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Publié le 14 Mars 2020

BD, album, Afrique, Congo, Gabon, colonisation, rapport de Brazza

BD - Editions Futuropolis - 144 pages - 20 €

 

Parution en juin 2018

Le sujet :  Au XXᵉ siècle naissant, alors que le bassin du Congo devient le théâtre de tensions internationales croissantes, la presse se fait l'écho de crimes commis envers les populations locales. Quelque part au nord de Bangui (actuelle Centrafrique), deux administrateurs coloniaux français assassinent un homme dans un raffinement de cruauté. Révélée le 15 février 1905, ce qui devient rapidement «l'affaire Gaud et Toqué» est un véritable choc pour l'opinion. Pour le gouvernement, l'urgence est d'en démontrer le caractère isolé. Sous la pression parlementaire, une mission d'enquête est envoyée au Congo sous la direction d'un explorateur à la réputation d'honnêteté incontestée : Pierre Savorgnan de Brazza. Après quatre mois d'enquête, et contre l'attente du gouvernement, Brazza et ses collaborateurs livrent un rapport terrible et terrifiant. Il sera aussitôt «oublié» dans un coffre-fort du ministère des colonies...

 

Tentation : Titre et pitch

Fournisseur : Bib N° 1

 

Mon humble avis : Une BD comme je les cherche : instructives, qui me révèlent des tas de choses que j'ignorais. Le rapport Brazza est indubitablement de celles-ci. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment une lecture plaisir, car elle nécessite de la concentration à plusieurs niveaux.

Les bulles sont nombreuses et très denses. Beaucoup de texte, avec une police de caractère qui m'a parfois menée à devoir déchiffrer certains mots. Les visages des personnages ne sont pas non plus évidents à démarquer, à retenir, à reconnaître. Certains se ressemblent, d'autres évoluent au cours du grand voyage de la mission Brazza au Congo et au Gabon : pilosité, maigreur etc... D'autant plus qu'entre les membres du gouvernement parisien et les administrateurs de différents grades des colonies, cela fait pas mal de monde et de noms à situer (j'ai parfois abandonné, sans que cela m'empêche de saisir l'ensemble de ma lecture). Les illustrations sont de style aquarelle, superbe pour les paysages, moins pour les personnages, qui se retrouvent avec des tâches sur le visage, dans le cou... Tâches sensées sans doute représenter les ombres mais qui me semblent bien aléatoire et me dérangent toujours.

Il n'empêche que cette BD est incontournable, puisqu'elle délivre au grand public le fameux rapport Brazza, qui date de 1905 et qui a toujours été réservé à l'oubli (ou la censure, c'est comme on veut), jusqu'à ce que récemment, des historiens s'y intéressent. Ce rapport est bien sûr accablant pour la France, quant à son comportement dans les colonies, (ici le Gabon et le Congo Brazza) face aux populations indigènes et l'utilisation des matières premières. C'est horrible, effarant et pourtant bien réel. Tortures, rafles, "esclavage" (même si celui-ci était officiellement aboli), enlèvements, séquestrations dans des conditions insalubres, exploitation, assassinats, meurtres etc... Bref, de la pure barbarie sur ceux qui sont nommés "les sauvages". Cherchez l'erreur ! Voici le "beau" C.V de la France en ces terres Africaines et occupées. L'Etat ne semblait pas au courant, puisqu'elle laissait globalement la gestion des colonies aux compagnies concessionnaires qui exploitaient terres et ressources. Cela évitait à l'Etat d'investir, puisque compagnies s'engageaient à le faire.  Durant "L'acte de Berlin", l'Etat Français s'était engagé au respect des populations locales et à des investissements visant à améliorer les conditions de vie sur place... Hors, sur place, comme nous le démontre cet album, c'est une toute autre histoire.

Le Rapport Brazza permet vraiment d'apprendre tout ce que l'on nous a caché, autant politiquement que dans notre éducation scolaire. Il permet aussi de comprendre un peu mieux comment fonctionnaient les colonies à l'époque mais aussi, et oui,  les conséquences de ceci dans l'actualité contemporaine... et quotidienne, si l'on prend le temps de s'y intéresser. Car hélas, même si tout est dorénavant "légiférer" et un peu plus surveillé par des organismes mondiaux, il est bien triste de constater que les choses n'ont pas vraiment changé.

Malgré quelques difficultés de lecture, je recommande donc chaudement cet album poignant, dont le personnage central, Pierre Savorgnan de Brazza (A qui la capitale du Congo doit son nom : Brazzaville) est très attachant et permet de se dire qu'il existe tout de même quelques hommes bons (ou moins pires car naïfs peut-être) dans cette Histoire... Et bonus habituel du genre, à la fin, un cahier réexplique et resitue le tout de façon claire et passionnante, via extraits de documents d'époque et interview d'historiens.

Plus d'infos sur le Congo et sa colonisation entre autre, c'est sur Wiki

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 23 Février 2020

BD - Editions Urban Comics -136 pages - 15.50 €

Parution en février 2016

 

L'histoire :  L'avenir professionnel de Steve n'a jamais paru aussi prometteur. On vient tout juste de lui proposer d'imaginer les nouvelles aventures du plus célèbre de tous les héros : Superman. Côté personnel, il s'apprête cependant à connaître les moments les plus douloureux de son existence : son père a disparu sans laisser de message, laissant sa mère en plein désarroi. Au même moment, il apprend qu'une maladie génétique menace sa vie mais également celle de ses futurs enfants. Dans son imaginaire, Steve dispose de pouvoirs incommensurables, capables de faire bouger les planètes, mais dans la vraie, Superman n'est qu'une créature de papier, impuissante... Vraiment ? Un symbole est-il capable de sauver la vie d'un être humain bien réel ?

 

Tentation : Le pitch

Fournisseur : Bib N°3

 

Mon humble avis : J'ai emprunté cet album à la bib car le pitch annonce qu'il y est question de "Super héros"... et je suis fan des personnages à super pouvoirs... Ici, il est question de Superman, qui n'est point mon préféré, puisque je j'apprécie beaucoup plus ceux issus de l'écurie Marvel.

Quid de cette lecture... qui fut quelque part fastidieuse, mais intéressante. Mais qui me laisse néanmoins perplexe. En général, une bande dessinée se lit d'un trait. Pour c'est un oiseau, il m'a fallu plusieurs cessions de lecture. En fait, pour résumer les choses, je dirais que pour moi, ce fut expérimental, tant dans le déroulé un peu anarchique de l'histoire, que dans la formule narrative, de quand les graphisme qui sont tout de même par moments bien particuliers.

Le personnage de Steve et toutes ses questions existentielles ne m'ont pas passionnée vraiment... D'autant que ce même à tout ceci un drame familial lié à une maladie génétique et dégénérative (la maladie d'Huntington) En fait, je trouve dommage que les auteurs aient mélangés ces deux sujets, même si évidemment, la conclusion réunit les deux dans une évidence : on est tous, à plus ou moins grande échelle, les super héros de notre vie, ou d'une vie, en fonction de ce que l'on est amené à affronter.

Mais l'aspect intéressant de cet album sont les études thématiques sur les mythes des super-héros (ici Super man), des modèles de perfection qu'ils représentent au-delà de leur super pouvoirs (justice, souvent outsider, invulnérabilité, pouvoir, perfection, courage)

Il est montré aussi que nous nous comportons souvent comme ces héros... En effet, la façon dont nous nous habillons ne s'approche-t-elle pas d'un certain costume dans notre représentation ? N'avons-nous jamais le sentiment de ne pas être de ce monde, de venir d'ailleurs tant celui-ci nous semble étranger à nous même ? N'avons-nous pas, chacun au fond de nous, une identité secrète que nous taisons au reste du monde ?

Les auteurs montrent aussi que tous ces pouvoirs cumulés pourraient devenir les pires dangers du monde... s'ils tombaient du "côté obscur de la force". Bref, cet album est donc aussi une réflexion sur toute forme de pouvoir.

Bref, une BD avec des passages franchement intéressants mais trop entremêlés dans les dérives existentielles et privées du personnage... Alors voilà, si vous aimez les albums d'aspects expérimentaux et réfléchir sur le fondement des super héros, cet album pourrait vous plaire, tout en vous laissant perplexes en même temps ! Mais je ne crois pas que "c'est un oiseau" me marquera longtemps, malgré la fascination que j'avais pour le sujet !

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 12 Janvier 2020

BD, Kurt Cobain, Nirvana, avis, chronique, blog

BD - Editions Urban Comics - 96 pages - 14.50 €

 

Parution en février 2017

Le sujet :  When I Was an Alien revient sur l'enfance de Kurt Cobain, jeune garçon d'Aberdeen féru de musique. Au calme et à la solitude de la vie en banlieue se substitue rapidement un quotidien ponctué de répètes entre amis. Peu à peu Kurt fonde Nirvana, le groupe de grunge qui a bouleversé le paysage musical à jamais. Contient : Kurt Cobain: When I Was an Alien

 

Tentation : Une coïncidence !

Fournisseur : Bib N°1

 

Mon humble avis : Il y a quelque temps, les médias annonçaient que le vrai gilet que Kurt Cobain portait lors du devenu mythique concert "Unplugged in New York" (1993), avait été vendu aux enchères, tel quel, non lavé depuis le jour J, avec les trous de cigarettes etc... pour 334 000 $ ! Et quelques jours plus tard, je tombais sur cette BD à la bib ! Allez hop, on embarque. Nirvana ! Ah que de souvenirs ! Le grunge, la désillusion, un homme à fleur de peau, le rock dans toute sa splendeur... Qui de ma génération ou d'une autre n'a jamais joué de "l'air guitare" en remuant tête et cheveux comme Kurt ? Bon, et puis le destin tragique... le suicide, le club des 27 qui s'étoffent au fil des années...

Peut-être cet album parlera bien aux archi fans du groupe Nirvana. Mais de mon côté, j'avoue ne pas avoir accroché. Les dessins déjà... Relativement brouillons et surtout des nez très étranges, avec un tracé supplémentaire et point du tout utile, mais qui se voit comme... le nez au milieu de la figure et qui a donc capté mon attention sur chaque planche, au point de m'agacer. Et rien d'autre de marquant, d'agréable ou d'assez réussi pour attirer l'attention.

Cette BD couvre une longue période de la vie de l'artiste, depuis sa petite enfance jusqu'au début du succès. Mais il m'a semblé que les événements étaient assez survolés, l'émotion (artistique ou humaine) ne m'a pas atteinte. Les auteurs ne sont pas parvenu à rendre compte des tréfonds différents de Kurt Cobain, ni de son caractère d'écorché vif, sa désespérance, sa colère. Non, rien de tout ça n'émerge un tant soit peu. La difficulté à distinguer certains protagonistes des autres m'énervait. Et surtout, j'ai eu l'impression de ne pas apprendre grand-chose de cet homme et de ce groupe dont je ne sais, à la base, presque rien.

Bref, une "rencontre" ratée pour moi, qui lisait cet album comme si c'était une esquisse, un brouillon d'un projet plus abouti. A vous de voir ! Mais cela m'a tout de même remis de la bonne musique dans la tête, alors pour le plaisir et le souvenir, je partage !

 

Et donc le fameux gilet ! Quand on dit que les achats d'occasions sont l'avenir !

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 23 Décembre 2019

BD, Les ouessantines, Couverture, Bretagne, Finistère

BD - Editions Vents d'Ouest - 128 pages - 18.25 €

 

Parution en mai 2013

L'histoire :  Qui voit Ouessant voit son sang !
Soizic, une jeune femme au caractère bien trempé, décide de changer de vie et d'ouvrir une maison d'hôtes sur l'île d'Ouessant, en Bretagne. Mais c'est bien connu : Ouessant se mérite. La vie y est rude et les locaux n'ont pas vraiment le sens de l'accueil avec les gens "du continent" excepté Marie, une vieille dame qui semble avoir pris Soizic en affection. Quelques mois après son arrivée, alors que Soizic commence à s'acclimater à sa nouvelle vie, les Ouessantins apprennent une terrible nouvelle : Marie a été retrouvée pendue ! Mentionnée dans son testament, la jeune femme va se retrouver mêlée malgré elle à des secrets troubles de l'île... 

Tentation : Sujet et distination

Fournisseur : Bib N°3

 

 

Mon humble avis : Cela fait quelques mois déjà que j'ai lu cette BD sous le soleil breton, il est donc plus que temps de la présenter.

Cet album est vraiment sympa et bien divertissant. Ce n'est pas la lecture du siècle, loin de là, mais elle offre un bon moment de détente, avec des dessins bien colorés et légèrement "naïfs", un peu à l'ancienne je dirais.

Le personnage de Soizic, qui va de l'avant et décide contre vents et marée à mener à bien l'ouverture d'une chambre d''hôtes sur Ouessant est intéressant et attachant.  Son énergie fait du bien. Rappelons qu'Ouessant est le point et l'île par la même occasion, la plus occidentale de France. C'est une île isolée, battue par les vents, très appréciée pour sa simplicité et sa nature. Mais son accès n'est pas toujours facile. Tempêtes et forts courants marins rendent la traversée depuis Brest souvent difficile et parfois aléatoire.

Les paysages ouessantins et certaines coutumes des îliens sont bien représentés et offrent une belle évasion, une sensation de voyage.

Les difficultés auxquelles font face les continentaux lorsqu'ils décident de s'installer sur une île, quelle qu'elle soit sont en fait le sujet principal de cet album : méfiance, regards en biais, peur, refus de la nouveauté et ou de l'étranger, bizutage etc... S'intégrer et être accepté sur une île relève souvent du défi.

Et puis il y a un mystère... Pourquoi la vieille ouessantine Marie, à sa mort, laisse-t-elle un message à Soizic qu'elle connait depuis si peu de temps ? Soizic va mener l'enquête et déterrer de vieux secrets de l'île. J'avoue que ce dénouement est un peu léger, j'espérais quelque chose de plus surprenant. Mais bon... Cela n'enlève rien à l'intérêt de cet album  qui pour moi se trouve ailleurs... sur l'insularité.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 27 Novembre 2019

BD, écologie, humour

BD - Editions Steinkis - 128 pages - 14 €

Parution en mars 2017

Le sujet :  Et si le premier ministre se prenait de passion pour les rainettes ? Et si écraser un hérisson par mégarde risquait de déclencher la fureur de son esprit protecteur ? Et si le monde et ses dirigeants adoptaient l'animisme des Indiens d'Amazonie ? 

 

Tentation : Couv et titre !

Fournisseur : Bib N°1

 

Mon humble avis : J'ai pris cet album à la bib juste pour son titre, me disant que sans me prendre trop la tête, il me donnerait quelques conseils pour me conduire mieux sur notre planète terre. Et je reportais la lecture de cette BD pour en lire d'autres plus "distrayantes"

Mouarffff ! Grossière erreur, ce n'est pas du tout le sujet. Car ce Petit traité d'écologie est juste hilarant et offre une lecture succulente ! Quelle surprise !

En même temps, sous les traits de l'humour, de la dérision etc, l'objectif de cette oeuvre est tout à fait sérieux, car il y est tout de même question d'écologie mais... dans un monde à l'envers.  A l'envers ou... peut-être prémonitoire allez savoir ! Disons, un monde où les valeurs se sont tout à fait inversées ! Et par ce biais-là, évidemment, l'auteur tire vraiment la sonnette d'alarme à propos du sort de la nature.

Imaginez un  monde où un ministre finit sa route à pied pour sa rencontre avec Angela et que du coup, il reporte ce rendez-vous de deux mois. Ceci, pour éviter d'écraser un autre hérisson ? Un monde où les stages étudiants se font en Russie pour aller observer les étourneaux, puisqu'il n'y en n'a plus en France... Et que le voyage en Russie coûte moins cher que celui en Patagonie pour étudier les dernières méduses. Un monde où les responsables du G20 se réunissent autour d'un feu de bois ? Un monde où les anthropologues sont des indiens Jivaros, qui viennent étudier les us et coutumes occidentales et qui s'étonnes de nos totems... qui ne sont que des présentoirs de cartes postales.

Bref, cela donne lieu à des situations bien décalées et hilarantes, même si, évidemment, on rit un peu jaune devant les absurdités du monde qui sont misent ici en image par leur total absurde opposé  et qui montre avec intelligence que notre modèle économique n'est pas viable sur le long terme.

Le tout est magnifiquement servi par de superbes peintures aquarelles, de la poésie, de l'insolence et différentes saynètes excellentes ou juste sympas. En prêchant l'extrême, je pense que l'auteur espère susciter l'intérêt et la prise de conscience, avec un début d'action, de changement de comportement individuel et international.

Quoiqu'il en soit, cet album est à lire absolument, vous passerez un délicieux moment de détente qui laissera une empreinte intelligente dans votre esprit. Et je viens de découvrir qu'un tome 2 est paru, si je "tombe" dessus je rempile avec joie !

Du même auteur sur le blog : Anent, récit de son voyage chez les indiens Jivaros

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 13 Novembre 2019

BD, la différence invisible, autisme, autisme asperger, TSA

BD - Editions Delcourt - 196 pages - 23.95 €

Parution en 2016

 

Le sujet :  Marguerite se sent décalée et lutte chaque jour pour préserver les apparences. Ses gestes sont immuables, proches de la manie. Son environnement doit être un cocon. Elle se sent agressée par le bruit et les bavardages incessants de ses collègues. Lassée de cet état, elle va partir à la rencontre d'elle-même et découvrir qu'elle est autiste Asperger. Sa vie va s'en trouver profondément modifiée.

Tentation : Le sujet

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : Encore un album indispensable, qui se penche sur ce que beaucoup considèrent à tort comme une maladie, puisque c'est un syndrome, celui de l'Autisme Asperger. "La différence" invisible est écrit et scénarisé par Julie Dachez qui est elle -même autiste asperger et qui, dans ces pages, devient le personnage de Marguerite. Voici donc une auteure qui a travers son oeuvre, évoque ce qui est souvent méconnu, voir inconnu de la plupart, et abat les idées reçues et les poncifs sur ce syndrome. Tous les aspis (comme se nomment et se reconnaissent entre elles les personnes atteintes du syndrome Asperger ne sont pas des Rain Man ou des Spencer Reed (Esprits Criminels) capables de compter d'un regard le nombre d'allumettes tombées au sol ni les cartes au casino. Le syndrome Asperger est un autisme léger, sans retard de langage ni déficience intellectuelle. Au contraire, les aspergers ont un Q.I supérieur à la moyenne, qui se situe entre 70 et 90. Mais leur manque souvent les codes sociaux et les interactions sociales leur sont difficiles.

Ici, Julie Dachez évoque encore une particularité plus rare : l'autisme Asperger féminin, qui se différencie particulièrement par une empathie plus aisée et qui est donc plus difficile à diagnostiquer. On compte environ une femme asperger pour 4 hommes. Nombre d'Asperger sont diagnostiqués très tard, parfois après la cinquantaine, ce qui leur explique enfin les difficultés d'adaptation qu'ils ont rencontrées dans leur vie et contre lesquelles ils ont dû batailler.

Cet album est très agréable à lire et vivant Ses dessins, qui nous décrivent le quotidien et Marguerite et ses difficultés (souvent incomprises) sont très parlants. La différence invisible pointe aussi du doigt l'énorme retard de la France dans la prise en charge de ce syndrome, la liste d'attente interminable dans les centre de diagnostic et l'hypocrisie des entreprises qui disent ouvrir grand leurs portes aux personnes en situation de handicap mais qui sont incapables du moindre aménagement ou de la moindre adaptation.

A la fin de l'album, une espèce de petit cahier redonne moult informations sur ce syndrome, depuis sa découverte, jusqu'aux principaux symptômes, en passant par de nombreux conseils et une bibliographie pour ceux qui voudraient approfondir le sujet.

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 24 Octobre 2019

BD - Editions Les Arènes - 144 pages - 20 €

Parution en mai 2018

Le sujet :  1er décembre 1944, camp de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. L'armée française ouvre le feu sur des centaines de tirailleurs sénégalais tout juste rentrés de quatre années de captivité. Après un travail de recherche acharné de plus de vingt ans, l'historienne Armelle Mabon a découvert qu'il s'agissait en réalité d'un véritable crime d'Etat prémédité. Ce sont plus de 300 hommes qui auraient été froidement exécutés par l'armée française. Archives maquillées, faux rapports, documents dissimulés, intimidations nous sommes face à un mensonge officiel qui perdure encore aujourd'hui.

Tentation : Le pitch

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : Avec l'habitude de l'expression "Mort pour la France", si on lit vite le titre, en "diagonale", c'est sans doute ce que l'on voit. Mais si l'on réfléchit à ce que lisent nos yeux, c'est tout autre chose.... Cette autre chose dont nous informe admirablement bien cet album.

Un graphisme agréable, un rythme qui ne faiblit pas, et des révélations qui glacent le lecteur. Car nous parlons ici d'Histoire, mais celle oubliée, cachée, reniée, enterrée par les protagonistes d'alors et encore aujourd'hui par l'Etat Français qui minimise l'affaire, malgré les informations trouvées et des archives sans doute dissimulées, voire modifiées pour que l'Histoire de France ne se retrouve pas entachée dans un scandale supplémentaire. Oui, l'Etat Français a massacré, assassiné plus de 300 tirailleurs Sénégalais, qui avaient combattu pour la France et été faits prisonniers par les Allemands au titre de soldats français durant la seconde Guerre-Mondiale... Mais autre régime de la part des Allemands... Rapatrier ses soldats noirs en France le plus rapidement possible pour qu'ils ne polluent pas le sol Allemand... Bref, nous sommes en décembre 1944, les tirailleurs sont rapatriés au Sénégal en attente de démobilisation, et surtout, de leur solde et primes... L'armée française évoquera la raison d'une mutinerie (et donc de légitime défense) pour les assassiner dans un bain de sang. La France reconnaîtra 70 morts, mais ils seraient environ 300 à avoir été enterrés dans des charniers communs, sans noms et sans deuil pour leur famille.

Nous suivons donc l'historienne Armelle Mabon dans son travail de recherche pour qu'éclate et soit reconnue la vérité... Au début de l'album, Armelle Mabon est étudiante et prépare sa thèse en lien avec le social et le colonialisme. C'est au court de ses investigations de thésarde qu'elle découvrira l'histoire des tirailleurs sénégalais de Thiaroye. Celle-ci devient une obsession pour elle, comme celle de la vérité. Armelle Mabon y a consacré plus de 17 ans de sa vie, et partout, des bâtons lui sont mis dans les roues. Aussi, elle ira enquêter dans les archives d'outre-manche qui confirmeront ses intuitions. Avec elle, nous enquêtons en Bretagne, à Paris, au Sénégal, nous rencontrons les descendants de ces hommes massacrés, le gardien d'un cimetière aux tombes sans noms...

Il n'empêche que le gouvernement Français ne change pas de position, malgré quelques excuses murmurées par Hollande il y a quelques années, sur le nombre toujours officiel des soixante-dix victimes. Combien de temps faudra-t-il pour que les centaines d'autres soient reconnues, que leur honneur leur soit rendu, qu'elles soient réhabilitées et que leurs familles puissent toucher l'argent qui leur a toujours été dû ? Nul ne sait.

Mais heureusement, il y a l'art, et notamment la BD qui permet d'amener les citoyens à connaître certaines vérités cachées et ainsi, de sortir de l'oubli ces hommes valeureux qui ont combattu pour nous en 39/45 et que la France a récompensé d'un assassinat collectif... A lire, à partager, à offrir, à évoquer. Bref, un album indispensable.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 3 Septembre 2019

Ces jours qui disparaissent, BD, éditions Glénat, avis, chronique, album

BD - Editions Glénat - 192 pages - 22.50 €

 

Parution en septembre 2017

L'histoire :  Une course poursuite contre le temps perdu...

Que feriez-vous si d'un coup vous vous aperceviez que vous ne vivez plus qu'un jour sur deux ? C'est ce qui arrive à Lubin Maréchal, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui, sans qu'il n'en ait le moindre souvenir, se réveille chaque matin alors qu'un jour entier vient de s'écouler. Il découvre alors que pendant ces absences, une autre personnalité prend possession de son corps. Un autre lui-même avec un caractère bien différent du sien, menant une vie qui n'a rien à voir. Pour organiser cette cohabitation corporelle et temporelle, Lubin se met en tête de communiquer avec son « autre », par caméra interposée. Mais petit à petit, l'alter ego prend le dessus et possède le corps de Lubin de plus en plus longtemps, ce dernier s'évaporant progressivement dans le temps... Qui sait combien de jours il lui reste à vivre avant de disparaître totalement ?

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : J'ai ADORE cet album. Tout m'a plu, sauf peut-être la fin qui m'a laissée le coeur serré, mais c'est sûrement voulu par l'auteur. Et oui, l'émotion, la belle émotion ne nuit pas à la santé !

Le sujet de l'histoire est génialement trouvé et déroulé par un maître. Univers science-fiction ou trouble de la personnalité  subi par Lubin, le personnage principal ? Allez savoir ? D'ailleurs, il me semble que chaque lecteur peut interpréter la vie de Lubin comme il le souhaite, en fonction des échos qui résonnent en lui.

Tout au long de cette BD, nous ne sommes qu'avec le vrai Lubin. Son double, nous ne le voyons et le lisons qu'à travers des vidéos et des mails échangés.

Au début, les mésaventures de Lubin, avec ce double qui lui vole son corps et sa vie amusent beaucoup et feraient presque rêver. Oh oui, un autre moi qui un jour sur deux ferait tout ce qui me répugne, comme le ménage, la paperasse etc... Le pied non ?

Mais, de un jour sur deux, les jours de vie de Lubin s'espacent de plus en plus. Un jour sur trois, par semaine, par mois etc. Là, Timothée Le Boucher nous emmène dans une autre dimension et une autre palette de sentiments. Notre empathie pour Lubin devient totale, notre inquiétude s'installe, le drame semble inéluctable, l'album ne se lâche plus et nous tient captifs ce cette histoire. Nos réflexions personnelles s'approfondissent encore... Car évidemment, le cas de Lubin peut-être un trouble de la personnalité, mais peut aussi être la métaphore de n'importe maladie grave...Et le message serait : lutter contre l'envahisseur, ne pas lui laisser la victoire sans batailler.

Puis vient la visite chez ce "psy qui guérit" qui ébranle toutes les convictions que l'on a pu se forger. L'ensemble pourrait presque se résumer à "Etre ou ne pas être"... mais pour quelle raison.

Vraiment, j'ai tout aimé dans "ces jours qui disparaissent" : le suspens, le rythme, l'histoire très humaine qui y est contée, les personnages, principaux ou secondaires, sont tous très bien croqués et attachants.

Je vous recommande vivement cette lecture émouvante autant que divertissante, et maîtrisée de A à Z. Ce roman graphique se penche sur la dualité qui est en chacun de nous et surtout incite à profiter du moment présent, à se rapprocher de l'essentiel, à vivre chaque jour comme s'il était le dernier !

 

L'avis de Noukette et de Moka

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 26 Août 2019

BD - Editions Delcourt - 112 pages - 17.95

 

Parution en mai 2018

Le sujet :  Constand Viljoen, général des armées sud-africaines pendant l'apartheid, prend la tête des milices d'extrême-droite à la veille des premières élections démocratiques du pays. Cinquante mille hommes constituent cette nouvelle armée boer en 1993. Ce sera l'un des plus grands défis que devra relever Nelson Mandela, qui, à force de patience et de charisme, réussira à éviter la guerre civile.

Tentation : Titre et sujet

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : Encore une BD passionnante, qui éclaire une partie et une époque du monde. J'ignore si ce pan de l'Histoire a eu des échos en France, ou si elle est juste tombé dans l'oubli général, et surtout du mien... Parce que d'autres Histoires mondiales se sont superposées depuis.

Mandela et le Général est une oeuvre de fiction, librement inspirée des entretiens et des enquêtes menées par John Carlin en Afrique du sud. En effet, à l'époque des faits, l'auteur était journaliste correspondant pour le journal Anglais "The independant" à Johannesburg. A ce titre, il a rencontré les deux protagonistes principaux de cette histoire, Nelson Mandela et le Général Constand Viljoen. On peut donc se dire que cet album est très proche de la vérité et de la réalité.

La libération de Mandela en 1990 est la fin d'une époque et le début d'une autre, qui n'est pas plus simple que la précédente et qui porte encore son lot de violence et de haine inter raciale.

Sur la route du pouvoir via les premières élections libres et égalitaires en Afrique du Sud en 1994, Mandela usera de toute la sagesse, l'intelligence et la diplomatie pour éviter une guerre civile sanglante et interminable. Pour cela, c'est une cachette qu'il rencontrera le leader de l'extrême droite très fasciste, Constant Viljoen. Celui-ci acceptera de combattre l'ANC uniquement par voie politique, en non par les armes. Il témoignera quelques années plus de son admiration pour Mandela "qui a montré l'exemple à l'Afrique et au monde en renonçant volontairement à la présidence au bout d'un seul mandat"

Le but de Mandela était de parvenir à une paix durable et une véritable stabilité démocratique. Pour cela, il avait compris qu'il devait devenir le président de tous les sud-africains, en prenant en compte des peurs des uns et des aspirations légitimes des autres.

C'est donc ce chemin sinueux vers la paix qui nous est conté dans cette BD, en nous offrant en alternance les deux visions : celle des noirs d'un côté et celle des blancs de l'autre.

En parallèle, je lis un gros bouquin sur l'Histoire de l'Afrique du Sud, ce qui m'a aidé à comprendre certaines nuances de cet album que je vous conseille absolument. J'en suis à 1912, justement date de la création de l'ANC.

Mon seul bémol va au graphisme, pas toujours très net et qui ne m'a pas particulièrement parlé. Par contre, certaines pages ne sont occupées que par un seul dessin, celui-ci très évocateur, qui va droit au coeur.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 18 Août 2019

BD - Editions Gallimard - 104 pages - 20 €

 

Parution en avril 2018

L'histoire :  New York, 1954. Sur le toit d'un immeuble, une jeune femme s'occupe patiemment des ruches qui l'entourent et semble attendre quelque chose. Dans l'immeuble d'en face, un caïd de la pègre reste cloîtré chez lui à l'exception d'une mystérieuse sortie hebdomadaire. Ils ne se connaissent pas, mais ils se voient. Entre eux, le vide, une voiture de flics et un parc dont l'accès est réservé à quelques privilégiés. Qu'est-ce qui pourrait lier cette ancienne danseuse de l'Opéra de Paris et cet homme insaisissable que tout le monde craint ?

Tentation : Couv et graphisme

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : L'album, en tant qu'objet, est très beau et agréable. Graphisme soigné, belles couleurs, papier si doux au toucher etc.

Pour le reste, je suis un peu moins enthousiaste bien que cette BD demeure tout à faire divertissante et plaisante. Mais de là à être captivante, je n'irai pas jusque-là, puisqu'il m'a fallu deux sessions de lectures. Donc pour une "simple" ou plutôt "classique" BD, ce n'est pas un score habituel.

Il s'agit d'un polar, qui met du temps à prendre cette forme, qui nous mène de Paris à New York entre 1945 et 1955. En 1945, Madeleine, promise à un bel avenir de danseuse à l'Opéra de Paris, quitte la France pour suivre un soldat américain. Quelques années plus tard, on la retrouve sur un toit Newyorkais avec ses abeilles comme compagnie, et des yeux souvent rivés sur les fenêtres de l'immeuble d'en face. Que s'est-il passé ? On l'apprendra au fil des pages et des aller/retour dans le temps. La toute fin est certes jolie et symbolique, mais le dénouement est entre banal et un peu téléphoner, sans trop d'explications. D'ailleurs, on se demande quel rôle sont sensés jouer les abeilles, surtout la fameuse reine sortie de la ruche.

J'aurais apprécié que le sujet soit plus développé et approfondi, car il y avait matière à apporter plus d'émotions (je pense que c'est ce qui manque vraiment dans cet album) et d'éviter les passages en peu confus ou qui m'ont semblé bâclés alors qu'ils auraient vraiment pu apporter de la profondeur  et de la chaleur aux personnages qui sont capable d'en émettre.

Bon, en même temps, ça se lit bien, et comme c'est une BD, c'est vite lu.  Mais je suis restée sur ma faim. Vengeance ou consolation, consolation ou vengeance, vengeance par la consolation ou consolation par la vengeance, voilà le thème de cette histoire.

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Rédigé par Géraldine

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