oeil à sa plume.

Je vais être honnête, cette lecture m'a été laborieuse, vraiment, pendant les deux premiers tiers, au point que j'ai songé à l'abandon, mais comme de toute ma vie je n'ai pu m'y résoudre que deux fois, j'ai persévéré... Souvent épuisée car sollicité par les avis différents des deux protagonistes, auxquels je tentais à chaque fois de voir si j'adhérais à l'un plutôt qu'à l'autre...  Et ce sur tous les sujets évoqués par Rebecca et Oscar : l'évolution du monde, des systèmes de pensées, la politique, le Covid et les comportements qui s'en suivent, le cinéma, le féminisme, les masculinisme, #meetoo, le viol, l'agression sexuel, le sexisme, le machisme,  la littérature, l'ultraprotectionnisme ambiant, la parentalité, l'homosexualité, la vieillesse, la morale, la drogue, l'alcool, l'addiction, la désintox, re l'alcool, re la drogue etc... n'en jetez plus ! En fait, plus qu'un roman où il ne se passe pas grand-chose, la forme épistolaire ne semble être que le prétexte pour disserter sur tous les sujets actuels, à la mode, tout en se contredisant, sans vraiment répondre à l'autre et sans vraiment approfondir ni sortir des lieux-communs. Je me suis beaucoup ennuyée, malgré des passages fulgurants, intéressants et qui méritent d'être lus, qui posent les bonnes questions. Mais pas assez nombreux pour me précipiter chaque soir vers mon livre.

J'ai tout de même eu l'impression de lire la complainte de deux parvenus (certes, leur jeunesse n'a pas été drôle, mais ils ne sont pas les seuls) qui se posent en victime de tout ou presque, alors qu'ils ont fait des choix et sont responsables d'eux-mêmes. Deux personnes qui brûlent la vie et semble s'y ennuyer à mourir malgré les lumières et des métiers choisis et rêvés d'un grand nombre. Rebecca crache sur tout le monde ou presque. Difficile de s'identifier aux personnages, aucun ne semble vraiment sympathique, plutôt nombriliste, même si Oscar progresse au fil des pages. J'ai bien souvent eu envie de les baffer dans leurs "pleurnicheries"

Ces échanges sont très irréguliers, tant dans le fond que dans la forme. On passe du simplisme, du poncif à des logorrhées indigestes destinées à un public intellectuel qui aime la "masturbation intellectuelle". Et entre les deux, quelques arguments intéressants et plaisants à lire. De plus, dans un même courriel, les personnages emploient un langage châtier, presque littéraire, pour basculer trois lignes plus loin dans un style de collégien agrémenté de vulgarité inutile. Et puis leurs propos et leurs vicissitudes sont bien souvent redondants. Bref, sur bien des sujets, on tourne en rond.

Le problème est que ce texte n'a pas de portée universelle... Rebecca et Oscar évoluent dans des métiers artistiques, un certain microcosme parisien pseudo bobo, et ne parlent que de leur milieu, leur argumentation tournant autour de leur propre expérience et sentiment, sans apporter la moindre nuance qui pourrait nous rapprocher d'eux. D'ailleurs, à travers Rebecca Virginie Despentes dit : "A 50 ans, 9 femmes sur 10 se droguent, prend quelque chose". Désolée, mais j'ai 50 ans, et la plupart de mes amies aussi, et je ne connais personne qui se drogue. Ce qui est peut-être vrai pour une minorité artistique parisienne ne l'est pas forcément pour tout le territoire.

Bref, je suis arrivée au bout, je ne le regrette pas, mais si c'était à refaire, je ne m'arrêterais pas sur ce titre racoleur vers laquelle la presse s'est empressée ! Par ce qu'au final, et bien vraiment pas grand-chose. J'ai été curieuse, c'est parfois un vilain défaut !

 

L'avis enthousiaste d'Antigone

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 14 Décembre 2022

Roman - Editions Audiolib - 5h13 mn d'écoute - 19.40 €

Parution d'origine aux Editions du Seuil en 2016

L'histoire : Un soir de Noël, alors qu'il rentre chez après un repas entre ami, Edouard rencontre dans la rue Reda. Ils discutent un peu puis Edouard lui propose de monter chez lui. Entre rapports consentis, confidences et rire, la nuit passe. Puis vers 6h00, Reda sort un révolver et le menace de mort. Il l'insulte Edouard, le vole, l'étrangle, le viole...

Le lendemain, pour Edouard, c'est le début des démarches médicales et judiciaires.

 

 

Tentation : Ma PAL audio

Fournisseur : Bib de Rennes

Mon humble avis : Il y a quelques années, le premier roman d'Edouard Louis ( En finir avec Eddy Bellegueule) m'avait tellement chamboulée et mise à mal que je n'avais pas réellement apprécié cette lecture, tant elle m'avait été inconfortable. Mais j'avais bien noté la justesse des mots et le talent de l'auteur. Voilà pourquoi j'ai mis tant de temps à me décider à audiolire ce titre ci : Histoire de la violence.

Mon sentiment est tout à fait différent mais plus net. Ce texte ne m'a pas violentée et remuée de façon déplaisante, car j'en suis restée extérieure. Il n'a provoqué en moi aucune émotion, et autant j'avais éprouvé une profonde empathie pour Eddy Bellegueulle, autant ici, rien... Peut-être que je suis trop vieux jeux parce qu'au fond de moi, je me dis "voilà ce qui arrive quand on fait monter un inconnu chez soi". Je ne dis pas que le narrateur mérite son sort, loin de là, mais j'estime qu'un minimum de bon sens et de prudence ne nuisent pas.

Bref, j'ai écouté cette autofiction sans y pénétrer. J'ai trouvé le style ainsi que l'interprétation qui en est ici faite d'une froideur médicale. Le choix de la narration alternée (entre le narrateur et sa soeur qui raconte ce qu'il lui a raconté) ne me semble pas judicieux, car l'alternance tombe à chaque fois comme un cheveux sur la soupe et alourdit le texte. De plus, le langage qu'emploie la soeur n'est pas maîtrisé : très populaire au point de faire d'énorme fautes de syntaxe,  (les si n'aiment pas les ré, que ça fait mal aux oreilles) elle en vient aussi à user d'un vocabulaire ou d'expressions châtiés peu crédibles au milieu du reste.

L'ensemble m'a paru plutôt désordonné, souvent redondant dans les propos, et la petite analyse sociale / raciale qui découle de cette agression ne mène pas bien loin, reste en surface. Quant au violeur qu'Edouard continue de penser victime à cause de la violence raciste ambiante, je n'adhère pas tout, même si cela reste de la littérature. Quelqu'un viole parce qu'il est mauvais ou fou, mais pas en fonction de ses origines raciales.

A mes yeux, Edouard Louis a ici oublié de sortir du nombrilisme de son propre vécu pour le mener à l'universel, ce qu'il était parvenu à faire avec son premier roman. On ne lâchait pas Eddy Bellegueule, on survole Histoire de la violence, dont le titre est franchement mal choisi. A la limite, Histoire d'une violence aurait déjà été plus adéquat.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 6 Décembre 2022

Roman - Editions Ecoutez lire - 3h10 d'écoute - 12.99 €

Parution aux Editions de la Table ronde en 2019

L'histoire : Le narrateur est éducateur spécialisé au chômage, près de Lorient. Mais il faut bien payer les factures. Alors, il va travailler à l'usine, en intérimaire. Celle du poisson, puis les abattoirs. En trois huit, à la chaîne, à la ligne... Et il raconte le bruit, la fatigue, l'usure du corps, la cadence infernale, le sang des bêtes, l'odeur qui s'immisce partout... Il pourrait devenir fou... Sauf que quand il travaille, c'est Charles Trainet, Appolinaire, Hugo, Dumas qui le sauve. Les longues études faites il y a des années ne sont pas vaines... Elles lui permettent d'avoir cette culture, cet échappatoire, et surtout d'écrire... à la ligne, comme il travail.

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib de Rennes

Mon humble avis : Lors de sa sortie en 2019, ce roman a rencontré un énorme succès, tant en prix littéraires qu'en visibilité sur la blogosphère... Les billets que j'ai lus à cette époque précisaient que ce texte ne comportait aucune ponctuation, ni point, ni virgule.... Ecrit au kilomètre, à la ligne, comme le travail du narrateur. J'ai donc attendu pour audio lire "A la ligne" voulant être chez moi et non en voiture pour cette écoute... J'avais peur d'être perdue sans ponctuation... Et en fait, pas du tout ! En tous cas, l'interprétation qu'en fait Jacques Bonnaffé est excellente ! Certes, il est bien obligé de respirer ! Mais les tons, les modulations de voix ont été pour moi comme une ponctuation... et une cadence... Comme à la chaîne. Et de plus, le texte est tout de même découpé en courts chapitres. Donc aucun problème d'écoute sur la forme !

Quant au roman en lui-même, et bien il est magistral ! L'univers, le quotidien, la réalité racontés par le narrateur sont pourtant sombres, durs, limite glauques, et pourtant, il émane de ce texte une belle lumière, même si elle reste tamisée, on va dire qu'elle adoucit les moeurs ! Parce que même si le narrateur est colère, est triste, est douloureux, est épuisé, il n'est jamais aigri, ne manque vraiment pas d'humour - même si décalé ou noir, on ne se tord pas de rire, (ni de sarcasme pour dénoncer les injustices ou certaines situations ubuesques) et déborde de poésie. Quelle écriture, mais quelle écriture ! Décrire des usines, des machines, des tonnes de poissons ou des pièces de viandes et y mettre autant de poésie rend tout plus fort, tout plus percutant, voir transperçant. La douceur, la force et la joliesse des mots pour décrire la laideur, c'est assez inédit pour moi et tellement bien mené ! Un fond qui s'adapte à la forme, tous deux si bien maîtrisé. Il y aurait tant à dire sur ces lignes !

A la ligne est un formidable hommage aux invisibles qui triment en trois huit à l'usine pour que l'on puisse avoir notre crabe sur la table... Un hommage aux ouvriers qui subissent parce qu'ils n'ont pas le choix, et qui sont fiers d'avoir un travail, aussi dur et inhumain soit-il. C'est un texte sociétal, sur les rapports sociaux entre cols blancs et cols bleus, les absurdités du monde du travail, et la soumission "volontaire". C'est aussi une belle déclaration d'amitié, de respect, de fraternité et d'amour, envers les collègues d'infortunes et la femme du narrateur. Certains passages sont bouleversants d'humanité, d'humilité, de vérité sans fard. Lorsque le narrateur s'adresse à sa mère, ma gorge s'est nouée.

Lisez ce livre, point à la ligne !.

Fort possible qu'à la ligne soit fortement autobiographique puisque l'auteur à lui-même été ouvrier spécialisé dans l'industrie agroalimentaire. Hélas, cette plume talentueuse ne nous régalera et ne nous remuera plus... Joseph Ponthus est décédé il y aura bientôt deux ans. A la ligne est donc son premier et son dernier roman. Mais tellement unique ! Joseph Ponthus a tout de même assisté à l'énorme succès de son texte, cela me console... juste un peu.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 28 Novembre 2022

Roman - Editions de Minuit - 160 pages - 16 €

Parution le 1er septembre 2022 : Rentrée littéraire

L'histoire : Claire est une enfant d'une famille modeste, où l'on compte chaque sou. Le père travaille en trois huit à l'usine. Et pendant les vacances, le summum, le graal pour les enfants est le repas au fast food.

Des années plus tard, étudiante, Claire effectue un job d'été, dans un fast food. C'est ce grand écart et l'usure du corps, la répétition des gestes, la soumission que la romancière narre ici.

 

 

Tentation : Le billet d'Alex 

Fournisseur : La bib de Dinard

Mon humble avis : Si j'ai voulu lire ce roman, c'est parce qu'une bonne partie s'y déroule dans un fast food (Mc Do, BK, peu importe) et que l'auteur y détaille les conditions de travail des petits employés négligeables et négligés... Il y a quelques années, suite à un licenciement économique et des problèmes de santé, j'ai fait le choix d'aller travailler au Mc Do... Il me fallait un job qui ne demande pas trop à mon cerveau abimé par un AVC, un poste à temps très partiel, sans responsabilités et où on fait les choses à l'instant T. J'ai donc bossé au Mc Do entre 43 et 45 ans... A l'âge où j'avais au moins le double de celui de mes collègues, et de certains de mes supérieurs hiérarchiques. Le fast food, honnêtement, ce n'est pas la mine ni les urgences d'un CHU débordés... Mon travail, sans être passionnant, aurait pu ne pas être désagréable, les rushes ont quelque chose de stimulant. Certes, je ne vendais plus de voyages à la carte aux Seychelles mais des Big macs. Beaucoup moins stressant... En cas d'erreur, rien de grave, ce ne sont pas des centaines ou des milliers d'Euros qui sont en jeu.

Quid donc de ce roman ? Je n'ai pas adhéré tant que ça au projet de la jeune romancière, celui de faire le parallèle entre sa jeunesse et la vie de son père à l'usine avec son expérience en fast food. Les passages de l'enfance sont très elliptiques et souvent implicites, décrits avec un style sec, aux phrases courtes, qui laissent peu de place à l'émotion et m'ont un peu laissé de marbre. Je ne suis pas sûr que ce parallélisme entre l'usine du père et le fast food de la fille soit très judicieux... L'usine pour le paternel, c'est toute la vie. Le fast food, en général, on ne fait qu'y passer... Et entre ces deux récits, il manque un coeur central qui donnerait à cette oeuvre un aspect plus abouti, un objectif plus limpide.

Mais là ou Claire Baglin excelle, c'est dans la description du présent, du microcosme social qu'est un fast food. Chapeau ! C'est là que se trouve l'originalité et l'utilité de ce roman. C'est avec minutie, exactitude, humour, ironie, lassitude, révolte, sens de l'observation et de l'analyse comportementale que Claire Baglin décrit le travail d'une équipière polyvalente ! Tout y est, depuis la répétition des gestes, l'usure du corps, la rapidité et la fatigue, la concurrence entre équipiers, les us, coutumes et langages inhérents aux fast foods et bien souvent ridicules, qui se prennent très aux sérieux, comme sur un front de guerre. Mais surtout et là je bénis Claire Baglin, elle met les mots, l'atmosphère, les expressions très justes pour évoquer ce qui ne se voit pas à l'oeil nu, qu'il faut vivre pour le savoir. Les humiliations, le harcèlement psychologique, l'aliénation, la lobotomie du petit personnel. Dans un Fast food, il ne faut pas penser, pas proposer. Il faut obéir. Certains managers nous parlent comme si nous étions des ados en camps de redressement. Equipier, c'est obéir, ne surtout pas chercher quelque autonomie de travail, même si vous connaissez votre mission, et éviter toutes initiatives.  De toute façon, soit elles seront reprochées, soit elles ne seront pas remarquées. Etre manager, c'est donner des ordres à quelqu'un qui sait déjà, la plupart du temps, ce qu'il doit faire. Tout cela, Claire Baglin le démontre parfaitement. 

J'ai quitté le Mc Do parce que je subissais le harcèlement psychologique de 3 connasses qui étaient mes N + 1. Evoqué auprès du chef du restaurant, il n'a pas été pris en compte, mes crises d'angoisses sont revenues, j'ai dit "stop".

Contrairement à l'auteure, j'aimais être en salle, le plus loin possible du comptoir et des managers... Là, je pouvais un peu plus être moi-même, développer le service client et travailler à l'évidence, et non sous les ordres. Et j'étais plus libre dans ma tête.

Petit exemple d'humiliation vécue : Devant une poubelle, une manager de 21 ans me demande : "Géraldine, sais-tu pourquoi il faut vider les poubelles ?". Je cherche une réponse subtile, me disant qu'on ne peut pas me poser une question aussi basique, donc je n'ose pas dire l'évidence : "Pour qu'elle ne déborde pas"... Donc je dis non... Et là, victorieuse devant mon ignorance, la manager me déclare fièrement : "pour qu'elle ne déborde pas". Des exemples comme cela, j'en ai à la pelle... La situation est tellement ubuesque que j'en reste coi... Je subis, je me soumets.

J'ai fini pour un temps mon poste officiel, celui de préparer les salades du déjeuner. Inoccupée, je ne vois personne au Mc Café alors que la vaisselle sale s'y accumule... Donc je vais mettre de l'ordre, je me démène... Un manager m'appelle, Géraldine, tu fais quoi là, ce n'est pas ton poste, revient derrière le comptoir. J'obéis...A peine derrière le comptoir, il réalise qu'il n'a rien à me faire faire donc me renvoie au Mc Café...

Je nettoie les vitres de l'espace jeux enfants... A court de produit vitres, je traverse le restaurant pour aller chercher un autre vaporisateur. Et là, un manager me surprend donc "sans rien faire".  "T'es sur quoi là Géraldine".... 

Bref, ce n'est pas le travail qui est archi pénible, je pense qu'il y a pire. Ce sont les conditions psychologiques, qui sont insupportables, inhumaines, intolérables et qui détruisent. Après, il ne faut pas s'étonner des difficultés de recrutement. Qui veut d'une telle pressurisation psychique dans un job où, quoiqu'il se passe, il n'y a jamais mort d'homme...

Par honnêteté, je mets un dièse à mes propos précédents.... Tout dépend évidemment des individus. Quand j'ai commencé au Mc Do, le chef de mon restaurant était un gars génial, humain, chaleureux, intelligent, confiant... Tout se passait pour le mieux. Quelques mois plus tard, il est parti... et avec lui, tout est parti à vau l'eau, les petits chefs se sont pris pour des grands chefs, et le vrai chef pour un saint, Dieu étant le propriétaire de tous les resto Mc Do des environs. Une fois, je me suis faite engueulée parce que j'avais osé parler à Dieu normalement, comme s'il était juste humain... Mais Seb et Charlotte, vous n'étiez pas comme les autres ;). C'est con, j'étais contente de pouvoir tout de même travailler malgré mes défaillances cérébrales et médicales... Mon passage au Mc Do a réduit en miette le peu de confiance professionnelle et sociale qui me restait. Depuis, je n'ai plus travaillé, je fais du bénévolat.

Tout ça pour dire que l'intérêt de ce roman se situe dans la description littéraire et dénonciatrice de la "vie" dans un fastfood. Si cela pouvait changer les choses, même d'un chouilla, ce serait déjà bien.

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Rédigé par Géraldine

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